Vendredi le 06/11/2020
TRANSMISSION GENERATIONNELLE : VISITE DU COLLECTIF RINVINDAF-BAFOUSSAM
de Jean-Paul Pougala
Il y a déjà un mois lorsque le 4 Octobre 2020, pour la première fois depuis que le Rinvindaf existe, un collectif composé de 20 diplômés de la Pougala Academy m'invite pour me faire voir ce qu'ils sont devenus après leur Baptême de feu dans notre Mecque de Bafang (depuis 2017).
C'était une journée inoubliable. J'en étais tellement ému.
Lorsque j'avais pris la décision d'intéresser la jeunesse africaine au secteur traditionnel de création de richesses qu'est l'industrie, beaucoup m'ont pris pour un fou et m'ont dit que ça ne marcherait jamais. Mais j'étais qu'on ne pouvait attendre de la jeunesse africaine que la récolte des semences qu'on aurait semé à l'avance.
Et comme on n'avait rien semé pour préparer cette jeunesse africaine à n'attendre l'aide de personne, ni de l'Etat, ni des Banqus, pour faire face à la deferlente des produits de la concurrence internationale sur l'Afrique, on ne pouvait pas en attendre grand chose.
Il fallait repartir de l'histoire de la colonisation et faire comprendre à ces jeunes que nous étions en Afrique, des colonies d'exploitation (et non de résidence comme le Canada, l'Afrique du Sud ou l'Australie). Et que pour cela, un jeune devait avant tout tourner le dos à la colonisation dans son choix d'implantation géostratégique.
Ce n'était pas déjà facile de faire comprendre à des jeunes formatés pour dénigrer leurs villages au profit des villes coloniales, qu'ils pouvaient construire leurs empires industriels depuis leurs villages, sans e avoir rien à envier à celui qui a fait le choix de le faire à Douala, par mimétisme, sans comprendre qu'il était plus difficile pour un jeune industriel camerounais de réussir à Douala ou Yaoundé qu'à Yagoua, Batouri ou Sangmelima.
Et ces 20 jeunes m'ont invité dans une journée spéciale de ce 4 Octobre 2020, pour faire le tour des villages autour de Bafoussam : Bayangam, Baham, Bamougoum, Baleng, Koutaba, Bansoa, Bamendjou etc. pour visiter les usines dont pour la plupart, le Cameroun se dotait pour la première fois de son histoire moderne.
Des usines pour fabriquer la peinture, à celle pour fabriquer les rames de papier, en passant par les adhésifs et les équipements ménagers, j'ai eu la chance avant de mourir de voir ce que le Rinvindaf avait été capable d'influer dans la jeunesse camerounaise pour faire des citoyens protagonistes de leur futur et surtout, capable de ne plus se présenter dans le concert des Nations le chapeau à la main.
Quand on sème un cocotier, ou un Kolatier, ce n'est pas pour en manger soit-même le fruit. Ce n'est même pas pour en voir un jour le fruit tomber de l'arbre. On se contente de le planter, convaincu que même si ça ne donnera pas les fruits, cela créera de l'ombre pour se protéger du soleil ou de la pluie.
J'avais essuyé les insultes et les moqueries, parce que j'étais souvent le seul à croire qu'on pouvait encore tirer l'Afrique des décombres de 5 siècles de l'esclavage et de colonisation en changeant non pas les dirigeants interchangeable que le système prédateur avait formaté pour nous, mais en agissant sur le logiciel même qui a consisté à déformer l'éducation et a fait de l'instruction, le lieu de préparation des futurs esclaves et fiers de le devenir.
Beaucoup m'accusaient de ne pas commenter la politique dans mon pays. Mais j'étais convaincu que cela n'était pas nécessaire, tant que c'est le logiciel contenant le système opératif qui était porteur d'un virus, celui de la soumission.
Il fallait donc mettre l'urgence sur la déprogrammation des cerveaux, surtout par rapport aux fausses informations que le système avait mis dans la tête de ces jeunes pour les décourager et leur faire croire que tout était trop compliqué pour eux. Et par conséquent, qu'il ne servait à rie de tenter autre chose hors su sentier tracé d'avance pour eux.
A lo rs q u' il suffisait de se poser les bonnes questions pour avancer dans le sens de l'évolution naturelle de l'humanité et à savoir : cela avait-il un sens que Bafoussam utilise dans ses toilettes du papier hygiénique importé de France ou de Chine ? Cela avait-il un sens que toutes les constructions de Bafoussam soient décorées avec de la peinture qui avait parcouru des milliers de kilomètres en mer pour arriver jusque dans un village perdu dans l'ouest du Cameroun ?
Je me souviens encore les témoignages de ces jeunes durant les séminaires de Bafang, lorsque les familiers les traitaient de fous qui allaient suivre un autre fou devenu escroc.
Lorsqu'on vit dans des enclos coloniaux, il vaut mieux être un fou, pour échapper au formatage du bourreau-prédateur. Oui, parce que j'ai constaté que ce que les gens qui viennent jusqu'à Bafang ont en commun, c'est que ce sont tous des fous d'un nouveau genre, qui sont déclarés fous parce qu'ils refusent la soumission. Ils sont déclarés fous par les esclaves normaux, parce qu'ils n'acceptent pas qu'on leur vole leur humanité, parce qu'ils refusent de tendre l'autre joue, mettant au coeur de la recherche du bonheur, non pas l'accumulation du matériel, mais leur liberté.
Ces fous d'un genre nouveau savent tous qu'avec un peu d'argent, on peut acheter beaucoup de pacotilles, mais que sans liberté, on ne va nulle part.
J'ai compris ce 4 Octobre 2020 que j'avais mis des ailes sur des êtres dont le système colonial avait mutilé les parents et les grands-parents et ils ne leur restait plus qu'à voler, qu'à planer pour prendre le large et s'éloigner des décombres de l'humiliation et de la servitude.
Merci à tous les membres du collectif Rinvindaf Bafoussam.
j'ai pris un mois pour vous écrire ces mots de remerciement pour une journée historique, parce que j'avais besoin de digérer le choc émotionnel de tant de bonheur de vous voir réussir.
J'avais dédié le tome-1 de mon livre Géostratégie Africaine à la jeunesse africaine que j'avais dit être la seule au monde à ne pas profiter de la transmission générationnelle des parents et des ainés trop formatés par le système pour s'effacer devant l'humanité.
Cette visite à travers les usines autour de Bafoussam, m'a convaincu que j'avais été pour tous ces jeunes, ce parent qu'ils n'avaient pas eu et qui aurait dû les prévenir de la perversité et la méchanceté du système dominant tout en leur montrant la route vers la liberté qui, dans un enclos colonial, ne peut commencer que par l'économie, l'argent.
Merci au collectif Rinvindaf Bafoussam.
Vous m'avez comblé de la plus pure et la plus honorable des bonheurs que des cadets peuvent adresser à un aîné.
Notre route est encore longue et pleine de pièges surtout là où on s'attend le moins. Mais comme l'affirmait Edison, "le génie est fait de 10% d'inspiration et de 90% de transpiration" et je sais que vous savez transpirer, lorsque certains d'entre vous travaillent 18 heures sur 24.
Merci d'avoir adhéré à l'initiative "Made in nos Villages", que nous développons partout sur l'entendue du territoire national, pour apporter le travail et la richesse sur la terre de nos ancêtres et surtout mettre en avant la fierté de ce que nous sommes comme peuple même meurtri par l'esclavage, mais aussi comme culture africaine qui n'a jamais accepté la soumission.
Douala et Yaoundé c'est bien, de même que Genève et Berne sont très bien. Mais de même que l'essentiel de l'industrie suisse ne se trouve ni à Genève ni à Berne, mais dans les villages suisses, pourquoi ne pouvons-nous pas nous aussi copier ce qui marche dans un pays qui n'a pas possédé de colonie et qui s'est organisé de manière à occuper tout son territoire, depuis le 13ème siècle pour se défendre avant tout de la prédation de ses voisins belliqueux : l'Allemagne, la France et l'Italie.
Un enclos colonial ne peut pas s'en sortir sans faire comme les Suisses : tenir compte de la menace toujours présente de celui qui veut le réduire en esclavage. Et utiliser la géographie pour penser son développement.
Merci Rinvindaf-Bafoussam !
L'Etat c'est nous.
Le Cameroun c'est la somme de nos actions positives pour donner la fierté à toute personne de clamer d'être camerounais.
Prochaine visite pour une invitation que j'ai déjà reçue : les jeunes Rinvindaf du collectif de Yagoua dans l'extrême nord du Cameroun. A cause du Covid-19, je pense d'y aller en mi-2021.
On ne lâche rien !!!
Jean-Paul Pougala
Vendredi le 06 Novembre 2020
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Samedi le 31/10/2020
LA GUERRE DE L'EAU ENTRE L'AFRIQUE ET L'EUROPE
de Jean-Paul Pougala
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Leçon de Géostratégie Africaine n° 60 écrite il y a 7 ans, le 3 septembre 2013 et extraite du chapitre 6 - Pages 64-87 du tome-2 de Jean-Paul Pougala IEG, publié en 2016
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Il existe une carte d'Afrique qu'ont sur leur table presque tous les dirigeants politiques européens. Et cette carte, presque aucun dirigeant africain n'est au courant de son existence. Cette carte est aussi très probablement le théâtre des futures guerres africaines. Ce sont des zones dont les dirigeants seront bientôt investis par les médias occidentaux de « dictateur » et leurs gouvernements deviendront des « régimes » comme refrain de la bouche des mêmes journalistes et pseudo-experts de l'Afrique, depuis un bureau parisien ou londonien. Cette carte est la cartographie des réserves souterraines d'eau douce en Afrique.
La question de la pénurie d'eau potable est un sujet top-secret en Europe. Parce que ce dossier est même pire que la désertification industrielle en cours et qui met tant de monde au chômage, parce que c'est tout au plus un problème cyclique. Surtout qu'en économie, aucun pays ni continent ne peut être sinistré à l'infini. Il arrivera un moment où la misère deviendra un atout pour arracher son avantage comparatif aux autres nations, aux autres continents. Donc, l'Europe est plus inquiète de la pénurie d'eau potable que du chômage, parce que plus les années passent et plus ce problème empire sans que l'on ne sache trop bien comment le résoudre.
Voilà pourquoi l'Afrique a été prise comme cible. Il est prévu que des citernes d'eau seront chargées quotidiennement des ports africains pour alimenter la vie en Europe.
A- LES STRATÉGIES POUR TROMPER L'AFRIQUE
L'Europe se prépare à importer des bateaux d'eau d'Afrique, oui, mais gratuitement, sans payer. Pour y parvenir, depuis des décennies, plusieurs stratégies sont mises en place et elles marchent plutôt bien :
Faire taire les informations sur la situation calamiteuse du manque d'eau en Europe. Selon l'OMS, 40 enfants meurent chaque jour en Europe de diarrhée à cause de manque d'eau ou de la mauvaise qualité de l'eau.
Matraquage médiatique sur le réchauffement climatique et les conséquences catastrophiques pour l'Afrique. Il arrive que souvent, même des professeurs d'universités africaines, en toute bonne foi, participent à cette mascarade, allant jusqu'à organiser des départements universitaires dont les thématiques sont relatives au réchauffement climatique, ou bien ils organisent des conférences sur ce thème. Et comme l'on pouvait s'y attendre, ces initiatives sont généreusement financées par les dirigeants européens et les ONG qui les accompagnent dans cette initiative de manipulation des cerveaux. Ainsi, selon cette propagande, l'Afrique serait le continent qui souffrirait le plus du prétendu réchauffement climatique, où ses cours d'eau vont sécher, les lacs vont disparaître et, comme conséquence, les Africains vont tout simplement disparaître. Tout ceci est faux, bien évidemment, parce que l'eau dont les Africains ont besoin est souterraine, bien à l'abri de tout changement climatique et il manque juste des moyens financiers pour aller la chercher et la distribuer dans toutes les maisons. La disparition subite des dinosaures montre que notre monde est changeant et qu'à chaque époque correspondent des dominants sans que cela remette en cause la survie même de la planète.
Convaincre les Africains qu'il leur manque d'eau. Avec l'entremise des ONG complices, il est distillé une information fausse dans la tête des Africains selon laquelle l'Afrique manque d'eau, les Africains meurent par millions à cause du manque d'eau, etc. Et même les Nations Unies font partie de la mascarade en multipliant des « conférences » sur ce sujet.
Créer des « projets » pour soi-disant aider les Africains à disposer de l'eau qui leur manque. Comme j'ai déjà eu à le dénoncer dans mon livre In Fuga dalle tenebre édité chez Einaudi 2007, j'ai procédé moi-même à faire analyser les eaux provenant des multiples fontaines installées avec les financements des missions dites de coopération avec les pays européens. Et le résultat était accablant, plus de la moitié des puits étaient contaminés, c'est-à-dire que l'eau qui y sortait était polluée, devenant un vrai poison.
Au début, j'avais pris cela pour de l'amateurisme ou l'incompétence de ces philanthropes d'un nouveau genre. Avant de comprendre des années après que c'était voulu, parce qu'il vaut mieux que les Africains consomment de l'eau polluée plutôt qu'ils ne s'attaquent à la réserve d'eau qui servira demain à l'Europe. Voici la situation, le problème que ces géostratèges européens bien aguerris mettent dans leur catalogue et bilan c'est que les Africains font trop de kilomètres pour aller chercher l'eau potable. Ainsi, on installe un puits au village. Ce qu'ils font semblant de ne pas comprendre, c'est que les ancêtres des Africains qui faisaient ce long parcours étaient conscients depuis la nuit des temps qu'ils n'avaient pas, contrairement aux Romains par exemple, trouvé la solution aux problèmes sanitaires des eaux usées, encore moins à celui des excréments humains.
Et c'est dans l'impossibilité de trouver une solution à ces deux épineux problèmes sanitaires qu'à l'origine les Africains parcouraient des kilomètres pour aller chercher l'eau potable. Avec l'installation des puits au cœur du village, on empoisonne la population, car avec des toilettes creusées dans la terre, le puits n'est à la fois qu'un gros trou au centre d'un ensemble de petits trous où les habitants déposent leurs excréments. Et avec le système de vase communiquant entre les centaines de petits trous d'excréments et le puits au centre, l'eau qui est puisée est pleine de micro-organismes qui ont eu le temps de prospérer avec une température qui peut atteindre 40 °C et les mouches sont suffisamment nombreuses pour donner leur contribution à l'Union européenne dans son œuvre d'empoisonner la population.
B- LE TABOU SUR LE MANQUE D'EAU POTABLE EN EUROPE
Selon l'OMS, un Européen sur cinq n'a pas accès à l'eau potable. C'est à dire que 100 millions d'Européens souffrent au quotidien du manque d'eau potable avec les maladies qui s'ensuivent. En 2006, l'OMS avait ainsi dénombré dans l'espace européen environ 170 000 cas de maladies d'origine hydrique : diarrhées, hépatite A, fièvre typhoïde, etc. C'est ce cri d'alarme de l'OMS qui va expliquer qu'en janvier 2007, à Genève, les représentants des pays européens vont se rencontrer pour lancer finalement le protocole sur l'eau et la santé. Alors que le sujet était resté tabou jusqu'alors, ce protocole sera le tout premier traité visant à réduire le nombre de décès et de maladies liées à l'eau en Europe. Ceci sachant qu'à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau le 22 mars 2005, deux ans plutôt, l'ONU avait déjà lancé la deuxième « Décennie de l'eau », dont l'objectif était d'encourager les gouvernements à prendre les mesures nécessaires pour réduire de moitié, de 2005 à 2015, le taux de personnes n'ayant pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable. Les dirigeants européens étaient tous conscients du manque d'enjeu des engagements qu'ils avaient pris. Mais le protocole européen sur l'eau, plus ambitieux, a t il amélioré le quotidien des Européens en matière de la disponibilité en eau potable ? Qu'en est-il de la situation en Amérique du Nord ? Nous allons y voir plus clair dans les lignes qui suivent.
