Sont-ils vraiment heureux, ces africains qui ont fui leur continent pour aller en Occident se contenter à vie, d'un minable poste de salarié fussent-ils dans une prestigieuse boîte ?
Il y a 32 ans je recevais mon diplôme post universitaire en « stratégies industrielles » des mains de Franco Nobili (aujourd'hui décédé), PDG du groupe IRI, le plus grand groupe industriel en Europe.
(Extrait du livre autobiographique "In Fuga dalle Tenebre" de Jean-Paul Pougala )
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Nous sommes en 1992, j’avais un urgent besoin d’entrer au cœur du système productif italien. Je venais de finir mes études universitaires en économie, mais j’avais l’impression de n’avoir rien appris pour mon pays le Cameroun.
J’avais récité ce que mes professeurs italiens voulaient entendre : les théories économiques de Smith, Ricardo etc. J’avais pendant 3 ans fait une thèse sur le sujet que mon auditoire italien voulait entendre, en utilisant les mots qui lui plaisaient.
Mais étais-je venu en Italie pour faire de la figuration académique ? La réponse était non. Avant de retourner dans mon pays, j’avais besoin de toucher du doigt le cœur névralgique du pouvoir industriel italien, convaincu qu’un africain hors d’Afrique devait avant toute chose se sentir en mission, pour voir, écouter, capter, tricher, copier, espionner pour faire profiter son propre pays.
Et ma cible fut très vite trouvée : l’IRI.
Le Groupe IRI (Istituto per la Ricostruzione Industriale) crée après la grave crise économique de 1929, par Mussolini en 1933 a été à l'origine de ce qu'on a appelé après la deuxième guerre mondiale, "le miracle industriel italien".
Avec un chiffre d'affaire de 76 milliards de dollars, lorsque j'y suis passé en 1992, l'IRI était alors le plus grand groupe industriel du monde en dehors des USA, avec 500.000 employés et contrôlant 1100 entreprises dans tous les secteurs clé de l'économie, de la fabrication des satellites aux bateaux de guerre en passant par les hélicoptères de combat, mais aussi l'univers pharmaceutique, financier et la production des logiciels.
Grâce aux multiples relations personnelles, comme Carlo Ernesto Meriano, (aujourd'hui décédé) mon mentor qui y était le Directeur Général, j’avais réussi à tisser dans le groupe dirigeant politique italien, pendant un an, avec une trentaine d’autres jeunes économistes à peine sortis de l’Université, j'ai pu suivre une formation en « stratégies industrielles » de septembre 1991 à Juin 1992 dans 20 entreprises du groupe public IRI dont 14 industries.
Pendant un an, j'ai ainsi pu être formé aux stratégies industrielles des prestigieuses sociétés italiennes de l'époque comme :
ENI (Agip : exploitation pétrolière et gazière),
ENEL (production d'électricité)
STET (SIP, Telecom-Italia, télécommunication)
SME (Algida,Buitoni, industries agroalimentaires)
Autostrade (construction et gestion d'autoroutes)
FINCANTIERE (construction de bateaux)
FINMECANICA (fabrication de moteurs et turbines)
ALITALIA (transport aérien)
FINMARE (transport maritime)
ITALSTAT (construction des grandes infrastructures publiques)
FINTECNA (contrôlant 200 entreprises de construction et d'ingénierie civile, mais aussi de production de ciments, de carreaux, de marbres)
MONTEDISON (la Edison spa, créée à Milan en 1884 est la plus vieille entreprise de production électrique en Europe.
Avec ses 21 centrales hydroélectriques en Italie, au moment de mon passage, la Montedison est aussi dans la chimie avec de nombreuses industries pharmaceutiques, mais aussi dans la production du sucre avec Eridania Begin Say)
BANCA COMMERCIALE ITALIANA
Cette formation a été le plus grand cadeau que je crois avoir reçu des italiens, car cela m’a radicalement transformé. Et m’a permis de voir l’économie sous un angle complètement différent et utile, sous l’angle de la création de richesses et non plus seulement des théories académiques bien apprises.
A remettre le Diplôme, en cette fin du mois de juin 1992, c'est le PDG de l'IRI en personne, un certain Franco Nobili, avec qui j'avais lié une amitié, le hasard ayant voulu qu'il soit très affectionné au Cameroun où il avait construit une villa personnelle, lorsqu’il était le directeur de COGEFAR, pour la construction du chemin de fer de Yaoundé à N’Gaoundéré dit Transcamerounais.
Avant lui, à la tête de l’IRI, en 1982 et après lui en 1994 arrivera un certain Romano Prodi, qui bâtira tout son succès politique jusqu'à devenir Président du Conseil des Ministres, sur son bilan à la tête de ce prestigieux groupe.
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