En introduction du livre, Youssef Girard écrit : « Les intellectuels doivent être étudiés en fonction des rapports de domination fondamentaux et des forces productives. Dans la société coloniale et post-coloniale un des rapports de domination axiale, pour ne pas dire le rapport de domination axiale, est celui qui permet la domination du colonisateur sur le colonisé et du post-colonisateur sur le post-colonisé ; et au-delà la domination de la civilisation occidentale sur les autres civilisations. » « Selon Antonio Gramsci, les intellectuels sont les fonctionnaires des superstructures politiques, culturelles et sociales. Par leur action ils permettraient à la société politique d’assurer « légalement » et « loyalement » la discipline des groupes subalternes ; dans notre cas les colonisés ou les post-colonisés. Dans cette perspective, ils aident à l’organisation de la société civile, par la production du « consensus » de la majorité aux formes de vie, aux modes de comportement, de pensée et aux pratiques institutionnelles imposées par le groupe dominant, pour nous les colonisateurs, comme autant de forme de direction. L’intellectuel a donc une fonction éminemment politique et idéologico-culturelle. » « L’intellectuel peut aussi avoir un rôle « subversif » en décidant de devenir un intellectuel organique d’une fraction dominée de la société. Il devient dès lors un grain de sable dans l’hégémonie construite par le bloc historique dominant. Dans cette perspective, les intellectuels participeront à la production d’un nouveau bloc historique par la mise en crise, sur le plan politique et idéologico-culturel, du rapport de domination entre dominant et dominé ; entre colonisateur et colonisé. La production de ce nouveau bloc historique passe par le refus des colonisés puis des post-colonisés, et notamment des « intellectuels » parmi ceux-ci, de l’acceptation passive leur de subalternité ».
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