C- POISSONS TOXIQUES
Lorsque vous allez en Europe et aux États-Unis, évitez de boire de l'eau du robinet, parce que même si elle est jugée potable, c'est-à-dire selon la législation, force est de constater que cette dernière est plutôt très laxiste et tolérante par rapport à certains résidus de pesticides et un taux de plomb très élevé. Évitez de manger du poisson, parce que, dans des États comme la Floride, il est certifié que les poissons vendus aux consommateurs sont toxiques.
En Occident, les mers, les rivières, les fleuves et les bordures d'océans sont à tel point pollués que les poissons qui sont servis au quotidien sur ces marchés sont de véritables poisons impropres à la consommation humaine. Et pourquoi ne l'interdit-on pas ? Parce qu'en démocratie avancée, il faut tenir compte d'abord du poids de ceux qui votent. Ainsi, les pêcheurs doivent être ménagés pour ne pas faire perdre des voix aux prochaines élections locales ou nationales.
D'après un communiqué de l'Agence française de sécurité alimentaire (Anses), publié le 5 juillet 2013, en raison de la contamination, au mercure et au PCB, des poissons vendus en France, l'Agence recommande de réduire sa consommation et ne manger de poisson que deux fois par semaine. Au-delà, vous risquez des complications graves. Le communiqué rendu public par l'AFP va plus loin pour les poissons des rivières et des lacs et récite ceci :
« La consommation des poissons d'eau douce dits bio-accumulateurs, tels que l'anguille, le barbeau, la brème, la carpe ou le silure doit être limitée à deux fois par mois et à une fois tous les deux mois pour les femmes en âge de procréer, enceintes ou allaitantes. Les enfants de moins de trois ans, les petites filles et les adolescentes sont aussi concernés par ces recommandations. Pour ce dernier groupe de population, il est déconseillé de manger les poissons prédateurs sauvages comme la lotte, le bar, la bonite, l'anguille, le grenadier, le flétan, le brochet, la dorade, la raie, le sabre ou le thon, l'espadon, le marlin et le siki en raison d'un risque de contamination au mercure. »
Le drame est bien celui-là : si on ne peut pas manger de poisson venant d'une rivière car malgré les stations d'épuration et les divers contrôles, le niveau de pollution est aux étoiles, comment peut-on ensuite l'appeler « potable » et conseiller les ménages de la boire ?
D- COMME SI ÇA NE SUFFISAIT PAS…
Selon la directive européenne sur l'eau (EU Water Framework Directive), à partir de 2015, on dira qu'une eau est potable dans l'Union européenne, sur la base de l'état chimique de 33 polluants dits prioritaires. Oui, mais voilà, le choix de ces 33 produits répond plus à une logique de pression des lobbies des industries chimiques qu'à un réel besoin de santé publique.
Le 1er mai 2011, dans la revue Science Direct paraît et livre le résultat d'une étude très sérieuse réalisée par dix chercheurs de plusieurs pays européens réunis autour du Centre Helmholtz de recherche environnementale (UFZ), étude réalisée sur les plus importants fleuves en Europe, avec pour titre « Total Environment : A new risk assessment approach for the prioritization of 500 classical and emerging organic micro contaminants as potential river basin specific pollutants under the European Water Framework Directive ».
Ces scientifiques ont recherché les polluants présents dans l'eau des bassins de l'Elbe (République Tchèque / Allemagne), du Danube (fleuve qui traverse 10 pays européens), de l'Escaut (Belgique) et des rivières de Llobregat (Espagne), et ce, à travers 750 analyses sur 5 millions de prélèvements. Les résultats sont époustouflants. D'abord, les polluants sont des pesticides. Or, ces pesticides ne font pas partie des 33 polluants que l'UE demande de rechercher. C'est-à-dire que lorsque le consommateur européen boit un verre d'eau jugée potable selon la directive européenne, cette eau contient en effet des poisons que l'Union européenne a décidé de ne pas classer sur les 33 polluants. Non pas qu'ils sont moins toxiques, mais parce que ce sont les parents pauvres de la filière chimique qui, parce que comptant peu économiquement, ont eu la malchance d'être choisis pour faire partie des 33 polluants.
Ainsi, l'un des scientifiques qui ont mené l'enquête, le Dr Peter von der Ohe, chercheur à l'UFZ, déclare :
« Aucun de ces pesticides n'est sur la liste des 33 polluants prioritaires qui doivent être surveillés par les autorités dans toute l'UE […]. La terbuthylazine est un composé structurellement lié aux polluants simazine et atrazine, dont l'usage est interdit. Aujourd'hui, la majorité des substances présentes n'est pas répertoriée, alors que des produits chimiques ont été interdits et ne sont plus utilisés. La Directive Cadre européenne sur l'Eau devrait s'assurer à l'avenir non seulement de répertorier les substances chimiques présentes, mais aussi de surveiller leurs effets. Les autorités européennes portent étrangement trop peu d'attention aux pesticides alors qu'ils sont plus toxiques et dangereux. Voilà pourquoi la liste des polluants prioritaires doit être révisée. »
En d'autres termes, il y a des produits chimiques interdits dans l'Union européenne pour leur dangerosité, mais qui se retrouvent étrangement dans l'eau qu'on va boire, parce que l'Union européenne l'interdit, oui, mais ne va plus contrôler si ce produit rentre dans la composition d'autres produits ou non.
Durant leurs recherches sur les 500 polluants, le plus présent, était le diéthylhexyl phtalate (DEHP), un polluant très toxique considéré comme un perturbateur endocrinien. Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques d'origine naturelle ou artificielle, elles miment, bloquent ou modifient l’action d’une hormone et perturbe le fonctionnement normal d’un organisme (humain ou animal).
E- DRAPEAU ROUGE = EXCRÉMENTS HUMAINS SUR LES PLAGES
En Europe, afin d'assurer la santé et la sécurité des baigneurs et des touristes, il existe des drapeaux pour indiquer l'état du danger. Si vous vous demandez ce que signifie le drapeau rouge des plages, on va vous répondre « baignade interdite ». Mais en tant que géostratège, vous ne pouvez pas vous arrêter à cette première question. Autre question : Et pourquoi ne peut-on pas se baigner dans la mer ? À cette simple question, vous débouchez sur un des secrets les mieux gardés des élus européens, y compris ceux qui ont basé leurs fonds de commerce politiques sur les problèmes environnementaux.
Lorsque vous voyez un drapeau rouge sur une plage européenne, cela veut tout simplement signifier, dans de nombreux cas, qu'il y a des excréments humains en très grande quantité et en gros morceaux sur la plage et dans l'eau où les citoyens veulent aller nager. Souvent, le drapeau n'est pas hissé très tôt et ce sont les nageurs qui se retrouvent avec des morceaux d'excréments au visage ou dans les cheveux ou encore dans la gorge. C'est en tout cas ce qui s'est passé le mois d'août 2013 dans de nombreuses plages européennes.
On est donc le 8 août 2013, le journal régional français Sud-Ouest publie la photo des eaux d'égout de la ville de Biarritz se déversant directement sur la plage ou dans la mer. En sachant bien que les vagues vont bientôt ramener sur les plages ces matières fécales. Plusieurs élus politiques furent interrogés par le journal pour trouver une solution au plus vite à ce problème et quelle ne fut la surprise du journaliste d'avoir une réponse de résignation à cause du manque d'argent. Et j'ajoute, à cause aussi du manque de créativité des politiciens. Le politicien devrait être quelqu'un capable de trouver des solutions dans des situations impossibles. Au lieu de cela, ils se sont tous défilés. Un deux, un certain Peio Claverie répond tout aussi fièrement que résigné en tenant ces propos :
« Personne n'a de solution miracle face à ce problème. Il faut rester humble, mais accepter aussi avec courage de se retrousser les manches et d'investir dans le réseau sanitaire des sommes considérables, pour les générations futures, l'économie et l'environnement de Biarritz ».
Oui, vous l'avez bien compris : au moment où des ONG européennes de tout bord se bousculent en Afrique, et de surcroît, sans argent, pour apporter gracieusement aux Africains des solutions au problème de l'eau, ils sont tout à fait incapables d'en apporter à leurs propres peuples en Europe. Et, de plus, chez eux, ce sont les politiciens qui affirment qu'ils ne savent plus quoi faire pour assainir leurs eaux usées et surtout, ne plus les déverser n'importe comment dans la nature, dans la mer, sur les plages.
F- L'EAU POTABLE, MAIS EMPOISONNÉE A L'ARSENIC
L'arsenic est l'un des poisons les plus dangereux au monde. C'est celui avec lequel l'empereur français Napoléon Ier aurait été assassiné d'après la légende. Il est aujourd'hui utilisé dans la fabrication des insecticides et des raticides, très efficace pour tuer les nuisibles. L'Organisation Mondiale de la Santé a établi qu'au-dessus de 10 microgrammes d'arsenic par litre d'eau, il devient dangereux pour la santé. Il est alors responsable de divers cancers, notamment du poumon, de la peau, des reins, etc. L'arsenic est aussi responsable de maladies cardio-vasculaires, plusieurs morts par crise cardiaque ont été dues à cette substance. Lorsque quelqu'un est assassiné à l'arsenic, le médecin légiste, pour le savoir, étudie des terminaisons du corps de la victime telles que les cheveux, car ce poison, bu généralement dans l'eau, se fixe très rapidement dans les cheveux et les ongles. Les symptômes d'intoxication à l'arsenic sont généralement des maux de tête, douleurs abdominales, étourdissements et vomissements lorsque les doses sont faibles, et à très forte dose, c'est le coma puis la mort qui s'ensuivent immédiatement, parce que les organes vitaux du corps comme le cœur, le cerveau, les reins et le foie sont grièvement endommagés.
En Europe, la plupart des eaux jugées propres à boire par les êtres humains sont en effet empoisonnées à l'arsenic. Que ce soit l'eau du robinet que l'eau en bouteille. En France, par exemple, pour ne pas fâcher les producteurs des eaux minérales, il n'existe aucun contrôle, aucune norme, aucune limite et donc aucune indication sur les étiquettes des eaux minérales de la présence et la quantité d'arsenic. C'est ce qui fait dire en France que l'eau du robinet est plus saine que l'eau minérale en bouteille. Oui, on le dit, sans jamais expliquer pourquoi.
C'est très grave, parce que cela ne se passe pas en Corée du Nord. Et la plupart des ONG qui sont si gentilles pour s'occuper d'approvisionner les Africains en eau tournent toutes la tête ailleurs, puisque souvent, pour aller en Afrique, elles sont financées aussi et surtout par ces mêmes industries qui vendent ce poison. Le fait le plus paradoxal arrive lorsque les plus grands sommets et réunions au plus haut niveau en Afrique se tiennent avec sur la table ces bouteilles d'eau françaises à l'arsenic. Alors que les eaux africaines sont réputées être les plus pures et les plus saines au monde par l'absence des industries polluantes et de l'élevage intensif. Le mensuel français 60 Millions de consommateurs a publié le 25 mars 2013 le résultat d'une enquête menée en testant 47 bouteilles d'eau minérale prises dans le commerce. Ce résultat repris dans le numéro d'avril 2013 est des plus surprenants, les marques d'eau minérale les plus connues figurent dans cette étude, celle la plus connue y tient d'ailleurs une très « bonne » place, parmi celles les plus contaminées, notamment aux pesticides.
Selon l'OMS, au-dessus de 20 milligrammes d'arsenic par litre dans l'eau du robinet ou dans la bouteille d'eau minérale, celui qui la boit mettra 10 ans pour développer le cancer des reins ou des poumons. Et mon pari depuis toujours est que tôt ou tard, le peuple européen saura que ses politiciens le trompent et, ce jour-là, les eaux minérales africaines seront recherchées comme des pépites d'or.
A la vue de tout ceci, ça fait bien rire ces slogans humanitaires qui ont envahi les supermarchés en Europe, afin de tirer quelque sous de la poche des consommateurs.
En fait, en Europe, si vous vous trouvez au niveau des rayons consacrés aux eaux minérales dans les boutiques ou grandes surfaces, vous trouverez sur certaines bouteilles, des étiquettes publicitaires affichant une belle africaine habillée en tissu pagne en train de boire de l'eau jaillissant d'un robinet, parfois l'image montre plutôt un enfant. Mais connaissant la propagande occidentale, sur la qualité de l'eau en Afrique ou bien sur l'Afrique en général, vous seriez en train de vous demander pourquoi est ce qu'une marque voudrait-elle s'associer à une image dont les liens avec l'Afrique sont assez évidents. C'est quand on se rapproche très bien de l’étique qu'on peut lire ce type de message : « 1l acheté = 10 litres puisés au Niger ! ». Niger pouvant être remplacé par d'autres pays africains, surtout ceux de la zone sahélienne. Cet appel à l'achat, d'un nouveau genre, est représentatif des messages publicitaires actuellement utilisés en Europe pour vendre de l'eau minérale. Acheter cette eau devient une action humanitaire, la publicité n'est plus là pour venter les qualités de l'eau, non, le message et l'image demandent d'avoir une pensée pour les pauvres africains, ils suscitent un sentiment de pitié pour eux, et finalement invite à les aider pour qu'ils puissent profiter d'une eau saine comme les citoyens européens. Flattés dans leurs ego devant ces rayons commerciales, les clients européens ne savent pas que c'est d'eux-mêmes qu'ils doivent avoir pitié, quand on connaît les problématiques de qualité de l'eau chez eux, qu'elle soit embouteillée ou provenant d'un service d’adduction en eau potable.
G- L'EAU DU ROBINET EMPOISONNÉE DANS 128 COMMUNES ITALIENNES SELON L'UNION EUROPÉENNE
Le 28 octobre 2010, la Commission Européenne à Bruxelles prend une curieuse décision avec la référence C(2010)7605. À la lecture des premières lignes, on a l'impression de se trouver devant l'énième document ennuyeux que promulgue cette institution. Mais plus on avance dans la lecture et plus on se rend compte qu'il y a quelque chose qui ne va pas. L'intrigue y est dans chaque chapitre. On a l'impression de lire la préface d'un roman d'horreur. Et de découvrir ensuite, avec stupeur, que l'Europe est en train de refuser de proroger pour la troisième fois aux politiciens italiens le droit de continuer d'empoisonner leurs propres populations avec l'eau du robinet à l'arsenic. Dans ce document de 66 pages, la Commission Européenne fait la liste de 128 communes italiennes, comme celle de Velletri, aux portes de la capitale italienne, dans lesquelles la concentration en arsenic dépasse souvent allègrement les 50 microgrammes par litre, c'est-à-dire, plus de 5 fois le degré autorisé par l'Organisation Mondiale de la Santé. Sur ces 128 municipalités, on peut compter 91 communes dans la région de Lazio (Rome), 19 en Toscane (Florence), 10 en Trentino-Alto Adige (Bolzano) et 8 communes en Lombardie (Milan).
La Commission Européenne, par cette décision, oblige l'Italie à ne plus mentir à ses citoyens et à leur dire la vérité, c'est-à-dire qu'ils boivent du poison, appelée eau potable du robinet, avec souvent une pensée pieuse pour les pauvres Africains qui n'ont pas la chance d'avoir d'eau à boire.
L'arsenic a empoisonné pratiquement tous les sols d'Europe à cause de la sur-utilisation des pesticides pendant trop longtemps. Le pesticide qui, pour être efficace et tuer le maximum d'insectes qui s'attaquent aux plantes, est fait à base d'arsenic. C'est ainsi qu'avec l'épandage, l'arsenic va couvrir les terres agricoles qui sont ensuite abondamment lessivées avec le ruissellement des eaux de pluie. Et c'est ainsi que l'arsenic atteint les nappes phréatiques où on va puiser l'eau, traitée au chlore contre les micro-organismes vivants et non contre les poisons. Ce produit toxique est interdit dans de nombreux pays, mais pas aux États-Unis, qui en font un usage largement abondant et avec des conséquences dramatiques sur l'alimentation.
