L'école CEBEC Mouang Mbo était une école évangélique. Habituellement, nous commencions chaque matin avec 30 minutes de catéchisme qu'on terminait avec une prière pour remercier Dieu de nous avoir tenus en vie un jour de plus.  Mais ce matin là, pas de catéchisme, pas de prière. Après avoir fini de parler avec son collègue du CP2, la maitresse est revenue dans la classe et nous a de nouveau regardés, toujours en silence. Et puis, elle nous a annoncé : notre camarade Yves venait de mourir. Il était le plus grand et apparemment le plus fort de la classe. Il venait de succomber à quelques jours de paludisme, de malaria.  A des enfants de 8-9 ans, la maitresse était en train de nous expliquer que tout ce que Dieu fait est bien et que Dieu a voulu l'appeler auprès de lui. Elle n'avait pas fini de dire ces mots qu'elle a éclaté en sanglots. Et nous tous avec elle, nous nous sommes mis à pleurer. Je n'ai jamais vu de toute ma vie, autant d'enfants pleurer tous ensemble. Nous pleurions pour notre camarade décédé, mais surtout, nous pleurions aussi notre impuissance à raisonner un Dieu pour qui c'était une bonne chose tuer un de nos camarades. Et la peur au ventre de nous demander à qui le tour la fois suivante. 
Cet article a été archivé. Obtenir un flash de lecture / Lire a l'aide d'un code flash / je suis abonné