Comment peut-on enseigner à un enfant la réalité de la colonisation, l’horreur qu’ont vécu ses ancêtres et le sacrifice qu’ils ont dû engager pour s’en défaire, pour ensuite les faire écrire et parler en français, les faire chanter un hymne écrit par des colons quand ses ancêtres étaient encore esclaves, pour qu’ils se sentent patriotiques envers un pays dont le nom même est une insulte au peuple à qui il appartient ? Comment expliquer à un enfant que les colons ont, par la violence et l’humiliation, imposé leur religion dans son pays afin d’accélérer la propagation de leur idéologie destructrice, pour qu’ensuite il se retrouve à prier avant de commencer ses cours et à étudier les vers de la bible ou du coran dans une matière qui leur est dédiée ? Les enfants, même si implicitement, sont capables de saisir les contradictions d’un enseignement aussi brouillon et insouciant. Pour parler simplement, il n’y aura pas de ligne directrice, de « grand message » qu’on leur aura chargé de retenir : ils passeront le système scolaire comme on passerait dans un moulin. Dans ce cas, quel est le rôle que le système éducatif en Afrique doit incarner ? Le système éducatif africain, contrairement au système canadien, britannique ou français, ne peut pas se contenter de servir comme puits de connaissances générales aux enfants.
Cet article a été archivé. Obtenir un flash de lecture / Lire a l'aide d'un code flash / je suis abonné