H- 100 % DU RIZ AMÉRICAIN EMPOISONNÉ A L'ARSENIC
Le 14 octobre 2012, le mensuel américain Consumer Reports fait la publication d'une étude réalisée sur 32 types de riz différents et 200 échantillons de produits à base de riz. Le résultat est sans appel : tous les produits étaient contaminés à l'arsenic à des taux supérieurs à la norme consentie par la législation américaine. Tout cela est dû à une eau contaminée utilisée pour arroser les plantations de riz.
Le magazine nous informe par la même occasion que certains types de riz étaient contaminés par l'arsenic inorganique, qui est un cancérigène humain très dangereux responsable notamment des cancers de la vessie, de la peau et des poumons. Consumer Reports conclut en nous disant qu'une portion de riz testé contenait entre 3,5 à 6,7 microgrammes d'arsenic inorganique, c'est-à-dire que le décès par cancer est garanti au bout d'une dizaine d'années d'absorption de ce riz.
En Europe, les choses ne vont pas mieux ; en mai 2013, le Danemark a recommandé aux parents de ne plus servir à leurs enfants le riz et les produits à base de riz tels que le lait de riz, le riz au lait et les nouilles chinoises, à cause de la présence d'une forte dose d'arsenic dans le riz cultivé au Danemark. C'est un poison qui passe facilement de l'eau aux aliments. Le petit déjeuner quotidien des petits danois à base de céréales au riz soufflé est également déconseillé.
I- LES ROBINETS FRANÇAIS DES PLUS POLLUÉS AU MONDE - LE CAS DE LA BRETAGNE
Selon l'Union européenne, 2 millions de Français n'ont pas accès à l'eau potable. Les autres ont de l'eau, mais polluée à cause de la sur-utilisation des pesticides ainsi que de l'élevage intensif. Nous allons voir le cas de la région française de la Bretagne. Cette région représente à peine 7 % de la surface agricole française, mais 50 % de l'élevage français de volailles, 50 % des élevages de porcs et 30 % des élevages de bœufs et de vaches. Les excréments et urines des élevages sont d'une quantité tellement élevée qu'on ne sait quel miracle faire pour les éliminer. C'est ce qui va expliquer que la quasi-totalité des cours d'eau sont contaminés, jusqu'à contaminer même les nappes phréatiques.
Lors d'une conférence de presse que Sylvie Pradelle, administratrice nationale de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, donne à Paris le 20 mars 2012, on apprend que 2 750 communes françaises ont l'eau du robinet contaminée. C'est-à-dire non conforme à la législation française. Mais qu'est-ce que cette norme ? C'est que l'eau du robinet peut contenir jusqu'à 50 mg/L de nitrate. Et au-delà, on retient qu'elle est polluée. En comparaison, les prélèvements que nous avons réalisés dans les villages camerounais d'eau de source présentaient après analyse un résultat d'aucune trace de nitrate, donc, les eaux les plus pures au monde. Madame Pradelle conclut avec tristesse : « Il y a près de deux millions de consommateurs qui paient pour de l'eau significativement polluée […] les communes françaises qui distribuent de l'eau aux normes y arrivent parce qu'elles potabilisent l'eau grâce à des solutions essentiellement palliatives (dilution de l'eau, dépollutions ou abandon de captages) ».
C'est ce qui va expliquer que le 27 février 2012, par un communiqué, la Commission Européenne de Bruxelles nous informe avoir traduit les politiciens français devant la Cour Européenne de Justice parce qu'ils continuent d'empoisonner leur propre peuple. Voici ce que récite l'intitulé du communiqué :
« La Commission européenne traduit la France devant la Cour de justice de l'UE pour n'avoir pas pris de mesures efficaces contre la pollution des eaux par les nitrates […] La Commission demande donc instamment à la France de prendre des mesures en désignant davantage de zones et en élaborant des plans appropriés pour faire face au problème […] Mais la lenteur des progrès et l'insuffisance des changements proposés ont conduit la Commission à transférer le dossier à la Cour de justice ».
C'est finalement le 13 juin 2013 que tombe la sentence de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) qui condamne la France pour infractions vis-à-vis de la directive nitrates de 1991. L'arrêté indique une liste de 19 000 communes françaises dites « vulnérables » où les eaux du robinet sont polluées, c'est-à-dire au-dessus de 50 mg/L.
Si rien n'est fait dans un délai raisonnable, cette sentence est un simple prélude à une possible amende de plusieurs dizaines de millions d'euros, et même à des pénalités pouvant atteindre 130 000 € par jour.
Voici quatre réactions de personnages publics à cette condamnation de la France :
Jean-François Piquot, porte-parole de l'association Eau et Rivières de Bretagne : « Les gouvernements français ont préféré appliquer la directive a minima faisant ainsi supporter aux contribuables et aux consommateurs le milliard d'euros que coûte chaque année la pollution des eaux par les nitrates plutôt que de faire évoluer les systèmes de production agricole […]. Cette condamnation intervient trois jours après que l'Assemblée nationale a abandonné le projet de taxation des engrais à base d'azote minéral ».
L'eurodéputée Sandrine Bélier : « l'État français cède depuis des décennies aux sirènes des lobbies de l'agriculture intensive et s'éloigne de son rôle de garant de l'intérêt général ».
Corinne Lepage, ancienne ministre française de l'Écologie : « Le déni de réalité dans lequel la France s'enfonce en matière de pollution des eaux nous revient en boomerang avec une double peine : pollution de nos eaux par les nitrates avec les algues vertes pour lesquelles la cour d'appel de Rennes vient encore de condamner l'État et menace de très fortes sanctions pécuniaires ».
Arnaud Gossement, avocat, spécialiste du droit de l'environnement : « ce dossier est sans doute l'un des plus graves échecs pour le droit de l'environnement […]. Il révèle une carence importante du dialogue environnemental ainsi qu'une incapacité de l'État à exercer ses pouvoirs de police et à organiser un nouveau modèle agricole ».
J- L'EAU DU ROBINET POLLUÉE PAR LES MÉDICAMENTS - L'EXEMPLE DE L'ALLEMAGNE
Comme nous le rapporte le chercheur américain Peter Montague dans la revue scientifique Rachels Environment and Health Weekly (n°614) du 3 septembre 1998, la première fois que des spécialistes ont mené des recherches sur la présence de médicaments dans l'eau remonte en 1976. Les tests avaient été réalisés aux États-Unis dans la station d'épuration des eaux de Big Blue Rivers (Kansas City). Il faudra attendre 1997 pour que leurs auteurs aient le courage de révéler ce qu'ils avaient trouvé dans la revue scientifique Life Science du 15 janvier 1997. Après que ces auteurs téméraires aient été foudroyés sur la route de Damas de l'industrie pharmaceutique, un silence radio règne sur la communauté scientifique.
Pendant ce temps, c'est en 1992 que pris dans l'euphorie de la chute du mur de Berlin et l'unification des deux Allemagnes que les chercheurs vont profiter d'une relative liberté et s'attaquer à ce problème. Ils vont ainsi trouver dans l'eau de l'acide clofibrique (CA) contenu dans les médicaments pour combattre le cholestérol. Des études convergentes des chercheurs danois, suédois et allemands ont ainsi prouvé que la mer du Nord est un dépotoir de cette substance qui fait que la totalité du poisson péché est contaminée, comme le stockfisch séché et vendu partout en Afrique comme la Ferrari des poissons.
Selon Montague, des prélèvements d'eau du robinet dans la ville de Berlin pendant 10 ans ont prouvé qu'elle était contaminée aux médicaments (antibiotiques, hormones, tranquillisants, antalgiques puissants, produits utilisés en chimiothérapie du cancer, etc.). Il cite de nombreux chercheurs allemands qui soutiennent que quel que soit l'échantillon d'eau prélevé dans n'importe quelle ville allemande, lorsque l'étude est bien menée, on retrouve une contamination de 30 à 40 types de médicaments différents. Mais comment est-ce possible que l'eau du robinet soit contaminée aux médicaments et aux diverses drogues comme cocaïne, crack et marijuana ? Tout est lié au système d'épuration des eaux usées qui sont ensuite reversées dans les rivières et fleuves qui vont approvisionner les stations de captage d'eau, et les rendre potables pour être envoyées aux robinets des maisons. Pour mieux le comprendre, examinons le système de la centrale d'épuration d'une ville comme Montréal au Canada.
K- LA VÉRITÉ SUR LES STATIONS D'ÉPURATION - LE CAS DE MONTRÉAL AU CANADA
Une station d'épuration est conçue pour traiter les eaux usées d'origine domestique, agricole ou industrielle. Elle est faite de trois stades différents : traitement primaire où ne sont éliminés que les objets solides présents dans l'eau usée ; ensuite vient le traitement secondaire où des micro-organismes vont s'attaquer aux matières organiques pour les digérer ; et enfin le traitement tertiaire où l'eau est désinfectée. Dans la pratique, les stations d'épuration en Amérique du Nord et en Europe ne se contentent que du traitement primaire. Le pire est que, même dans le traitement secondaire, les micro-organismes ne peuvent pas éliminer les médicaments, les drogues, les parfums, etc.
Dans deux études distinctes, la première de 28 pages et la deuxième de 11 pages, intitulées Eaux Usées et Fleuve Saint-Laurent : Problèmes et solutions, les auteures Hélène Godmaire du collectif Union Saint-Laurent Grands Lacs, Andréanne Demers et Édith Lacroix du collectif Eau secours, nous parlent du bassin des Grands Lacs au Canada et le fleuve Saint-Laurent qui couvrent une superficie de 766 000 km² et drainent un bassin d'environ 1 610 000 km², avec 25 millions d'habitants qui y puisent leur eau potable. Mais y rejettent aussi leurs eaux usées, avec la station d'épuration de Montréal supposée faire des miracles mais qui au fond se révèle être une vraie passoire, se contentant du traitement primaire, soit de simplement retenir les objets solides dans les eaux usées pour les reverser ensuite tout aussi brutes dans le fleuve Saint Laurent.
Pour nous expliquer la gravité de cette situation, les auteurs fournissent même des chiffres : la station d'épuration de Montréal qui traite 40 % des eaux usées de toute la province du Québec déverse ces eaux traitées au premier degré dans le fleuve Saint Laurent a un débit journalier de 2,7 millions de m3 composées de détergents et divers produits nettoyants, de drogues et de médicaments qui reviennent ensuite tout aussi naturellement dans la chaîne alimentaire à commencer par les poissons, les eaux rendues potables pour l'agriculture et la consommation humaine. C'est ainsi que dans cette province comme aux États-Unis, on a dans nos plats du riz à l'arsenic.
L- CONCLUSION
Lorsqu'on décortique les informations contenues dans cette leçon, on est en droit de se demander comment est-ce possible que toutes ces populations en Occident acceptent d'être empoisonnées par leurs propres politiciens ? C'est tout simplement parce qu'ils vivent sous la dictature.
Par erreur, on croit généralement que la dictature n'est qu'une exclusivité des systèmes politiques dans tel ou tel pays. En réalité, aujourd'hui, la dictature est comme atomisée, dispersée et présente à chaque grade du pouvoir, surtout économique, de la société. En Occident, il y a la dictature des lobbys industriels. Et dans le cas de l'eau et des aliments contaminés qu'on sert allègrement à la population, c'est à cause de la dictature des industries agroalimentaires.
Ce que beaucoup de personnes ne savent pas, c'est qu'aux États-Unis on n'est pas libre de critiquer ces industries et comme dans les régimes dictatoriaux. Si vous le tentez, vous allez tout droit en prison. Dans l'État du Colorado par exemple, vous allez droit en prison si vous critiquez la viande aux hormones. Vous y allez même si vous photographiez et publiez la photo d'une ferme ou des animaux dans leurs cages d'élevage. Aux États-Unis, la dictature n'est pas là où on l'attend. Elle se trouve dans votre plat de nourriture et personne n'a le droit de se poser cette simple question : pourquoi les Américains sont-ils aussi nombreux à être obèses ? Qu'y a-t-il de si différent dans leurs plats pour arriver à de telles exagérations sur le poids des personnes ? On ne se trouve pas en Corée du Nord, mais bien au cœur de la tant vantée démocratie avancée de l'Occident. Vous êtes libre de dire tout ce que vous voulez si personne ne vous entend, mais si vous devez le dire sur une chaîne de télévision, c'est la prison garantie. C'est en tout cas ce qui est arrivé à la présentatrice de télévision Oprah qui va l'apprendre à ses dépens.
En avril 1996, Oprah Winfrey, la célèbre présentatrice de Talk Show aux États-Unis invite Howard Lyman, un activiste végétarien de l'Human Society of the United States pour commenter l'épidémie de vache folle qui débute en Grande-Bretagne et les probables conséquences sur le consommateur américain. L'émission est regardée par 22 millions d'Américains. Le lendemain, le prix du bœuf chute de 10 %. Des éleveurs texans traînent Oprah Winfrey en justice pour « incitation à la peur de manger du bœuf », prétextant avoir perdu des millions de dollars à cause d'elle.
Le procès débute en janvier 1998 et mettra quatre ans pour se conclure avec la victoire d'Oprah Winfrey dont les avocats avaient pu prouver qu'avec les images à la télévision de la vache folle en Grande-Bretagne, le prix du bœuf était déjà en train de chuter avant son émission.
À première vue, Oprah Winfrey avait gagné le procès, mais lorsqu'on regarde de plus près, c'est la dictature de l'industrie agroalimentaire qui a gagné ce procès, parce que, oui, Oprah Winfrey a évité la prison, mais elle a payé en 4 ans 1 million de dollars en frais d'avocat. Un chiffre suffisamment élevé pour décourager tout reporter, journaliste, chercheur, commentateur radio, présentateur télé ou même politicien qui aurait la malchance de vouloir s'intéresser à ce que mangent les Américains, même pas le président des États-Unis. Son épouse Michelle Obama est obligée de passer par un subterfuge pour traiter le sujet, en invitant tout simplement les Américains à manger des légumes et faire du sport, pas plus. Si elle va au-delà, elle sait ce qui l'attend.
M- QUELLES LEÇONS POUR L'AFRIQUE ?
On ne peut pas opprimer tout le peuple, tout le temps, disait le président américain Lincoln. Aujourd'hui, le peuple européen et américain vit une forme de dictature des industries agroalimentaires, mais qui ne pourra pas durer à l'infini. Tôt ou tard, ces peuples trouveront le moyen de se libérer de leur dictature. Ce jour-là, ils voudront de la nourriture et de l'eau saines. Ce jour-là, l'Afrique doit être prête à la lui livrer. Elle en a les capacités et les moyens. Il ne manque plus que la volonté politique et économique pour s'organiser en vue de ce rendez-vous qui ne saura tarder. Lorsqu'avec mes collaborateurs, dans notre expérimentation dans les villages camerounais, nous posons comme objectif, là où c'est possible, d'embouteiller de l'eau de source du village pour le marché européen, plusieurs élites nous voient comme des extraterrestres et nous rappellent souvent que l'eau minérale va de la France pour le Cameroun et que l'inverse leur semble bizarre. Ce qu'ils ne savent pas, c'est tout simplement que nous avions compris que la révolution du peuple européen pour se libérer de l'oppression d'une alimentation malsaine ne va pas tarder, et que nous préparons juste nos villages à être prêts pour ce rendez-vous.
De la même manière, les États doivent sécuriser leurs sources afin d'éviter l'assaut des mêmes prédateurs qui viennent de mettre à genoux l'Occident et de garantir leur qualité. Contrairement à ce qu'on pourra imaginer, l'eau pure et saine d'Afrique va susciter de loin plus de convoitise dans les vingt prochaines années que le pétrole. Car on peut trouver des sources alternatives au pétrole, mais à ce jour, rien ne remplace l'eau. Cette eau que l'Afrique a en abondance et qui peut et doit faire son bonheur dans les prochaines années, à condition que les dirigeants politiques et économiques en comprennent la haute valeur stratégique.
