Mon frère me disait que le plus difficile à Douala était de devenir un jour propriétaire. Son rêve à lui n'était pas d'aller à Paris, mais plus terre à terre, acheter le terrain à Douala et construire. Et que s'il ne continuait pas à vivre en pauvre afin d'économiser au maximum, tout en gagnant en même temps, l'argent de ceux qui jouaient aux riches, jamais il n'y parviendrait.  Akwa, à mes yeux était un quartier extrêmement riche où la lumière du grand et long Boulevard de la République m'éblouissait. Admirer tout ce fast, pour un villageois comme moi qui voyait pour la première fois ce qu'était une ville était si plaisant que j'oubliais presque les conditions précaire dans lesquelles je vivais à cet endroit du trottoir avec mon frère.  Il cousait les vêtements pour les hommes et les femmes du quartier, habités presqu'exclusivement par les autochtones de l'ethnie Sawa. Je les trouvais très élégants et donc, forcément plus riches, ne serait-ce que pour le seul fait qu'ils habitaient tous une vraie maison et nous un campement abusif sur un trottoir.  Et tous sans exception, ne parlaient que de Paris. Le quartier ne tournait qu'au rythme des va et vient entre Douala et la capitale française. Et les commentaires qui s'en suivaient surtout dans notre minuscule atelier de couture. Tout ce que mon frère leur demandait à chaque fois était de lui ramener de leurs voyages à Paris, les revues de mode. Et c'est ce qu'ils faisaient volontiers, puisqu'ils demandaient ensuite à mon frère de reproduire une robe ou une chemise qui figurait dans l'un de ces magazines. 
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