L’article 251 du code pénal camerounais punit de 2 à 10 ans de prison et d'une amende de 5 000 a 100 000 FCFA "la pratique de la sorcellerie, magie ou divination susceptible de porter atteinte à la tranquillité publique ou de porter atteinte aux personnes". Et ce tarif peut atteindre des montants astronomiques s’il est question d’homicide. Il est pourtant scientifiquement prouvé que la sorcellerie n’existe pas et qu’aucun être humain ne peut faire de mal à un autre d’une manière occulte, autrement, les armes à feu et les armes blanches ne rencontreraient pas le succès qu’elles ont dans les homicides du monde entier. Durant le colloque que l'Université de Bangui organise les 1er et 2 août 2008 sur le thème « Sorcellerie et Justice en République Centrafricaine », dans sa contribution intitulée "La sorcellerie au tribunal", l'anthropologue Martinelli Bruno de l'Université Aix-Marseille dit : "La « recrudescence de la sorcellerie » en Afrique comme thème d’explication des malheurs du temps présent, et particulièrement des temps modernes, est récurrent depuis l'époque coloniale. C’est une grille de lecture et d’interprétation des crises sociales de la modernité sur tous les plans de clivages sociaux : rapports d’âge et de génération, rapports de genres, rapports de production et d’appropriation des ressources, rapports d’autorité et de pouvoir [...] Le processus de stigmatisation de la sorcellerie a été amorcé par la diabolisation des croyances et pratiques magico-religieuses traditionnelles africaines par les églises missionnaires, démarche qui rééditait sans le savoir l'histoire européenne de la diabolisation des pratiques sorcières du monde paysan du XVème au XVIIème siècle.
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