Entre pays européens, aujourd'hui, ceux qui ont plus d'eau potable à disposition la vendent déjà à prix d'or à ceux qui en ont moins. Par exemple, dès 1983, Marseille livre des bateaux-citernes chargés d'eau potable à la ville espagnole de Barcelone. Et le 21 mai 2008, on est passé à la vitesse supérieure avec des livraisons quotidiennes de 36 000 mètres cubes d'eau potable au prix de 1€/m3. Il n'est pas toujours facile d'accéder à ces informations sensibles sur la vente des bateaux-citernes d'eau en Europe. Mais selon les bilans des deux entreprises qui potabilisent et distribuent l'eau à Marseille, la Société du canal de Provence (SCP) et la Société des Eaux de Marseille (Sem), nous savons qu'entre 1989 et 1990, Marseille a livré à l'île de Sardaigne en Italie, 1,5 million de mètres cubes d'eau potable.
Ailleurs en Europe on vole l'eau potable. Oui, vous l'avez bien compris, l'eau potable est à ce point devenue une denrée tellement rare qu'elle est volée. C'est en tout cas, ce que l'on pouvait lire à la une du quotidien italien La Repubblica du 10 septembre 2011 avec ce titre : « Sprechi, furti, allacci abusivi : l'acqua "rubata" di Palermo » (gaspillage, vol, connexion clandestine : l'eau volée de Parlerme). Sous la plume de deux journalistes, Sara Scarafia et Antonio Fraschilla, nous découvrons que dans les 3 principales villes de Sicile en Italie, c'est-à-dire Palerme, Catane et Syracuse, c'est bien la moitié de l'eau du robinet qui est volée en cours de chemin. À cause de la rareté de l'eau et donc de son prix élevé, des personnes s'activent toute la nuit dans l'obscurité avec de simples torches à creuser pour installer des canalisations clandestines et voler l'eau de la ville. Lorsque leur compte est bon, ils s’attellent à refermer la terre avant l'aube. La ville de Palerme a dû se doter d'une brigade spéciale pour ces voleurs d'un genre nouveau et son chef, un certain Guido Catalano explique aux journalistes de La Repubblica que, pour le seul mois d'août 2011, ils ont pu découvrir 100 canalisations clandestines pour voler l'eau de la ville.
L'Afrique doit se préparer pour ne pas subir ce banditisme international d'un nouveau genre qui risque de s'abattre sur elle tôt ou tard, habillée en « Communauté Internationale » venue aider à sauver des tribus prétendument gazées à l'arme chimique par le dictateur désigné du moment. Les africains doivent s'équiper pour optimiser leurs chances de tirer profit de la situation de manque d'eau potable en Europe.
Pour gagner cette future guerre de l'eau que l'Europe prépare déjà contre l'Afrique, cette dernière doit déjà être consciente de sa position de privilège dans ce domaine très stratégique et savoir se préparer non seulement pour se défendre convenablement le moment venu, mais aussi, et surtout pour en tirer profit et financer sa propre prospérité.
Jean-Paul Pougala
Douala, le 03 Septembre 2013
LA GUERRE DE L'EAU ENTRE L'AFRIQUE ET L'EUROPE
(Leçon de Géostratégie Africaine n° 60 extraite du chapitre 6 - Pages 64-87 du tome-2 de Jean-Paul Pougala IEG, 2016)
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Mercredi le 28/10/2020
CRISE UKRAINIENNE : LE GRAND BLUFF DES SANCTIONS ÉCONOMIQUES DE L’OCCIDENT CONTRE LA RUSSIE
de Jean-Paul Pougala
Leçon de Géostratégie Africaine n° 72 partie 2/4 (extrait du Tome-6)
Nous sommes le mercredi 2 et jeudi 3 avril 2014, voici le titre des principaux journaux en Occident :
Dès le 2 avril, c’est le New York Times qui est le premier à rendre publique la note interne d’un certain : Michael F. O’Brien, vice-directeur chargé des relations internationales de la Nasa, en ces termes :
« NASA Breaks Most Contact With Russia » (La NASA coupe tout rapport avec la Russie)
Le lendemain 3 avril, ce sont les radios, télévisions et journaux européens qui entrent tous dans la danse :
« La NASA coupe les ponts avec Moscou en raison de la crise ukrainienne » RTS-Info (Radio Télévision Suisse)
« La Nasa suspend “tout contact” avec la Russie » Le Monde
« La Nasa suspend ses contacts avec la Russie » Le Figaro
Cette information symbolise à elle seule tout l’enfumage, tout le bluff des pseudo-sanctions économiques des Occidentaux contre la Russie sur la crise ukrainienne et nous allons immédiatement voir pourquoi.
L’OUBLI SÉLECTIF DES INFORMATIONS
Tous les journalistes qui donnent cette information omettent de communiquer l’information plus importante survenue à peine 5 jours avant et que cette soi-disant information venait contredire. Nous sommes le 27 mars 2014, devant le Congrès des États-Unis d’Amérique, le n° 1 de l’Agence Spatiale Américaine, la NASA, un certain Charles Bolden explique aux députés et sénateurs américains que s’il y a sanctions réciproques entre Russie et USA, ce sont les USA qui auraient le plus à perdre. Il leur explique pourquoi il ne voit vraiment pas comment les États-Unis supporteraient longtemps d’éventuelles sanctions russes contre les Américains sur le plan spatial. En conclusion, selon les dépêches des agences de presse de AP à Reuters, en passant par AFP, devant les membres du Congrès, il « confirme sa confiance dans le partenariat spatial avec la Russie, dont les États-Unis dépendent pour transporter leurs astronautes à la Station spatiale internationale (ISS), malgré les tensions liées à la crise ukrainienne »
Voici l’information donnée par le directeur lui-même et devant le Congrès des États-Unis. Mais pourquoi les journaux occidentaux vont-ils taire cette information pour mettre l’accent plutôt sur une note interne d’un vice-directeur d’une sous-commission ? Encore plus inquiétante : pourquoi Michael F. O’Brien peut-il faire un communiqué qui soit en parfaite contradiction avec les déclarations de son chef supérieur 5 jours plus tôt ? Voici en détail ce que dit son communiqué :
« Étant donné la violation par la Russie de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, jusqu’à nouvel ordre, le gouvernement américain a décidé que tout contact entre la NASA et des représentants du gouvernement russe devait être suspendu, sauf exception expressément définie (…) L’agence spatiale américaine met fin aux voyages de ses employés en Russie ainsi qu’à l’accueil de Russes dans ses bâtiments et également, décrète un gel des contacts par emails, téléconférences ou visioconférences ». Qui a raison dans ce jeu de poker-menteur où les deux protagonistes jouent le même rôle de contributeur à la création de la confusion afin de faire perdre l’ignare citoyen dans l’écran de fumée ainsi monté ?
Au moment où tout ceci se passe, il y a dans l’espace deux Américains en compagnie de trois Russes qui volent au-dessus de nos têtes, dans la station spatiale internationale dénommée ISS. Depuis la fin des vols du Shuttle, aujourd’hui, il n’y a que la Russie qui ait les moyens techniques pour amener quelqu’un à bord de cette station. Ce que le directeur de la NASA tentait de faire comprendre aux membres du Congrès était que si la Russie s’énerve, les deux astronautes américains resteraient bloqués à jamais dans l’espace.
Et l’agence spatiale européenne ?
Son cas est encore plus lourd que celui des Américains. Parce que pour envoyer un de leurs citoyens dans l’espace, les Européens se donnent des coups de pieds entre eux. Et la Russie se sucre sur leur dos. Elle taxe ainsi le billet pour se rendre dans la Station Spatiale Internationale ISS à tout citoyen non Russe à presque 71 millions de dollars, sois 53 millions d’euros pour un aller et retour. Et les places sont limitées bien sûr.
En cas de sanctions contre la Russie, cette dernière pourrait tout simplement rembourser au pays occidental concerné le prix du billet retour et lui demander de se débrouiller pour faire revenir son astronaute sur terre. On peut dès lors imaginer l’effet dévastateur sur l’opinion publique occidentale contre leurs propres dirigeants qui auraient contribué à laisser mourir dans l’espace leurs astronautes. Ce n’est pas de la science-fiction, c’est le plan B que Moscou a préparé en réponse aux Occidentaux s’ils devaient dépasser la ligne rouge.
Pour le savoir, il suffit d’écouter le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine que les Occidentaux ont commis l’erreur de mettre son nom sur la première vague de sanction le 28 avril. Voici ce qu’il déclare le lendemain sur l’agence russe d’information INTERFAX : « s’ils veulent frapper le secteur russe des fusées, ils vont automatiquement, par rebond, exposer leurs cosmonautes de la Station spatiale internationale (...) Honnêtement, ils commencent à nous taper sur les nerfs avec leurs sanctions, et ne comprennent même pas qu’elles vont leur revenir en boomerang. (...) »
Et selon l’Agence Itar-Tass, voici ce qu’il ajoute sur son compte Twitter : « Les États-Unis ont décrété des sanctions contre notre industrie spatiale. Mais nous les avons prévenus que nous répondrons à une déclaration par une déclaration, et à une action par une action (...) les Américains n’ont qu’à envoyer leurs astronautes sur la station spatiale internationale (ISS) avec un trampoline ».
Les deux astronautes américains sont Rick Mastracchio et Steve Swanson. Leur retour sur Terre est prévu pour le mois d’octobre 2014. À moins qu’entre temps, la situation ne s’envenime entre les deux pays et que les Russes décident tout simplement de les laisser mourir dans l’espace.
Le président américain Barack Obama aurait dû suivre les conseils d’un dicton populaire du côté de Akonolinga au Cameroun qui récite : « Si tu tiens à entrer dans une bagarre, rentre d’abord chez toi déposer le panier d’œufs que tu portes sur ta tête ». Avant de faire des déclarations fracassantes de sanctions contre la Russie, il aurait d’abord dû faire descendre sur Terre ses astronautes.
La Station Spatiale Internationale ou l’International Space Station (ISS) est un investissement total d’environ 150 milliards de dollars, cotisés par plusieurs pays du monde. Mais il est de fait géré par la Russie, puisqu’elle seule peut y faire arriver des personnes, avec ses moyens techniques. Pour faire arriver les ravitaillements, pour réduire la dépendance du Cargo Progress russe, le gouvernement américain a conclu des accords chiffrés en milliards pour acheminer 40 tonnes de cargos avec deux entreprises américaines, il s’agit notamment de l’entreprise Orbital Sciences pour 1,9 milliard de dollars (8 voyages pour livrer 20 tonnes de fret) et la SpaceX pour 1,6 milliard de dollars (12 voyages pour acheminer 20 tonnes de fret). Voilà pourquoi, sans les Russes, le programme spatial américain est une aventure plutôt ruineuse, sans résultat probant. Et le communiqué du 2 avril 2014 de la Nasa annonçant la rupture de toute collaboration avec la Russie à cause de la crise ukrainienne est un véritable bluff. Car tout au moins dans ce domaine, ce sont les Américains qui ont besoin des Russes et non l’inverse. Il y a par exemple en permanence deux navettes russes Soyouz à la station spatiale pour évacuer ses occupants en cas d’imprévu ou d’incident (incendie, manque d’oxygène, délestage électrique prolongé, etc.). Or, sur chaque navette, il n’y a que trois places. Et en cas d’incident, comme le veut la règle, les Russes sont les premiers à prendre place et Moscou décide ensuite du sort des occupants restants, entre Européens et Américains qui sauver et qui sacrifier.
Pour bien comprendre la suite des évènements qui vont se succéder en Ukraine ces derniers mois, il est peut-être important de revenir en 1835 pour lire la page 438 d’un livre qui sert aujourd’hui de référence pour comprendre la politique des États-Unis. Voici ce qu’Alexis de Tocqueville écrit dans le tome 1 de son livre : « De la démocratie aux États-Unis » :
« Il y a aujourd’hui sur la terre deux grands peuples qui, partis de points différents, semblent s’avancer vers le même but : ce sont les Russes et les Anglo-Américains. Tous deux ont grandi dans l’obscurité ; et tandis que les regards des hommes étaient occupés ailleurs, ils se sont placés tout à coup au premier rang des nations, et le monde a appris presque en même temps leur naissance et leur grandeur. Tous les autres peuples paraissent avoir atteint à peu près les limites qu’a tracées la nature, et n’avoir plus qu’à conserver ; mais eux sont en croissance : tous les autres sont arrêtés ou n’avancent qu’avec mille efforts ; eux seuls marchent d’un pas aisé et rapide dans une carrière dont l’œil ne saurait encore apercevoir la borne. (…) Pour atteindre son but, le premier s’en repose sur l’intérêt personnel, et laisse agir, sans les diriger, la force et la raison des individus. Le second concentre en quelque sorte dans un homme toute la puissance de la société. (…) Leur point de départ est différent, leurs voies sont diverses ; néanmoins, chacun d’eux semble appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moitié du monde. »
Lorsque nous analysons les évènements de l’Ukraine, on peut dire que des deux principaux protagonistes, les États-Unis semblent ceux qui agissent avec le plus grand amateurisme, dans la plus grande médiocrité. Mais pourquoi ? Selon les analyses et les conséquentes prévisions faites par Tocqueville, la démocratie américaine est affaiblie par l’absence totale de liberté intellectuelle à cause de ce qu’il appelle, le « despotisme populaire » et la « tyrannie de la majorité ». Il dit que dans ce pays, ce sont « les ignares qui jugent les sages ». On comprend dès lors que l’amateurisme américain sur les questions de politique internationale n’est pas dû au manque d’intelligence de ses stratèges, mais plutôt à la nécessité de complaire et se soumettre à cette « tyrannie de la majorité », à ce peuple ignare qui ne sait même pas où sont ses propres intérêts. C’est dans ce contexte que le président Obama doit annoncer, menacer des sanctions économiques contre la Russie, lorsque tout le monde sait que ces sanctions ne pourront jamais être mises en pratique sans au préalable punir les opérateurs économiques américains. Ceci est valable pour les États-Unis, mais aussi pour tous ses alliés. Sur le plan purement économique, voyons ci-dessous, l’exemple d’un seul des autres pays occidentaux qui brandit les sanctions contre la Russie, l’Allemagne :
EN ALLEMAGNE
« Les politiciens européens sont de véritables inconscients ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est ce que pense et dit très haut tout ce qui compte dans l’économie en Allemagne, notamment les milieux industriels, chimiques, automobiles et bancaires à propos des déclarations des uns et des autres dirigeants européens durant la crise ukrainienne. Dans un article du quotidien économique français « La Tribune » du 13 mars dernier avec le titre évocateur : « Les patrons allemands peu enthousiastes pour sanctionner la Russie », le journaliste Romaric Godin nous raconte comment pratiquement tous les patrons allemands sont montés au créneau pour défendre Vladimir Poutine et sa décision d’annexer la Crimée. Et pour ne pas froisser le maître américain, ce soutien ne fera jamais la une des journaux allemands qui tous à l’unisson ont condamné le méchant Vladimir et manifesté leur soutien aux manifestants de Euro-Maïdan à Kiev, qui entrerons dans l’histoire pour avoir réussi la révolution la plus idiote, ayant porté à faire cadeau à l’ennemi qu’on voulait humilier, la Russie, d’une région avec la superficie de la Belgique.
Il y a cependant eu des exceptions pour braver l’unanimisme alignement de la presse allemande derrière le président Obama. Il s’agit du quotidien « Handelsblatt », l’organe d’expression du patronat allemand. Dans son éditorial du 13 mars, c’est le directeur de publication en personne, un certain Gabor Steingart, qui s’est exprimé pour dénoncer les Occidentaux dans la comparaison faite par Hillary Clinton entre Vladimir Poutine et Hitler. Il va plus loin, il renvoie à l’expéditeur les accusations faites par les Occidentaux contre Poutine d’expansionnisme. Il répond à l’ancien vice de McCain aux présidentielles américaines de 2008, Sara Palin qui avait jugé Obama trop mou dans le dossier ukrainien et suggéré qu’il fallait un dur pour bloquer un autre dur ; monsieur Steingart tourne en complète dérision ce qu’il appelle la politique bavarde de « pitbull » des Occidentaux.
