Aujourd’hui, le mot utopie signifie un idéal difficile à atteindre. Ce mot dérive donc, de ce livre de Thomas More : « L’utopie », c'est le nom que More donne à ce pays imaginaire où vit un peuple heureux, parce que gouverné par des dirigeants vertueux. Dans ce pays qui n’existe nulle part, s’est construite une république idéale, sans commerce ni argent, parce que les « Utopiens » n’en n’ont pas besoin parce qu’il n’existe aucun bien au nom de quelqu’un. Tout le monde travaille et le fruit est utilisé pour satisfaire les besoins de toute la population. Il n’y a pas de luxe, ni de superflu. Les politiciens sont au service du peuple et non au service de leurs familles. Toute l’administration est au service du bien-être collectif. Car ce qui compte est le plein épanouissement de l’être humain mis au cœur de l’action politique. More est un contemporain de Machiavel, son livre « Utopia » est publié à peine 3 ans après « Le Prince » de Machiavel (1513). Ces deux penseurs politiques vont connaître la même fin tragique à cause de leurs idées révolutionnaires. Machiavel sera torturé et exilé par ce pouvoir qu’il croyait servir dès lors qu’il voit les choses différemment de ce que le système attendait de lui. De même, More sera décapité par ce roi qui l’avait nommé au plus grand poste du royaume : "Grand Chancelier", faisant de lui, le premier non croyant à accéder si haut dans l’organisation étatique. En 1533, le Parlement vote une loi pour introniser le roi Henri VIII chef suprême de l’Eglise Anglaise. More critique ce mélange de genre entre le religieux et l’état. Normalement, le religieux s’occupe de Dieu, met au centre de ses priorités et de ses activités Dieu, alors que l’Etat doit s’occuper des êtres humains, l’état doit mettre au centre de ses préoccupations, la recherche des solutions pour les problèmes des êtres humains et la poursuite de l’objectif de leur bonheur. Mélanger l’exécutif avec la religion, est la preuve que l’être humain ne sera plus mis au centre de l’action politique, mais du mensonge religieux. D’où l’absurdité d’appeler une république : chrétienne, islamique ou juive. Le Grand Chancelier More, en accord avec sa conscience, refuse de reconnaître la suprématie spirituelle du roi. Il démission. Accusé de Haute Trahison pour ce geste courageux, il sera emprisonné dans la Tour de Londres et décapité le 6 Juin 1535. Pour bien comprendre la haute valeur intellectuelle de l’objection de More, du manque d’éthique dans le fait de mélanger le religieux avec la politique, nous pouvons examiner des situations dans l’actualité. Lorsqu’en 1860, en pleine guerre civile, les gouvernants des Etats Unis d’Amérique vont faire imprimer sur toutes les coupures de monnaies : « In GOD We Trust », il s’agit d’un message subliminale en direction du sud rebelle, mais profondément croyant que Dieu était avec le gouvernement central de Washington, contre lequel ils se battaient pour demander la sécession. C’est la même chose, lorsqu’un Président Américain finit un discours avec la phrase « God Blesses America » il est en train de signifier qu’il est le politicien dont l’action est guidée par Dieu lui-même. En d’autres termes, que ses décisions sont infaillibles, exactement comme c‘était le cas pour les monarques au Moyen-Age. C’est contre ce retour au Moyen-Age religieux que More décide de ne pas servir un Etat qui fait cette régression.
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