"Colonisation européenne ou colonisation indigène, il faudra bientôt choisir" disait Labouret en 1936. A l’époque, il parlait de la colonisation indigène pour choisir les « bons indigènes » chrétiens et corvéables, pour empêcher les « mauvais indigènes », d’accéder au pouvoir, exactement comme dans le cas du Liberia au 19ème siècle. C’est encore de ces « bons indigènes » dont parle l’Ambassadeur le 6 juillet 2023, à faire le retour vers les Etats-Unis, afin d’aller se ressourcer de cette civilisation des éclairés dont parlait Tocqueville, pour venir essayer de l’utiliser comme levier de puissance pour tenir en esclavage les autres « indigènes » du Cameroun qui vont refuser en chœur et avec joie, de commémorer leur propre date d’indépendance du 1er janvier 1960 pour se contenter d’une date fictive ne signifiant rien à personne. Quoiqu’il en soit. J’ai comme l’impression que nous assistons à un film tourné en retard, dans un monde en changement radical où la Chine et la Russie ont imposé une autre cadence et le genre de musique devant rythmer désormais nos pas. Qu’on ait fait le pèlerinage de soumission à New York, à Washington, à Londres, ou à Paris. On voit aujourd’hui partout en Afrique deux mondes qui s’opposent, se côtoient sans se comprendre : d’un côté, les peuples qui refusent l’ancien monde qui était basé sur la perpétuation du colonialisme, c’est-à-dire une idéologie basée sur la hiérarchisation des races et la négation des droits des individus. Et de l’autre côté, leurs dirigeants, les nouveaux Jean-Pierre Boyer, encore prisonniers de ce monde colonial qui les a vu naitre, qui les a vu grandir et les a façonnés pour faire d’eux des êtres soumis, très contents des miettes et fiers de meubler la périphérie du système tout en affamant leurs propres peuples corvéables à volonté pour survivre.
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