Mais à ce stade, il y a quand même quelque chose qui nous intrigue : pourquoi diable les patrons allemands doivent-ils soutenir Vladimir Poutine à ce point allant jusqu’à se moquer de leurs politiciens ? Ces patrons allemands sont allés jusqu’à déposer sur la table de la chancellerie Merkel le résultat d’un sondage qui dit que le peuple allemand est à 69 % derrière Vladimir Poutine et contre les sanctions. C’est ce qui va pousser le vice-chancelier Sigmar Gabriel à tenter de calmer la grogne des industriels allemands avec des promesses qui sonnent à l’opposé du communiqué final que Bruxelles publiera pour confirmer les sanctions contre des personnalités russes en ces termes : « l’Allemagne ferait tout pour éviter de nouveaux trains de sanctions contre la Russie ».
La raison de cet attentisme est plus simple que ce qu’on pourrait imaginer : un simple bon sens. Les Allemands ont renoncé depuis à l’énergie nucléaire. Ils ont donc besoin pour produire leur électricité dite thermique, de beaucoup d’énergie d’origine fossile et c’est le gaz qui se taille la part du lion. Aujourd’hui, le prix du gaz que la Russie applique à l’Allemagne ne résulte d’aucune négociation, le rapport de force est complètement à l’avantage de la Russie, parce qu’il n’y a pas match, l’Allemagne n’a en effet, aucune alternative crédible au gaz russe. Et ça, les Russes le savent. Ainsi, quel que soit le prix que les Russes imposeraient, les Allemands seraient obligés de le payer sans broncher. Mais la Russie n’en abuse pas. Pour accompagner la compétitivité allemande, la Russie maintient un prix du gaz suffisamment correct pour que ces entreprises tournent au maximum pour satisfaire toujours plus de clients et donc d’avoir toujours plus besoin de gaz russe. Voilà pourquoi presque à l’unanimité, les patrons allemands se sont indignés que la chancelière Merkel ait pris fait et cause pour l’opposition ukrainienne en soutenant ouvertement les manifestants anti-Russie. C’est aussi pourquoi de grands patrons allemands réputés pour leur discrétion sont sortis de leurs réserves. Par exemple, Jürgen Fitschen, président de la fédération des banques privées BdB, codirecteur de la Deutsche Bank, a officiellement fait des déclarations pour supplier la chancelière Angela Merkel d’arrêter d’énerver la Russie, parce que dit-il, « on ne sait jamais ce qui peut passer dans la tête d’un Poutine énervé ». Et ça, l’Allemagne ne peut pas se permettre le luxe de le titiller pour le découvrir. En d’autres termes, il a prié les politiciens allemands de ne pas se joindre à l’unanimité européenne contre le président Poutine, et de tout faire pour, dit-il, « éviter absolument de relancer la guerre froide. »
Lorsque j’ai tenté d’interroger quelques-uns de ces industriels allemands pour en savoir plus de leur soutien à la Russie, voici plus ou moins l’essentiel de leur raisonnement très pragmatique : l’Allemagne verse chaque année à la Russie la somme de 40 milliards d’euros pour acheter en majorité du gaz. Et l’Allemagne n’arrive pas à résoudre le problème du déficit commercial pour équilibrer les comptes entre les deux pays. Ce qu’ils disent est facile à comprendre même pour les enfants de maternelle : L’Allemagne paie 40 milliards d’euros à la Russie. Il est du ressort des industriels allemands de récupérer cet argent par tous les moyens, car un déficit commercial avec un pays signifie être en train de s’appauvrir par rapport à ce pays-là. Et chaque année, les résultats sont encourageants, l’Allemagne récupère de la Russie environ 8 % par an de sa mise. Et une crise avec la Russie viendrait gâcher tout ce travail des industriels allemands pour réduire l’appauvrissement allemand vis-à-vis de la Russie où sont installées 6 000 entreprises allemandes.
On comprend mieux dès lors pourquoi le 12 mars de cette année, c’est le président de la fédération allemande des exportateurs, la BDA, qui convoque une rencontre d’urgence à Berlin suivie d’une conférence de presse pour dire haut et fort que les patrons allemands sont derrière la Russie. Il est allé jusqu’à suggérer à son gouvernement de prendre du temps. Voici ce qu’il dit en conférence de presse : « l’essentiel et la principale cible à atteindre dans la crise avec la Russie, c’est de gagner du temps et ne pas lancer d’emblée les missiles des sanctions. » Pour ceux qui ne l’ont pas compris, il est en train de dire qu’il faut faire semblant de condamner officielle la Russie, mais en sourdine, continuer les affaires comme avant. Ce sont après tout, 20 milliards d’euros que ces entreprises ont investi en Russie.
LES MILLIARDS DE LA CRIMÉE
Observez bien les visages des dirigeants par intérim de l’Ukraine à chacune des rencontres avec les dirigeants occidentaux. Vous ne remarquez rien de bizarre ? Observez encore très bien. Vous ne voyez toujours rien d’étrange ? Eh bien, voilà des gens qui ont à peine pris le pouvoir sur la base d’un coup de force d’une révolution populaire, ils devraient être très contents. Eh bien non, ils font une tête d’enterrement. Ils sont en deuil. Regardez Obama, lorsqu’il reçoit à la Maison-Blanche le nouveau premier ministre ukrainien par intérim. Comparez sa conférence de presse à celle avec Hollande il y a juste un mois. Tous les deux sont en deuil. Oui, même Obama est en deuil. Vous pensez que c’est le deuil pour avoir perdu la Crimée ? Bingo, vous avez trouvé. Mais ce que vous ne savez pas c’est qu’il ne s’agit pas juste de la Crimée. Et pourquoi donc sont-ils en deuil ?
Pour le comprendre, creusons un peu nos méninges et croisons les informations en notre possession sur quelques situations réelles.
Dès l’instant où il y avait à Kiev une sorte de passation de pouvoir entre le gouvernement légitimement élu par le peuple ukrainien et les membres de l’extrême droite soutenus par les États-Unis et l’Union Européenne, c’est ce moment précis que le géant gazier russe Gazprom, accélère le projet de construction du gazoduc South Stream qui doit contourner l’Ukraine par le sud pour alimenter des pays comme l’Italie ou l’Autriche en gaz russe et attribue le marché pour la construction du premier des 4 tronçons du pipe-line à une entreprise italienne, la Saipem pour un montant de 2 milliards d’euros. Il fait la même chose avec deux entreprises, une Allemande, la Wintershall qui est déjà partenaire du projet à hauteur de 15 %, et l’autre française, EDF qui elle aussi détient 15 % du projet. Nous sommes à 6 jours avant l’occupation de la Crimée par les forces dites d’autodéfense russes.
Mais cette information ne nous indique rien du tout. Pour en comprendre la portée, nous allons le découvrir à travers une information qui est publiée le jour même de l’occupation de la Crimée par les troupes russes dans un journal russe spécialisé dans les questions énergétiques, c’est le numéro de mars 2014 du mensuel « Ekspert », qui annonce dans son titre : « Avec la Crimée, la Russie économise 20 milliards de dollars sur le gazoduc South Stream ». Pour comprendre la portée de cette information, il faut bien rappeler que la Russie a décidé de construire deux gazoducs North stream déjà inaugurés qui par la mer Baltique apporte le gaz à l’Allemagne, aux Pays-Bas, à la Belgique et à la France, sans passer par l’Ukraine, afin d’éviter les crises de 2007 et les chantages que Kiev pourrait exercer sur les fournitures de gaz russe à l’Union européenne. Il y a donc un deuxième gazoduc dénommé South Stream qui lui passe par la mer Noire, la Turquie et la Grèce, pour alimenter l’Italie, la Grèce, etc. en contournant le territoire ukrainien. Sauf que lorsque le projet était tracé, c’était sur la base d’une Crimée ukrainienne, et donc, il fallait contourner la Crimée. En occupant la Crimée, cela a réduit la longueur du gazoduc et donc des travaux pour le réaliser. Total des économies : 20 milliards de dollars.
Jusque-là, je n’ai pas toujours dit pourquoi Obama et les nouveaux dirigeants à Kiev sont en deuil pour la perte de la Crimée. C’est tout simplement parce que la Crimée était la seule grande chance pour l’Ukraine d’avoir son indépendance énergétique de la Russie, puisqu’il a été découvert sur environ 1400 m² d’espace au large de la Crimée orientale, les gisements de gaz et de pétrole les plus importants de la région. Selon le quotidien financier italien « Il Sole 24 ore » du 15 mars 2014, les découvertes faites par les Occidentaux, dont Eni, Shell et Exxon sont phénoménales. Le quotidien italien nous explique qu’Eni devait contrôler les 50 % de l’exploitation et la société publique ukrainienne, Chornomornaftogaz, comme c’est souvent le cas en Afrique, seulement 10 %.
Le projet du gazoduc South Stream devait coûter aux Russes la somme de 46 milliards de dollars. En récupérant la Crimée, ce projet passe désormais à 25 milliards de dollars. Et en plus, la Russie engloutit la seule chance de l’Ukraine d’être producteur de pétrole et de gaz. La question est maintenant de savoir comment l’Ukraine sans la Crimée fera pour payer ses dettes à l’Occident. La Russie peut même lui faire cadeau de ce qu’elle lui devait, de toutes les façons, les gisements de gaz et de pétrole de la Crimée sont là pour consoler les Russes. Voilà pourquoi des pseudo-sanctions économiques contre la Russie ne font ni froid ni chaud au président Poutine ou à son premier ministre Medvedev, c’est d’ailleurs ce que ce dernier va déclarer dans un communiqué le 22 avril.
Revenons à la Crimée et au gazoduc South Stream. La Russie a déjà tendu une main aux Européens, en offrant aux sociétés Saipem, Wintershall et EDF une bonne enveloppe. La rapidité de cette enveloppe prouve qu’il s’agit d’une manœuvre pour diviser les Européens. Et ça marche : depuis lors, lorsqu’on parle à l’Union Européenne des sanctions économiques contre la Russie, il n’y a jamais d’unanimité pour les positions dures contre la Russie.
Et l’Américaine Exxon et la Hollandaise Shell ?
Même pour elles. Tous se sont retournés contre leurs propres gouvernements respectifs pour éviter la confrontation avec les Russes sur le thème des sanctions. Seront-elles exclues de l’exploitation du pétrole et du gaz criméen ? L’avantage financier de la Crimée est trop grand pour la Russie pour qu’elle se laisse émouvoir par des sanctions venues d’Occident et qui en plus vont pénaliser ses propres particuliers devenus des investisseurs en terre russe.
La Russie à travers Gazprom a partagé de petites mangeoires du projet South Stream à différents pays. Il s’agit notamment de l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Grèce... Des pays qui tous, en sourdine, subissent les foudres de la Commission Européenne, qui se justifie ainsi :
« Sous sa forme actuelle, le gazoduc South Stream ne pourra fonctionner sur le territoire de l’Union européenne ». Pour la Commission, voici les trois raisons pour ne pas y aller : « absence de séparation entre production et transmission, monopole sur le transport et opacité de la structure tarifaire »
CONCLUSION PARTIELLE
La moindre sanction de l’Occident contre la Russie est une arme à double tranchant qui fera plus de dégâts en Occident qu’en Russie, état continent de 17 millions de km² qui peut tranquillement vivre en complète autarcie en se coupant du monde sans en souffrir outre mesure. Mieux, nous vivons au XXIème siècle et non plus au XXème. Les sanctions économiques n’ont plus qu’une valeur symbolique parce que la marchandise que vous refusez de livrer à un pays est très vite remplacée par un autre. Et sur ce point, les Chinois ne se font pas prier pour remplacer les pays qui appliquent les sanctions. On l’a vu en Iran, on l’a aussi vu en Corée du Nord, qui malgré les sanctions occidentales, ne manque de rien. On l’a aussi au Zimbabwe où on oublie presque qu’il existe un embargo économique européen contre ce pays, parce que là-bas, mêmes les vols quotidiens à destination de Londres ont été remplacés par des vols quotidiens de Harare pour Pékin.
En suivant la stratégie chinoise en Occident, la Russie est en train de mettre la main sur tous les fleurons de l’économie occidentale, parce qu’ils ont le cash, beaucoup de cash. La Russie a une stratégie bien précise : contrôler ou acheter à la bourse toutes les entreprises qui opèrent en Russie dans des domaines stratégiques. Ainsi, la British Petroleum a été achetée par les Russes à 55 milliards de dollars, c’est-à-dire : 27 500 milliards de francs CFA. La société française de transport GEFCO est aujourd’hui détenue à 100 % par une entreprise russe de chemins de fer. En Italie, c’est Pirelli qui se fait engloutir par les milliards russes. Dans un cas ou dans l’autre, les Russes ne sont pas les Africains. Ils savent où sont leurs intérêts et savent les défendre. La moindre sanction contre elle met 2 fois à genoux ceux qui imposent ces sanctions.
QUELLES LEÇONS POUR L’AFRIQUE ?
Lorsque le 2 mai 2014, environ 49 Ukrainiens appelés par les Occidentaux « pro-russes » et appelés par les Russes « partisans du fédéralisme ukrainien » sont brûlés vifs dans un immeuble appartenant à un syndicat à Odessa dans le sud de l’Ukraine, par les « pro-occidentaux » ou par les « partisans de l’unionisme », les réactions des uns et des autres ont fait comprendre clairement qu’en Ukraine se joue encore une partie de la guerre froide entre les États-Unis d’Amérique et la Russie, mais avec des acteurs interposés.
Les Américains se savent d’avoir encore une fois été piégés par les Russes dans la fameuse conférence de Genève. Les Américains croyaient avoir eux-mêmes eu les Russes en les faisant asseoir pour la première fois sur une table de négociation avec ceux que l’administration Poutine appelle les : « extrémistes qui ont pris illégalement le pouvoir à Kiev ». Les Américains vont découvrir seulement après la rencontre qu’au fond, ils venaient de valider l’annexion de la Crimée par la Russie, puisque tout sera débattu à Genève, mais aucune trace de la Crimée, officialisant de fait l’acceptation américaine de l’annexion de la Crimée par la Russie. C’est cette prise de conscience qui va frustrer Washington qui va alors mettre la pression sur ses personnes au pouvoir à Kiev pour lancer l’attaque des blindés contre les séparatistes à l’est de l’Ukraine. C’est en effet le même Obama qui avait demandé et obtenu une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies en mars 2011 pour aller protéger les habitants Benghazi en Libye parce que disait-il, « Kadhafi est en train de tirer sur son propre peuple ». Peut-être n’y a-t’il que le président américain Obama pour nous expliquer la différence entre les populations de Benghazi en Libye qui ont valu son soutien militaire et les populations de Sloviansk, Odessa, Kostiantynivka, Marioupol, Kramatorsk, etc., tuées, brulées par les militaires de leur propre pays et envoyées par des putchistes de Kiev aux ordres de Washington.
Peut-être qu’Obama est le seul à pouvoir nous expliquer la différence entre ces propos tenus par le chef des services antiterroristes ukrainiens, Vassil Kroutov, durant une conférence de presse à Kiev le samedi 03/05/2014 :
« L’Ukraine est désormais en situation de guerre, car ce qui se passe dans la région de Donetsk et dans les régions de l’Est n’est pas un soulèvement passager, c’est une guerre. »
Et les propos du Guide Libyen Kadhafi en février 2011, disant ceci :
« Ce qui se passe à Benghazi n’est pas un soulèvement populaire des habitants mécontents, ce sont des terroristes d’Al- Qaida venus de l’étranger pour nous déclarer la guerre. Et à Benghazi, c’est la guerre. »
Qu’importe, Obama peut choisir à géométrie variable, le camp des bons et décréter l’autre comme des méchants à combattre, en, fonction des intérêts américains du moment. Mais j’ai peur que cette fois-ci, le président américain ne soit même pas en mesure de savoir pourquoi il soutient le chaos en Ukraine et pire, qu’il soit lui-même incapable de dire en quoi des morts dans l’est et le sud de l’Ukraine peuvent servir les intérêts américains. Ou bien tous ces morts ne servent-ils que pour mesurer ses muscles à l’ennemi de toujours, la Russie ? Aujourd’hui la République du Sud-Soudan créée par Obama est à feu et à sang, alors que ce dernier, avec l’aide habituelle de la Cour Pénale Raciste Internationale avait décrété que les méchants se trouvaient à Khartoum, leur plus grosse faute étant celle d’avoir des accords stratégiques avec la Chine et écarter les entreprises américaines dans l’exploitation de son sous-sol. L’ambassade américaine dans la capitale du Sud-Soudan s’est ouverte le jour même de la date d’indépendance afin de faire profiter au Sud-Soudan des miracles que procure la démocratie. Obama n’a même pas laissé une journée de répit à ces nouveaux dirigeants pour souffler et décider avec quels pays avoir des relations diplomatiques, comme pour leur dire qu’ils n’ont eu leur indépendance que grâce au chaos que les Américains avaient réussi à instaurer dans tout le Soudan avec l’aide des ses illustres acteurs de Hollywood qui tous depuis leurs somptueuses villas de la Californie, apercevaient un génocide au Darfour. Et depuis qu’ils ont morcelé le Soudan en deux parties, le miracle s’est établi : le génocide a subitement disparu au Darfour. Le flambeau est passé au Sud-Soudan sous le contrôle de Washington. Et si la Russie menaçait les États-Unis de sanctions économiques et militaires si la paix ne revenait pas vite au Sud-Soudan ?
