Le thermomètre que j'utilise pour savoir si je remplis ma mission est le nombre de personnes qui m'écrivent pour m'insulter ou pour les plus gentils, me dire que j'ai touché un domaine qui n'est pas le mien et que je ferais mieux de ne plus en parler. Plus il y a de monde qui me contacte pour me dire de ne plus parler d'un sujet et plus je suis encouragé à le faire, parce que c'est la preuve que je viens de toucher un point sensible. D'autres, à court d'arguments pour me contrer, m'accusent d'être espion de la Chine, oubliant de fait que la première règle d'un espion est de se faire discret, tout le contraire de ce que je fais et surtout, qu'un vrai espion de la Chine est plutôt formé pour mal parler de la Chine, afin de mieux s'infiltrer dans les milieux hostiles à la Chine par où recueillir les informations utiles. Mais mêmes ces accusations sont très positives pour moi, parce qu'elles participent aux éléments qui me servent de thermomètre pour savoir sur quels sujets je vais insister ou revenir souvent. C'est la même logique que j'ai utilisée au sujet de l'Egypte antique, mais aussi de Jésus. Au début, j'ai parlé de la même manière contre l'islam et le christianisme en Afrique et les réactions des chrétiens ont été plus nombreuses contre moi et je suis donc revenu plus souvent sur le christianisme que sur l'islam.  Ceux qui prétendent que je dois d'abord être diplômé en théologie avant de dire que Dieu n'existe pas n'ont pas compris que la signature de mes textes en "vendeur d'arachides" ou "pousseur", n'est pas un simple folklore pour amuser la gallérie, mais un geste militant et assumé d'un pied-de-nez au système. C'est un message pour envoyer balader tous ceux qui prétendent de moi qu'avant de parler, je dois suivre les règles du formatage d'une société biaisée, et occuper la boîte que le système dominant a prévu pour moi et qui au final, ne m'aurait laissé aucune liberté de dire ce que je veux si je m'y étais conformé. Plus on me dit de me taire, et davantage je reçois le signal qu'il faut que je parle. Lorsqu’on me dit que Mugabe est un diable, c'est la preuve qu'il est en train de faire du bon travail. Et plus on me dit que Mandela est un saint et plus je doute de lui. Et c'est cet esprit qui me pousse à écrire ce deuxième texte sur Mandela, encouragé par tous ceux qui m'ont écrit pour m'insulter, mais aussi par ceux qui m'ont interpellé pour me dire que je m'étais trompé sur la personne de Mandela ou qu'il fallait que je fasse un voyage en Afrique du Sud pour me rendre compte que je me trompais ou encore que je semais la haine parce que toute la population africaine en Afrique du Sud avait accepté de tourner la page de l'apartheid, sans indemnisation, sans le partage de ses ressources volées depuis des siècles.  Dans les lignes qui suivent, nous allons voir en détail ce qu'a fait l'homme Mandela pour me convaincre que le camp des oppresseurs qu'il a choisi, contre son propre peuple ne peut pas faire de lui mon héros.  Je ne comprends pas qu'on puisse en même temps aimer Mugabe et Mandela, puisque ces deux personnages sont dans des camps opposés dans la bataille qui nous attend. L'un rappelle qu'il existe un chez nous, en Afrique et le second lui réplique que le chez nous est en fait chez tout le monde. Il faut choisir : ou on est pour "ici c'est chez nous et même si nous sommes pauvres, nous le sommes dans la liberté" ou on est pour "le chez nous c'est chez tout le monde et même si nous sommes esclaves chez nous, ce n'est pas grave, le maître venu d'ailleurs est quand même gentil". Il n'existe pas une position intermédiaire. De la même manière qu'on ne peut pas être pour la Chine et pour les USA, parce que ce sont deux modèles opposés de distribution de richesse, de la même manière, on ne peut pas être pour Laurent Gbagbo et pour Nelson Mandela en même temps. Les deux présidents ont eu une chose en commun : à leur égard, l'unanimité des sentiments de l'Occident, mais l'un de haine et l'autre d'amour presqu'incestueux, pour les choix opposés de désir d'affranchissement de l'un et de soumission et d'allégeance totale au maître pour l'autre.
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