Lorsqu’Abélard et Héloïse sont séparés de force, les deux amants ne vont plus jamais se revoir. Et pourtant, ils vont maintenir le contact à travers une correspondance secrète très fréquente pour témoigner leur affection l’un pour l’autre. C’est la lecture de ces lettres aujourd’hui conservées qui peut nous permettre de comprendre l’influence d’Héloïse sur les œuvres d’Abélard. Par exemple, dans son livre « Scito te ipsum » (Connais-toi toi-même) publié en 1139, il emprunte une idée qui lui vient d’une correspondance qu’il a reçue d’Héloïse dans laquelle il trouve que la morale est fondée sur l'intention et non sur les actes effectifs, pour réfuter le fait qu’un Pape peut nommer un saint sur la base de ses actions, puisqu’en définitives, il n’y a que Dieu pour savoir ce qui lui passait réellement dans la tête. Il écrit : « Car, non ce qui se fait, mais dans quel esprit cela se fait, voilà ce que pèse Dieu. » Remarquez la ressemblance. Dans la lettre d’Héloïse, cette dernière lui avait écrit : « La culpabilité n'est pas dans l'acte mais dans la disposition d'esprit. La justice pèse, non les actes, mais les intentions. Or mes intentions à ton égard, tu es le seul qui peut en juger, puisque tu es le seul à les avoir mises à l'épreuve. »
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