Jean-Paul Pougala
(ex-domestique de maison)
Bamena (Cameroun), le 05/05/2014
Jean-Paul Pougala enseigne « Géostratégie africaine » en Master II, à l’Institut Supérieur de Management ISMA à Douala, au Cameroun
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Mardi le 27/10/2020
"Voici pourquoi la France ne peut pas gagner une confrontation militaire directe avec le Cameroun, au Cameroun"
de Jean-Paul Pougala
(Leçon n° 70 publiée le 15/05/2014 et extraite du tome 6 de collection des livres "Géostratégie africaine ")
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Étienne de La Boétie, ce penseur de la renaissance française n'a que dix-huit ans lorsqu'en 1549, dans son premier livre intitulé "Discours de la servitude volontaire", il affirme ceci : « on ne regrette jamais ce que l’on n’a jamais eu ».
Un peuple ne peut pas regretter ce qu'il n'a jamais connu. Cinq siècles d'esclavage des Africains par les Européens ont été très longs, trop longs. Je me suis souvent demandé comment cela était possible que les Européens aient pu tenir en esclavage le peuple africain pendant une période aussi longue. Et puis, c’est la Boétie qui me donne la réponse. En effet, à bien y regarder, lorsque les premières générations d'Africains ont été défaites et réduites en esclavage, il est naturel que les deuxièmes qui sont nées aient grandi et soient mortes dans l'esclavage. Elles ne pouvaient nullement regretter la liberté ou autre chose que leur servitude, leur seule et unique réalité. Et donc, une fois dépassé un certain nombre de générations, ils ne se sont même plus battus. Pourquoi l’auraient-ils fait ? Pour quel objectif ? Puisqu’ils ne connaissaient que la servitude ?
Pour La Boétie, il est tout à fait naturel que les personnes qui n'ont jamais connu autre chose que la servitude « servent sans regret et fassent volontairement ce que leurs pères n’auraient fait que par contrainte ». Donc, la première raison pour laquelle ces « hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés comme tels ». Voilà les propos d’un adolescent de 18 ans en 1549. Comparez-les à ceux d’un député français de 54 ans (Thierry Mariani) le 06 mai 2014 à propos du kidnapping de plus de 200 lycéennes nigérianes et de la menace de les vendre : « c’est la preuve que les Africains n’ont pas attendu les Européens pour pratiquer l’esclavage ». On a là, la preuve même de l’abrutissement de l’intelligence française avec le temps. Revenons à notre thème du jour. L’esclavage volontaire, parce que mental.
J’avais annoncé le titre de cette leçon au mois de décembre 2013. J’ai attendu 5 mois pour faire la leçon en classe à ISMA et la rendre publique ensuite. Ces 5 mois m’ont servi à étudier l’impact sur la population camerounaise de la servitude volontaire envers la France. Le titre était bien clair : « Le Cameroun battrait la France en cas de confrontation militaire ». En ces 5 mois, j’ai reçu une infinité de courriers pour la plupart me demandant de confirmer qu’il ne s’agissait que d’une blague ou d’une provocation. Dans tous les cas, tous ceux qui m’ont écrit étaient plutôt stupéfaits, incrédules, confus, curieux de découvrir par quel miracle le Cameroun aurait été capable de battre la France sur le plan militaire.
Comme l’on peut constater, aucun des intervenants ne me dira que j’ai peut-être raison si je leur dis qu’avec la cyberguerre, un petit pays peut en battre un autre plus grand. Ou bien qu’avec l’exemple afghan, le plus fort n’est pas toujours assuré de battre le plus faible. Pour toutes ces personnes, il est acquis que la France battrait le Cameroun, quelles que soit les conditions. On peut donc dire sans se tromper que la vraie victoire que la France a aujourd’hui sur le Cameroun est d’ordre psychologique des Camerounais restés mentalement esclaves, soumis depuis leur naissance à la soumission aux règles et à l’ordre français. Ceci donne raison au penseur suisse Jean-Jacques Rousseau qui a écrit dans son livre « Le Contrat social » ceci :
« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, à moins qu’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir».
Aujourd’hui, ce droit s’appelle « francophonie », ou encore « école française » à laquelle se bouscule presque toute l’élite intellectuelle camerounaise qui a les moyens de faire étudier ses enfants en France. Cette stratégie très gagnante (pour la France) prépare la route à l’obéissance volontaire des futures générations d’intellectuels camerounais, qui, comme leurs parents avant eux, encensés par un diplôme français, d’une école prestigieuse en France, rentreront au Cameroun et continueront à perpétrer la « force française » en droit universel et l’obéissance à la France en devoir absolu. C’est cela aujourd’hui, la triste réalité de servitude volontaire dans presque toute l’Afrique dite « francophone », comme pour marquer d’un cachet indélébile, la soumission à un maître donné comme une partie intégrante de l’identité africaine contemporaine.
Durant la formation RINVINDAF à Paris en février 2014, j’ai eu la désagréable surprise en rencontrant presque tous les soirs, durant mon séjour, la communauté camerounaise dans les restaurants camerounais du quartier Château rouge à Paris et de découvrir qu’il y avait comme un mot magique dans la bouche de mes interlocuteurs camerounais qui voulaient m’épater ou me démontrer qu’ils comptaient pour quelque chose ; et c’était la phrase : « j’ai rendez-vous à l’Élysée ». Pour ces personnes, jamais la question n’est posée de savoir en quoi ils comptent dans la politique ou l’économie du pays où ils payent leurs impôts, la France. Mais, c’est juste important d’avoir participé à un gala ou un meeting à la présidence de la République française. Et les présidents français ne s’en privent pas. C’est ce qui va expliquer une certaine arrogance dans leurs propos et une certaine condescendance lorsqu’ils parlent de l’Afrique. Le dernier en date est le 11 mai dernier, lorsque le président Hollande depuis Bakou dans le Caucase où il se trouve en visite officielle, comme solution à la secte Boko Haram au Nigeria, publie un communiqué pour proposer un forum avec les chefs d’État africains qui devrait se tenir à Paris samedi suivant, soit le 17 pour parler de la sécurité en Afrique. J’ai mis des heures à chercher le lien de cette proposition avec le kidnapping des 200 lycéennes du Nigeria, pour lesquelles il convoque le séminaire, et je n’ai toujours pas trouvé. Qu’importe, lui-même sait qu’il n’y a aucun lien, mais qu’inviter les présidents africains à Paris, c’est plutôt chic et ces derniers vont certainement courir pour venir, même sans regarder derrière, comme on le dit au Cameroun. Et sans surprise, ils ont tous répondu « présent Monsieur », comme on le faisait à l’école primaire. Je me suis demandé si à l’Elysée on partage des bonbons à ces « écoliers » d’africains. Le président Hollande l’avait déjà fait en décembre 2013 et ils sont tous venus, sans que cela contribue dans une faible mesure à éviter ces faits de sécurité au Nigeria. Mais qu’importe, le maître a parlé. C’est le même scénario honteux qu’on fait tous les ans pour les humilier au sommet du G8 et ponctuellement, ils courent sans regarder derrière. Cela uniquement parce que quelqu’un a génériquement promis de résoudre tous leurs problèmes, sans qu’ils se demandent si celui qui fait cette promesse a réussi à appliquer sa recette chez lui et à s’aider lui-même d’abord.
Et avec tout cela, comment le Cameroun peut-il battre la France sur le plan militaire ?
En 2008, survient quelque chose qui va venir modifier la donne, et cette chose s’appelle « la crise économique et financière ».
Dans le rapport de force entre les pays européens et l’Afrique, qui semblait figé entre maîtres et esclaves, la crise économique des années 2008/2009 a eu pour effet positif de contribuer à donner à certains pays africains le courage qui leur manquait pour arracher leur vraie indépendance. C’est dans ce contexte que des stratèges camerounais vont profiter d’une France affaiblie par cette crise économique pour marquer des points pour une indépendance irréversible du Cameroun de la France. Leurs actions vont nous amener à tronquer la citation de Rousseau de tout-à-l’heure en deux pour ne rester qu’avec la première partie, c’est-à-dire :
« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître ».
Avec les analyses qui vont suivre, je vais vous démontrer qu’entre le Cameroun et la France, les apparences peuvent être trompeuses, car les stratèges camerounais ne se sont pas arrêtés en si bon chemin de la première partie de la citation de Rousseau. Ils sont allés plus loin et, à mes yeux, celui qui symbolise le mieux ce parcours est un penseur de la renaissance britannique, un certain Hobbes (1588-1679) qui écrit en 1651 dans son livre sur la théorie de la souveraineté, « Le Leviathan » ceci :
« Le plus faible a assez de force pour tuer le plus fort ».
L’histoire démarre en 2007, lorsque le 6 mai Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir en France. Il promet tous azimuts qu’il va tuer dans l’œuf la Françafrique. Il va prononcer un discours à Dakar le 26 juillet 2007 qui va tout changer. Pour les Africains, ce discours est une insulte. Mais pour beaucoup de stratèges africains, c’est plutôt une très bonne chose. Et ils ne vont pas rater une si belle occasion. Ils savent tous que Nicolas Sarkozy à Dakar a fait un faux pas. Et à force de se justifier, il est en train de se fragiliser. Pire, pour prouver qu’on l’a mal compris à Dakar, le président français va multiplier les gestes et les déclarations pour mettre les Africains à l’aise. Désormais, rien ne sera plus comme avant. Et ce sera paradoxalement ce discours qui va finalement être le point de départ d’une nouvelle libération de l’Afrique. En effet, lorsque le président français comprend qu’il a fait sans doute le plus grand faux pas de sa vie politique, il va chercher à se montrer plus humaniste que jamais avec les Africains. Il va abonder de messages gentils envers l’Afrique :
« Je sais que les Africains détestent les leçons de morale.»
« La France n'a pas à jouer un rôle de gendarme en Afrique (…) je vais procéder à la révision des accords de défense avec l'Afrique et ils ne seront plus confidentiels ».
C’est cette dernière phrase qui va allumer un clignotant à Yaoundé et Monsieur Sarkozy sera pris au mot. Dans cette situation de grande faiblesse, il devient pour le président Paul Biya ce que le président Gorbatchev en Union Soviétique avait été pour les Américains. Plus Gorbatchev voulait prouver aux Américains qu’il était un démocrate et plus ces derniers en profitaient pour l’affaiblir jusqu’à arriver à démanteler une partie du pays. Monsieur Biya comprend très vite qu’avec Sarkozy, son heure a sonné et qu’il peut finalement devenir un vrai président pour le Cameroun. Mais comment faire ? Puisqu’il avait promis de ne plus se présenter à la présidence du pays ? Peu importe, on va tenter le tout pour le tout.
En octobre 2007, sur les ondes de la radio publique française RFI, il jure que la modification de la constitution n’est pas à l’ordre du jour. Mais Nicolas Sarkozy aidant les choses va se précipiter à Yaoundé. Ainsi, le 31 décembre 2007, lors des vœux télévisés de Nouvel An à la nation, voici ce que déclare le président Biya :
"L’article 6.2, qui limite les mandats présidentiels à deux, constitue une limitation à la volonté populaire qui s’accorde mal avec l’idée même du choix démocratique (...) Nous allons donc, dans cet esprit, réexaminer les dispositions de notre Constitution qui mériteraient d’être harmonisées avec les avancées récentes de notre système démocratique afin de répondre aux attentes de la grande majorité de notre population"
La phrase est lâchée, la constitution sera modifiée pour permettre à Biya de briguer un nouveau mandat de 7 ans. C’est l’ambassadrice américaine à Yaoundé Janet Garvey qui est la première à déclamer son opposition face à cette éventualité. Ce sont les câbles rendus publics par Wikileaks qui vont nous révéler que Madame Garvey a passé toute l’année 2007 et le début de l’an 2008 à rencontrer un par un les membres du gouvernement camerounais pour les sonder et leur poser la même question sur l’éventualité de la succession de monsieur Biya. Ceci montrant bien son inquiétude de voir Paul Biya modifier la Constitution et se représenter. Pourquoi un pays dit ami peut-il à ce point s’intéresser à qui va gouverner ou non le Cameroun ? Peu importe. La musique est jouée et les acteurs vont tous entrer en scène et danser au rythme de la chanson démocratique entonnée par l’ambassadrice américaine à Yaoundé.
Désormais, ce sont les Camerounais de tout bord qui vont descendre dans la rue, et ce, jusqu’aux artistes qui vont jouer la musique du refus américain. Certains iront jusqu’à s’installer dans le hall d’entrée de l’ambassade des États-Unis pour une grève de la faim, secondant ainsi l’ambassadrice américaine et demandant donc au président Biya de ne plus se présenter. Le 23 février 2008, c’est le principal parti d’opposition qui organise une manifestation contre la modification de la constitution pour permettre à Monsieur Biya de se représenter à la présidence de la République. Jusqu’au 29 février, la grogne va gagner tout le pays, mais pour des motifs d’augmentation de 1% du prix du carburant.
Ce que les manifestants ne savent pas durant ces jours-là, c’est que l’avenir de Monsieur Biya et du Cameroun tout entier sont en train de se jouer à quelques milliers de kilomètres, plus au sud du pays. Nous sommes le 28 février 2008, devant le parlement sud-africain dans la ville du Cap, le président français Nicolas Sarkozy tient un discours devant les parlementaires sud-africains où il annonce officiellement la révision des accords militaires de la France en Afrique dite francophone. Il va encore déclamer sa phrase fétiche :
« La France n'a pas à jouer un rôle de gendarme en Afrique (…) je vais procéder à la révision des accords de défense avec l'Afrique et ils ne seront plus confidentiels ».
Son homologue sud-africain, le président en fin d’exercice Thabo Mbéki, va le remercier chaleureusement de cette annonce, mais il va ajouter une phrase assassine : « Cela fait partie de la suite du processus de décolonisation en Afrique ». Une déclaration qui constitue une véritable confirmation du fait que les pays africains, dits indépendants en 1960, ne l’ont jamais été. Et nous allons voir plus loin pourquoi. Mais pourquoi une telle annonce peut-elle changer l’avenir du Cameroun ? Et que feront les stratèges de Yaoundé ? Pour répondre à ces questions, voyons un peu d’histoire.
ACCORDS DE DÉFENSE MILITAIRE ENTRE LA FRANCE ET LE CAMEROUN
Dans son livre intitulé "Les bamiléké au Cameroun: Ostracisme et sous-développement", à la page 159, Thomas Tchatchoua nous donne des détails très croustillants, même si tristes, très tristes de l'environnement dans lequel ont été signés par Amadou Ahidjo, tous les accords post-indépendance avec la France, y compris les fameux accords militaires. Il en résulte qu'après avoir fait écarter les Camerounais qui étaient avec Ahidjo, tous les conseillers chargés de négocier les accords avec la France étaient des Français. Ainsi, selon cette source, les accords de défense entre le Cameroun et la France ont été négociés, côté camerounais, par deux Français : Jacques Rousseau et Georges Becquey. C’est-à-dire que le pays France a négocié avec 2 Français, représentant le Cameroun de l'avenir du Cameroun. Un vrai cirque.
