Sputnik : Vous êtes par ailleurs un partisan du renforcement des relations entre les pays africains avec la Chine et la Russie, en mettant l'accent sur les domaines prioritaires à développer avec les deux nations. Quels sont ces domaines et pourquoi ce soutien à l'axe Afrique-Chine-Russie? Jean-Paul Pougala: Il existe plusieurs points fondamentaux qui poussent vers la coopération entre l'Afrique et le duo Russie-Chine. La plus importante est la nécessité de couper le cordon ombilical de la « relation incestueuse » entre la victime et son bourreau que l'Afrique entretient avec l'Europe. L'Afrique n'a jamais choisi d'entretenir une quelconque relation avec l'Occident. Il s'agit avant tout d'un viol. Et comme tout viol, quel que soit le bébé qui en nait ne peut pas être érigé en modèle. Il laisse des cicatrices peut-être invisibles, mais indélébiles pour la victime que ni le temps, ni l'espace, encore moins de nombreuses opportunités positives ne peuvent effacer. L'Afrique est cette victime qui est à la recherche d'un compagnon de route compréhensible qui lui permettrait d'atténuer les souffrances de l'humiliation continue, subie depuis trop longtemps déjà. On ne peut pas y parvenir sans passer par une effective rupture idéologique avec ceux qui continuent de nous tenir en esclavage. L'Afrique a pour la première fois de son histoire moderne la possibilité de choisir ses partenaires. A cause de cette relation incestueuse entre l'Afrique et l'Europe, citée plus haut, les Africains n'ont pas la capacité de prendre des initiatives audacieuses hors de la sphère sous le contrôle de l'Occident. C'est ce que la Chine a compris et agit en conséquence.
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