« Santo subito » est une expression italienne qui veut dire « Canonisez-le tout de suite ! ». Elle est utilisée par les catholiques qui demandent la canonisation rapide d'une personne après sa mort, pour en faire un Saint, au lieu d’attendre le temps normal d’une centaine ou de plusieurs centaines d’années. Après la canonisation, qui arrive après un miracle attribué au défunt, la proclamation de la sainteté ne peut cependant intervenir qu'après un nouveau procès qui nécessite l'accomplissement d'un nouveau miracle. Ce qui demande quelques siècles. Et c’est ne pas attendre ces siècles, pour voir la sainteté de quelqu’un, surtout d’un Pape célèbre, comme Jean Paul II, que les fidèles revendiquent : « Santo Subito », Saint Maintenant ! C’est l’attitude que je vois monter dans les médias occidentaux, depuis la mort de l’activiste et extrémiste russe Navalny dans l’indifférence générale du sort de Assange, malgré les risques de suicide, pour un journaliste qui n’a fait que son devoir de journaliste croyant à la liberté d’expression chantre de la démocratie occidentale. Assange n’intéresse personne, parce qu’il est poursuivi par le bon pays, la bonne justice, les Etats-Unis. Navalny sera bientôt sacré saint, parce qu’il était emprisonné par la mauvaise justice, le mauvais pays, la Russie. « Julian mourra s’il est extradé », a prévenu il y a un heure,  Stella Assange, l’épouse du fondateur de WikiLeaks, tel que rapporté par l’AFP. Je croyais qu’on ne meurt en prison qu’en Russie. Et donc, s’il meurt en prison aux Etats-Unis, ce sera l’empoissonnement fait par Joe Biden ? On dira que Joe Biden tue ses opposants ? Vous me direz que Assange n’est pas un opposant à Biden, je répondrai de même pour Navalny, qui n’a jamais été l’opposant de Poutine, puisque sa candidature a été recalée, parce qu’il a été condamné au pénal, pour une histoire qui n’a aucun lien avec la politique. Et s’il était un opposant à Poutine parce qu’il diffusait des informations contre l’administration russe ou contre Poutine lui-même, c’est alors la même chose qu’a faite Assange en diffusant les documents authentiques et non des rumeurs comme Navalny, sur les dessous de l’administration des Etats-Unis. Cela n’empêche pas que d’Italie à l’Allemagne, en passant par la France, le Royaume Uni, le Canada et les Etats-Unis, en écoutant les prêches des différents intervenants sur les plateaux de télévision, on peut dire sans se tromper, non pas qu’ils sont très actifs pour défendre leur collègue Assange, mais que tous sont en train de canoniser Navalny, bien entendu pour en faire un saint. Et comme il faut des siècles pour devenir saint, il y a des exceptions : si on est un martyr, alors, Santo Subito !
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