Et que stipulent donc ces accords confidentiels de défense entre le Cameroun et la France ?
Dans ces accords, « en échange de la protection militaire de la France », il est imposé au Cameroun de suivre les quelques indications suivantes :
a) Informer la France de la politique que les politiciens camerounais entendent suivre en ce qui concerne les matières premières et produits stratégiques, ainsi que des « mesures qu'ils se proposent de prendre pour l'exécution de cette politique » ;
b) Faciliter, au profit des forces armées françaises, le stockage des matières premières et produits stratégiques; et lorsque les intérêts de la défense l'exigent, « limiter ou interdire leur exportation à destination d'autres pays » ;
c) Le Cameroun doit réserver en priorité la vente de ses matières premières et produits stratégiques à la République française, après satisfaction des besoins de sa consommation intérieure, et s'approvisionner en priorité auprès de la France, etc.
d) Les accords mentionnent une liste de matières premières dites stratégiques qui appartiendront de fait à la France s'ils sont découverts sur le sol camerounais, notamment : les hydrocarbures liquides et gazeux, l'uranium, le thorium, le lithium, le béryllium, l'hélium, etc. De peur qu’à l'avenir, la science identifie certains minerais qui ne figuraient pas sur la liste, la France a pris soin de signifier que cette liste pouvait encore s'allonger sans trop de complication, en ces termes : « les modifications à cette liste feront l'objet d'échanges de lettres entre les parties contractantes ».
En des mots plus simples, avec ces accords signés par 2 Français sous la présidence d’Amadou Ahidjo, en 1960 et renouvelés en 1974, le sous-sol du Cameroun appartient à la France. On comprendra seulement bien après que même ce qui était au-dessus du sol appartenait aussi à la France, comme les plantations de café et de cacao, d’où le risque de prison pour toute personne qui tentait de couper ces plantes pour les remplacer par quelque chose de plus rentable. Et ce n’est qu’en 2009, après la signature des nouveaux accords que les Camerounais sont devenus libres de se débarrasser de ces plantations ingrates et inutiles que sont le café, le cacao et le coton.
NOUVEAUX ACCORDS DE PARTENARIAT DE DÉFENSE OU ACTE DE DIVORCE
La constitution du Cameroun est modifiée en mars 2008 et Biya peut se présenter à nouveau. Mais au même moment, il va jurer à ses interlocuteurs français et américains qui veulent son départ qu’il ne va plus se représenter. Tout ce qu’il veut maintenant, c’est l’abolition des accords de défense avec la France. Des indiscrétions proches de la présidence camerounaise, nous apprendrons plus tard que Biya avait même fait croire d’être à ce point malade qu’il ne pouvait même pas se rendre à Paris pour la signature des nouveaux accords, confirmant de fait à ses interlocuteurs français qu’il ne se représenterait plus. À Paris, on chuchote en coulisse que c’est même l’un des éléments déterminants qui va convaincre Nicolas Sarkozy d’envoyer son premier ministre à Yaoundé. Alors que pour tous les autres pays africains qui vont renouveler ces mêmes accords, leurs présidents seront obligés d’effectuer le déplacement à Paris.
Le 21 mai 2009, bingo ! C’est fait. C'est par communiqué de presse que nous avons été informés de la signature à Yaoundé entre le Président du Cameroun, Paul Biya et le premier ministre français François Fillon d'un accord instituant un "partenariat de défense". C'est un texte composé de 28 articles et d’une annexe, lui-même en 11 articles. Lorsqu'on compare ce texte à celui de 1974, et à celui signé en même temps, ou après, entre la France et d'autres pays africains, on peut dire que c'est l'acte officiel de divorce entre le Cameroun et la France. Il s'agit en effet d'un texte très vague, composé de grands principes propres à la diplomatie de la langue de bois, reprenant pour l’essentiel les accords-cadres de Lisbonne de 2007 entre l’Union européenne et l’Union africaine.
Qu'est-ce qui change entre l’ancien et le nouvel accord ?
- Avant, pendant 50 ans, il s'agissait des : "accords de défense et de coopération technique militaire", condamnés à rester secrets. Désormais, c'est plus court, ce sont les "accords de partenariat de défense".
- Avant, les accords étaient confidentiels. Désormais, ils sont publics, tout simplement parce qu'il s'agit dans ce cas d'un vrai accord de divorce et nous allons voir pourquoi.
- Toute la partie de contrainte pour le Cameroun et des matières premières dites stratégiques devant revenir automatiquement à la gestion de la France a tout simplement été supprimée des accords. Ce qui en langage du quartier Briqueterie à Yaoundé, veut dire que ce n’est que depuis 2009 que le Cameroun est réellement devenu indépendant et que Monsieur Biya n’est en réalité président du Cameroun que depuis cette année-là, pouvant donc librement disposer du sol camerounais sans l’accord préalable de la France. C’est ce qui explique la frénésie des contrats tous azimuts avec la Chine, ce qui était tout simplement impossible il y a 10 ans, lorsque l’Angola par exemple profitait de la manne chinoise pour relancer son économie.
UN ACCORD DE VRAI DIVORCE
À l’article 2 alinéa 2, on nous donne même le nombre maximum de militaires français qu’il peut y avoir sur le sol camerounais. Et ce nombre est de 15. L’accord va plus loin. Il nous indique même le travail de ces 15 militaires français présents sur le sol camerounais : ils doivent s’occuper uniquement de la logistique.
Il est même indiqué que si un militaire français vient au Cameroun former les Camerounais, il est obligé de porter la tenue militaire camerounaise et non française.
Un dernier détail montre que Biya voulait vraiment en découdre avec la France : le précédent accord avait une durée de 50 ans. Désormais, le nouvel accord n’a de validité que 5 ans renouvelable.
Il a été validé par le parlement français sous François Hollande en 2012, validité jusqu’en 2017.
Question : Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t’il accepté de signer un tel document aussi défavorable à la France ? Réponse : Sarkozy jusqu’à la fin de son mandat ne va pas soumettre ce texte au parlement français et il faudra attendre 2012, avec la venue au pouvoir de François Hollande, pour que cela se fasse. Sarkozy s’était donc rendu compte, très tard, d’avoir été roulé dans la farine par le président camerounais. Paul Biya avait promis et juré qu’il ne serait pas candidat aux élections présidentielles de 2011. Celui qui aurait dû venir après lui et remettre en question tous ces accords, attend encore très certainement dans un bureau, dans un aéroport, dans un hôtel ou dans une prison quelque part. Et les médias français relayés par leurs homologues camerounais naïfs qui auraient dû bombarder aux oreilles des Camerounais de l’exceptionnalité de ce sauveur de la patrie devront attendre 2017. Le seul problème est qu’en 7 ans de vraies libertés de mouvement des dirigeants camerounais, le pays est en train de se transformer en un véritable eldorado, grâce surtout à la nouvelle donne créée par les investissements chinois. C’est à ce titre que le choix des autorités chinoises et camerounaises d’inaugurer le chantier du port en eau profonde de Kribi avec une première enveloppe chinoise d’1 milliard de dollars, la veille même des élections présidentielles d’octobre 2011 n’était pas un pur hasard.
COMAPRAISON AVEC LA COTE D’IVOIRE
Pour comprendre qu'il s'agit bien d'un acte de divorce entre le Cameroun et la France, nous devons mener une autre comparaison et c'est avec l'accord que le président Gbagbo ne voulait pas signer et que le nouveau pouvoir à Abidjan a été très heureux de signer dès son arrivée au pouvoir en 2011. En tout cas, c'est par communiqué de l'Ambassade de France à Abidjan le jeudi 17 novembre 2011 que nous sommes informés que mercredi 16 novembre 2011, le nouvel accord de partenariat de défense a été parafé entre le nouveau Premier ministre et ministre de la Défense ivoirien, Guillaume Soro et l’ambassadeur de France, Jean-Marc Simon. Au premier chef, on constate que ces accords confirment le maintien des troupes françaises sur le sol ivoirien, même si réduit de moitié de 700 personnes à 350. C'est en tout cas, ce que dit le texte, réduction due surtout aux raisons économiques, car la France n'a plus les moyens de tenir beaucoup de militaires dans le pays. Mais ce qui attire notre attention est la raison évoquée pour cette présence : "Une présence militaire pour assurer la protection des ressortissants français en cas de crise, mais aussi pour former les forces ivoiriennes." La question que même nous les « pousseurs » ne pouvons ne pas nous poser est celle-ci : pourquoi la France a-t-elle besoin d’une base militaire à Abidjan pour la sécurité des Français dans ce pays alors qu’elle n’en ressent nullement le besoin pour le Cameroun ? Pourquoi pas une base au Vietnam ou au Cambodge et l’Inde ? Les Ivoiriens sont-ils si dangereux ? La réponse est que la base militaire française en Côte-d’Ivoire est la preuve-même de l’amateurisme de plusieurs générations de politiciens français, incapables de comprendre que la vraie guerre est aujourd’hui économique et non militaire. S’il y a 10 ans on avait demandé à un Ivoirien ce qui dans sa maison provient de France, il serait arrivé à un pourcentage de 80%. Aujourd’hui, ce pourcentage est ravi par la Chine avec ses produits moins chers et elle n’a nullement besoin de poster une base militaire à Abidjan pour gagner cette bataille économique,
À la lumière donc de ce développement sur le nouvel accord entre la France et le Cameroun, désavantageux pour la première partie de par ses besoins impérialistes, on est sur le point de se demander si on a des raisons de se poser cette question, vue une actualité récente concernant la crise en RCA : Pourquoi passer par le Cameroun et non directement par avion pour Bangui?
5- LA FRANCE PEUT-ELLE PROFITER DE LA CENTRAFRIQUE POUR DÉSTABILISER LE CAMEROUN ?
La réponse est décidément non. D'abord parce que je crois que les conseillers de François Hollande sont suffisamment intelligents pour comprendre que la France perdrait dans une confrontation militaire avec le Cameroun sur un probable théâtre de guerre dans ce pays. L'exemple de l'Afghanistan est là pour nous enseigner que le plus puissant n'est jamais suffisamment fort pour plier le plus faible, surtout si le théâtre des opérations se déroule chez le plus faible.
Ensuite, il y a le volet financier. En guerre, celui qui attaque doit dépenser au moins 100 fois plus que celui qui se défend. Et si ce dernier est sur son propre territoire avec un minimum d'entrainement et d'équipements adéquats, il faut multiplier la contrepartie des coûts pour l'assaillant au moins par 10 encore. Et pour l'instant, les problèmes financiers de la France ne lui permettent pas de s'engager dans une aventure militaire suicidaire au Cameroun. Surtout que le Cameroun n'est pas le Mali, et encore moins la Centrafrique.
Sur le plan militaire, les nouveaux équipements russes permettraient de venir à bout de l'occupant français en très peu de temps, parce que les hélicoptères de combat français ne sont pas adaptés au terrain camerounais. Pour comprendre pourquoi et comment, faisons d'abord un saut au parlement français.
LES STRATÈGES FRANÇAIS SONT-ILS DES CANCRES, MÉDIOCRES EN ARITHMÉTIQUE ?
Au cours préparatoire, c'est à dire, à nos enfants de 6 ans on enseigne en arithmétique que 1+1 = 2 ; 2+2 = 4 ; 4-3 = 1. À partir du CM1, c'est à dire à nos enfants de 9 ans, on y ajoute des "problèmes" un peu complexes du style : en élevant 10 poules auxquelles je donne chaque jour 5 litres d'eau, si j'en vends 4, combien me reste-t-il ? Et combien de litres d'eau par jour aurai-je donc besoin pour nourrir le restant des poules ? Réponse des enfants : Il restera 6 poules. Et pour les abreuver, il faudra 3 litres d'eau chaque jour. Vous ne me croirez pas et je vous donne raison, mais c'est pourtant à ce genre de problèmes que les stratèges de l'armée française ont récemment obtenu un zéro pointé. En tout cas, ce ZÉRO n'a pas été attribué par un pauvre et insignifiant camerounais, ex-pousseur et vendeur d'arachides à la sauvette comme moi, mais par ce qu'ils appellent là-bas en France "Les Sages de la Rue Cambon" ou prosaïquement appelé : La Cour des Comptes. Cette dernière dans son rapport rendu public le 15 octobre 2013 dernier, nous dresse l'état comptable et financier lamentable d'une armée française sans réelle visibilité stratégique pour l'avenir, où personne ne contrôle ni ne maîtrise plus rien du tout.
L'histoire démarre en 2008 durant la présidence de Nicolas Sarkozy qui en pleine crise économique, décide de mettre l'armée à contribution en baissant son budget de 1,1 milliard d'Euros durant son quinquennat. Il pose alors la question aux stratèges économistes du ministère français de la Défense en ces termes : de combien devrais-je réduire l'effectif de l'armée française si je veux réaliser une économie de 1,1 milliard d'Euros ? Réponse : de 23 000 militaires en 2 ans. Le président l'approuve et de 2009 à 2011, il va réussir à baisser l'effectif de l'armée française à 23 000 unités. Et de combien était l'économie ? Je vous jure que je ne mens pas : non seulement il n'y a pas eu d'économie, mais en plus, les dépenses ont augmenté d‘1 milliard d'Euros. Comment ont-ils pu se tromper à ce point aussi grossièrement ? C'est simple. Ils ont confondu la "moyenne" et la "médiane". On n'a pas besoin d'aller à l'université pour l'apprendre. Je l'ai appris en statistiques en classe de seconde BG au lycée technique de Douala. Ils ont juste fait la "moyenne" des salaires et on coché sur une liste au hasard des noms de militaires à renvoyer, alors qu'ils auraient dû utiliser la "médiane" pour déterminer le salaire pour lequel la moitié des effectifs gagne au-dessous, et l’autre moitié gagne au-dessus de cette valeur. Cela aurait tout simplement permis de se rendre compte qu'il ne servait à rien de réduire le nombre de militaires même de 23 000 unités en ciblant uniquement ceux en dessous de cette médiane, car cela n'aurait en rien fait changer le chiffre qu'on voulait affecter. En d'autres termes, ils ont diminué de 23 000 les militaires de bas rang que l’on appelle ici au Cameroun les sans Gallon. La somme de leurs salaires était plutôt minable. C'est une erreur de débutants.
Cela peut justifier qu'on ne baisse pas de beaucoup la dépense prévue, mais pas de l'augmenter. Oui, c'est vrai. Les stratèges français ont commis une autre erreur très grave, ce qui est impardonnable lorsqu’elle est faite par des personnes qui travaillent pour les forces armées d'un pays. Le président Sarkozy a en toute bonne foi fait confiance à ses meilleurs experts. Et c'est là que se situe le problème de la qualité des meilleurs experts français dans le domaine militaire. Un militaire avant d'entrer en guerre est supposé tenir compte de tous les paramètres et les analyser méticuleusement. Malheureusement dans cet exemple, ces experts français ont fourni à leur président une analyse tronquée et erronée d'une information capitale : dans les rémunérations des militaires français, il existe une sorte de mafia appelée PRIMES qui est au nombre de 174 différentes et où personne n'y comprend rien du tout. En plus, cette machinerie compose les 38% de la masse salariale des militaires français. Il n'est pas toujours clair pourquoi un militaire bénéficie d'une prime et son collègue non. Ce qui fait dire à la Cour des comptes, dans la conclusion de ce rapport à la mi-octobre 2013 :
"Le système indemnitaire des militaires français est trop complexe, peu lisible et difficilement contrôlable (...) Un toilettage des primes pour supprimer celles qui n'ont plus de raison d'exister s'impose. En outre, il conviendra de mettre fin à un certain nombre de pratiques contestables. (...) Aucune analyse complète n'a été réalisée depuis 2009, ce qui est préjudiciable à la maîtrise de la masse salariale. (...) En outre, la multiplicité des primes entretient une dynamique inflationniste et induit un coût de gestion. Intrinsèquement, l'absence de visibilité du régime indemnitaire et la difficulté de vérifier la réalité de certaines primes rendent le système hors contrôle".
