Durant la première phase de cette étude, j’avais omis une information à première vue anodine mais qui va s’avérer capitale par la suite. Et c’est que ces cartes postales de Alain Denis n’étaient pas destinées au public camerounais, mais à des touristes français ou européens de passage au Cameroun. Puisque les camerounais n’étaient pas familiers à la tradition des cartes postales. Voilà, j’étais parti avec la rage de prendre ma part du gâteau d’un français qui sur le sol camerounais se faisait du blé sur notre dos. Et je découvre que son blé, il le faisait sur les français. Et donc, j’avais vu tout faux. Quoi faire donc ? Je n’étais pas psychologiquement préparé à aller l’attaquer sur son territoire. Et donc, je devais me rabattre sur la clientèle des camerounais c’est-à-dire en leur donnant l’envie d’aimer les cartes postales. Plutôt que de mettre les tambours, des masques, des femmes avec des enfants au dos pillant dans un mortier ou les gens avec des habits folkloriques, je devais innover. Pour y parvenir avec succès, j’avais choisi de mettre les photos des villes camerounaises. Et pourquoi pas des vues aériennes, comme on nous avait enseigné aux cours de photographie ? Super ! Mais je n’avais pas d’argent pour louer un hélicoptère pour réaliser des vues aériennes de Douala. Et à force d’y réfléchir, j’ai trouvé une parade : monter sur le toit des immeubles les plus hauts. J’avais étudié la position de tous les grands immeubles du quartier administratif de Bonanjo à Douala et à la fin j’avais découvert que le plus haut était situé sur une corniche de laquelle il était possible de reprendre la ville de Douala d’en haut. Cet immeuble s’appelait « Immeuble ONCPB », c’est-à-dire, l’immeuble qui abritait l’organisme qui commercialisait les produits dits de base du Cameroun, comme le café, le cacao, le coton, en d’autres termes, la caisse des agriculteurs.
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