Il devient un être sans idéal, sans projet. Si vous lui demandez, c'est quoi son rêve ? il vous répondra que c'est d'avoir une voiture et non de la construire, c'est d'avoir une maison et non de la bâtir, c'est de vivre dans une belle ville comme New-York ou Londres et non de construire son propre village, sa petite agglomération portant son nom. Il ira dans sa ville de rêve : Paris, New-York, Londres, Berlin passer toute la partie la plus importante de sa vie, la partie active d'où il se croira un génie de tous les sujets regardant l'Afrique où il a laissé toutes ses possibilités de s'affirmer comme être humain, pour aller être l'ombre de lui-même au service d'un patron blanc. Et le pire dans tout cela c'est qu'il n'aura même pas l'intelligence de comprendre qu'il a tout vu faux dans sa vie, il a tout fait faux, par un tel choix d'expatriation, de désertion du théâtre des vrais enjeux pour une vie comblée. Non content, et toujours frustré et dans l'incapacité de faire le moindre méa-culpa, la plus petite auto-critique, il traduira sa déchéance en se montrant arrogant et insultant contre ceux restés au pays pour réaliser leurs propres rêves de vivre en vrais protagonistes sur la terre de leurs ancêtres. Il va leur expliquer qu'ils vivent mal, qu'ils doivent exiger la démocratie, la bonne gouvernance, que ce n'est pas normal qu'on vive sans électricité, que ce n'est pas normal qu'on paye l'hôpital, oubliant de fait que chaque mois, on coupe à la source, la moitié de son salaire, pour financer tous ces services qu'il croit par erreur, gratuits.
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