Mais ces problèmes, nos stratèges français le savaient-ils ou non ?
Que la réponse à cette question soit oui ou non, cela n'augure rien de bon. Ce dont j'ai plutôt peur est qu'en cas de guerre entre la France et le Cameroun, que ces stratèges envoient les militaires français bombarder Downing Street, le siège du premier ministre britannique où réside un certain Cameron. Parce qu'ils auront tout simplement confondu "Cameroun", le pays, avec "Cameron", l'homme, le premier ministre du Royaume-Uni. Et même s'ils trouvaient la bonne cible, seraient-ils en mesure d'en évaluer les capacités défensives et surtout les intentions offensives ? C'est pourtant ces deux mots magiques qui sont inscrits dans l'acte de renvoi avec lequel le commandement américain l’US Marine Corps (USMC) a utilisé comme motif, le 30 septembre 2013, pour expliquer le licenciement de 2 de ses meilleurs généraux, les majors généraux Charles Gurganus et Gregg Sturdevant. Ils se sont trompés de calculs et de jugement lorsque dans la nuit du 14 au 15 septembre 2012, un commando de 12 talibans avait réussi à s'infiltrer et à détruire 6 des très couteux avions de combat Harrier (plusieurs centaines de millions de dollars), dans le camp Bastion en Afghanistan, où dormaient 28 000 militaires de l'OTAN dont le prince Harry, qui certainement ronflait à cette heure tardive de la nuit. Ces deux généraux avaient trop fait confiance à leur présumée supériorité militaire sur de soi-disant talibans primitifs vivant dans des grottes afghanes. Ils avaient tout misé sur leur matériel militaire et de sécurité qui sont les plus couteux et les plus sophistiqués au monde, matériels parmi lesquels on peut citer des capteurs allant des caméras thermiques aux radars de détections de mouvement, on pourrait aussi y ajouter des miradors. Mais ils avaient oublié d'y inclure d'autres variables comme les renseignements humains. En guerre donc, le plus puissant n'est pas toujours capable de faire plier le plus faible, surtout s'il s'embrouille dans des petits calculs d'arithmétique élémentaire.
LES FORCES DE L'ARMÉE CAMEROUNAISES
Pour revenir au Cameroun, depuis la signature des nouveaux accords de défense avec la France, mettant fin à 50 ans de servitude volontaire du Cameroun à la France, c'est le 28 août 2013 que le virage à 180° du Cameroun va s'opérer avec la signature avec la Russie d'un contrat de livraison de 130 unités de matériels militaires dont de fameux hélicoptères Mi-17. Auparavant, ce sont les hélicoptères Lynx et Puma de fabrication française qui équipaient l'armée camerounaise et en cas de conflit ouvert avec la France, cette dernière aurait eu un avantage considérable puisque pouvant anticiper tous les gestes des Camerounais. Avec le matériel russe, et de loin plus moderne et adapté à nos réalités d'autonomie et d'entretien, plus rien ne sera comme avant. Un mois avant, le 15 juillet 2013, c'est la société Airbus Military qui nous annonçait avoir livré au Cameroun le CN235, commandé en juin 2012 par le Cameroun. Lorsqu'on consulte le catalogue des avions de Airbus Military, pour savoir à quoi correspond ce CN235, on peut lire qu'il s'agit d'un avion de « transport tactique et logistique » c'est à dire, exactement comme l'autre avion, cette fois-ci chinois, le MA60, livré à Yaoundé, en 2012, un an plus tôt par le directeur général de Avic Xiang Aicraft en personne.
Au moment où le Cameroun réceptionnait son premier avion militaire chinois, c'est au même moment, en juillet 2012 que le ministre camerounais des Transports, Robert Nkili commande la version à 48 places du même avion : MA60. Il règle la note de 61 milliards de Francs CFA, soit, 930 millions de Yuan RMB. Le gouvernement chinois offrira même un 3e gratuitement, suscitant d'inutiles polémiques chez les journalistes camerounais en mal de scoop. Ce qui nous intéresse est par contre un fait très grave. En 2013, au moment de livrer ces 3 avions chinois, on se rendra simplement compte que selon les lois camerounaises, un avion non européen ou non nord-américain ne peut pas être immatriculé en République du Cameroun. C'est la preuve, même qu'envoyer des enfants étudier dans un pays occidental signifiera au final, importer même la pensée prédatrice de ce pays, puisque dans notre cas, les experts camerounais qui ont rédigé les dispositions légales ont tous étudié en Europe et en Amérique du Nord et ont donc mis dans la loi camerounaise qu’un avion pour être immatriculé en République du Cameroun doive être fabriqué en Europe ou en Amérique du Nord. C’est la preuve de la force du maître qui pour continuer de rester le maître doit devenir le droit, dit Rousseau.
Le ministre Nkili annoncera dans la foulée et en toute précipitation ceci : « J’ai signé un arrêté qui incorpore ce type d'appareil dans la réglementation camerounaise ». Il pratique bien la langue de bois monsieur le ministre, qui aurait dû dire plutôt : « ce type d'appareil non européen ou non nord-Américain ». En tout cas, dans sa conclusion il va se trahir un peu plus : « l’autorité aéronautique camerounaise va délivrer ce que nous appelons les numéros d’immatriculation. Numéros qui seront communiqués très rapidement à Beijing en Chine. La formation va démarrer : les pilotes, les stewards…et l’avion viendra ». Résultat : un an de perdu. La Boétie avait raison, des humains nés dans l’esclavage sont contents de le rester.
COOPÉRATION MILITAIRE AVEC LA CHINE
Aussitôt signés les « accords de divorce » entre le Cameroun et la France en MAI 2009, c’est la Chine qui va montrer les couleurs avant la fin de l’année 2009, ce sont bien 14 équipes d’experts militaires chinois qui vont fouler le sol du Cameroun, pour un total de 180 hauts gradés de l’armée chinoise. Ce décompte nous parvient du ministère chinois de la Défense, par un communiqué publié en décembre 2009 qui annonce en même temps, la livraison d’importants stocks d’armement d’attaque à l’armée camerounaise. Nous apprenons par la même source que la Chine a fourni à la Gendarmerie camerounaise des casques de protection, des matraques et des boucliers pour le maintien de l’ordre public. Alors que l’École internationale des forces de sécurité (EIFORCES) d’Awaé (près de Yaoundé), reçoit, elle un don de 210 millions de Francs CFA. L’Eiforces forme des officiers camerounais qui à la sortie bénéficient désormais presque tous d’un stage de perfectionnement en République Populaire de Chine.
Le ton est donné. La Chine tient à faire comprendre à la France qu’au Cameroun, plus rien ne sera comme avant. Le 16 décembre 2010, le président Biya reçoit Monsieur Jia Xiaoning, Général de division, de l’armée populaire chinoise et directeur adjoint du bureau des affaires étrangères au ministère chinois de la Défense nationale.
D'après une information publiée par le quotidien gouvernemental "Cameroon Tribune" du 17 décembre 2010, sous la signature de monsieur NDZINGA AMOUGOU, le Général Xiaoning aurait profité de cette visite, pour rencontrer tout ce qui compte de robuste dans la sécurité du Cameroun.
Ce comportement déraisonnable est la représentation de la conséquence de la goutte d’eau qui continue de creuser inexorablement dans la roche dure. Et comme cela que les humiliés et les faibles d’hier deviennent les forts, les puissants de demain, alors que les forts d’hier se transforment inexorablement en les faibles du futur. Dans une confrontation de force dans le précarré du Cameroun, il n’est pas certain que la France ait gain de cause. Sa difficulté à venir à bout de quelques rebelles dans un pays réputé, comme étant le seul en Afrique sans armée véritable, on peut se demander ce qui se passerait si la France devait affronter une vraie armée comme celle camerounaise.
QUE VAUT L’ARMÉE FRANÇAISE EN AFRIQUE CENTRALE ? UNE ARMÉE BOUT DE FICELLE !
L’armée française est une armée « bout de ficelle », ce n’est pas moi qui le dis, mais le colonel Jacques Bessy, Président de l'Adefdromil (une association des gradés de l'armée française à la retraite, créée en 2001), dans une interview diffusée le 22 avril 2014 sur les ondes de la radio publique française en continu : France-Info. Ils parlent au nom des soldats, car le droit de réserve leur interdit de parler, de se plaindre de leurs conditions déplorables de travail. Voici ce que le Colonel Jacques Bessy déclare à France-Info pour décrire les conditions lamentables de l'armée française en Centrafrique :
"Les fantassins ne réclament pas grand-chose finalement. Juste du matériel qui tient la route, des équipements – des radios par exemple – qui fonctionnent. C'est clair que la plus grosse inquiétude porte sur le matériel roulant. Les véhicules de l'avant blindé sont fatigués, en fin de vie. Souvent, quand les pièces s'usent. Il faut désosser deux véhicules pour en faire un seul. C'est ce qu'on appelle la cannibalisation du matériel. Tout cela alourdit les opérations et cela mine le moral. C'est grave, car le moral, c'est capital dans une armée en opération. Sans le moral, il y a une baisse de vigilance, et c'est là qu'on augmente le risque de se laisser surprendre".
Sur Facebook, ce sont leurs familiers qui prennent le relai de l'Adefdromil et parlent pour eux. Voici 4 témoignages de mamans de garçons des 2000 militaires français opérant en Centrafrique, recueillis par la même édition de France-Info:
a) "Nous, les familles, on en a assez d'être toujours dans une inquiétude qui n'est pas forcément justifiée. Oui c'est leur choix d'avoir embrassé cette carrière. Mais ils n'avaient pas signé pour de telles conditions d'intervention. Ce sont nos enfants, nos maris, nos frères, des hommes courageux. Ils sont dignes de disposer d'un meilleur matériel et de conditions décentes de vie sur le terrain. Moi comme beaucoup de Français, je paye des impôts et je me demande où passe l'argent alloué à la défense"
b) "Nos garçons racontent qu'ils doivent frapper très fort le démarreur avec une barre de fer pour essayer de faire repartir ces VAB (véhicules de l'avant blindé). Quelquefois, cela fonctionne. Quelquefois pas. Et il faut espérer qu'à ce moment-là, ils ne soient pas pris pour cible par des insurgés. On sait que les mécanos commandent souvent des pièces qui n'arrivent jamais. Car ce sont des modèles de pièces épuisés ou parce que tout simplement, il n'y a pas l'argent. Mes fils me disent parfois qu'ils ont le sentiment qu'un jour on finira par leur demander d'aller au front avec un bâton"
c) "Dès son arrivée, voyant qu'il devait dormir sous la tente sans climatisation, mon fils a fait comme quantité de soldats là-bas. Il est allé au marché de Bangui et il s'est acheté son propre ventilateur pour que ses nuits soient plus supportables. Il l'a payé avec son propre argent. C'est le cas d'ailleurs aussi pour beaucoup de ses affaires : son gilet à poches, ses chaussures, son sac à dos. Tous ces équipements-là, il les a achetés sur Internet ou dans des boutiques spécialisées en France. Car les équipements qui leur sont fournis par l'armée sont de mauvaise qualité. Ces sont des 'premiers prix', les coutures cèdent, les semelles se décollent, ça n'est pas fiable pour une mission de plusieurs mois à l'étranger", et l'éditorialiste de la radio France-Info d'ajouter comme une fatalité : "On se souvient aussi de la polémique sur les chaussures dont les semelles fondaient au contact du sol au nord Mali".
d) "On circule dans des véhicules sans blindage dans des zones pourtant sensibles. Alors on fait avec les moyens du bord : on prend des gilets pare-balles et on les déplie sur les portières en guise de protection. À l'arrière, là, on met des sacs de sable pour arrêter les balles."
Dans une "Question écrite" n° 11410 adressée au ministre français de la Défense, du Député UMP, M. Christian Cambon (Val-de-Marne - UMP) après avoir séjourné du 14 au 15 avril 2014 avec l’armée française en Centrafrique, Question publiée à la page 977 du Journal officiel Sénat du 24/04/2014, voici ce que dénonce le parlementaire, au sujet des conditions de vie "très précaires" de ces soldats français qu’il a rencontrés en Centrafrique :
"Leurs repas sont rarement chauds et restent très frugaux. Ils ont peu d'espace disponible au camp et deux douches sont en fonctionnement pour tout le camp (de M'Poko). Il n'y a pas de moustiquaires sauf pour l'hôpital alors que la saison des pluies favorise la prolifération des moustiques et le risque de paludisme. Le matériel médical est contingenté pour des soldats soumis aux piqûres d'insectes, aux infections et à des désordres intestinaux. Les conditions sont moins difficiles que dans les camps de réfugiés, mais une armée comme celle de la France ne doit pas faire subir de telles contraintes à ses soldats. "
Comme on peut bien le constater, ces conditions précaires ne sont même pas dues à des raisons financières, mais plutôt de la difficulté d’adaptation d’une armée étrangère sur un terrain qui n’est pas le sien. Essayez de transposer la même armée de Centrafrique vers le Cameroun pour combattre le BIR (Brigade d’Intervention rapide) du Cameroun. On n’a pas besoin d’être un stratège militaire pour savoir comment cela va se terminer : une défaite lamentable de la modeste armée française.
L’ARMEE NATURELLE CAMEROUNAISE : LES MOUSTIQUES, LES SERPENTS ET LES RELIEFS
Le jour où j’ai appris que les stratèges camerounais étudiaient en secret comment développer l’arme de la résistance aux moustiques d’une brigade spéciale, cela m’a fait sourire. Mais c’est en lisant les différents témoignages montrant qu’en Centrafrique, les militaires français ne meurent pas parce que les balles ennemies les ont atteints, mais beaucoup plus parce qu’ils ont été victimes du paludisme, que j’ai réalisé c’est moi qui n’avais rien compris. Car à bien y regarder de plus près, ces militaires camerounais sont nés dans un environnement plein de moustiques et la sélection naturelle aidant, ceux qui étaient plus faibles sont déjà morts et ceux restés en vie, sont vraiment très résistants à différentes maladies. Ce qui n’est pas le cas de la plupart des militaires français qui, pour beaucoup, découvrent pour la première fois en Centrafrique, un moustique- tigre. Il s’agirait comme pour préconise Sun TZU, gagner la bataille sans combattre, puis dans ce cas, le Général Moustique aurait fait une bonne partie du travail à la place de l’armée camerounaise.
CONCLUSION
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Dans une éventuelle confrontation militaire entre le Cameroun et la France. La France va certainement perdre sur le plan de la force. Mais qu’en est-il sur le plan de l’aliénation des Camerounais ?
Si vous présentez deux propositions de travail à des jeunes camerounais, l’un émanant d’un Camerounais et l’autre émanant d’un Français, la très grande majorité d’entre eux vont préférer d’aller travailler pour le Français. Si vous demandez à des Camerounais de choisir entre la religion camerounaise du culte des ancêtres et le christianisme apporté par les Français, pour soulager les difficultés des colons qui avaient du mal à s’imposer, la quasi-totalité vous répondra qu’ils préfèrent de loin la religion des Français, le christianisme. J’ai vu au marché central de Douala, les femmes préférer acheter un sac à main usé, dit de la friperie, à un sac neuf, moins cher venu de Chine. Elles sont convaincues qu’un sac usagé, pouvant même contenir des microbes de leurs anciens propriétaires, passés de vie à trépas, est plus chic et donc ont plus de valeur à leurs yeux. Nous revenons au problème de la perception. Sur ce plan, la France reprendrait immédiatement le dessus, parce qu’elle dispose de plusieurs leviers à faire actionner en cas de conflit avec les autres pays non européens. La longue file d’attente pour obtenir un visa pour la France devant l’Ambassade au Cameroun est la preuve qu’il n’y aura pas de guerre entre le Cameroun et la France. Ceci tout simplement parce que ce sont les Camerounais qui risquent de prendre les armes pour lutter contre leur propre gouvernement, parce qu’un tel conflit s’il s’éternise, risque de pénaliser toutes ces personnes qui ne mangent que français, boivent français et pissent même français, je suppose.
Jean-Paul Pougala
(Ex-Docker clandestin)
Bafoussam, Cameroun le 15/05/2014-------