Lorsque j'étais étudiant en Italie, pour les rares fois que je me rendais dans mon pays le Cameroun, j'étais toujours surpris qu'à mon retour, je reçoive la même paire de sandales de 10 personnes différentes qui ne se sont pourtant pas consultées pour décider de m'énerver. J'ai mis des années pour comprendre que cette bizarrerie n'était que le fruit d'un désert de créativité artisanale aussitôt que ceux qui avaient étudié avaient abandonné au moins lettrés et aux analphabètes le secteur de la manualité artisanale. Plus tard, en arrivant en Chine, et mis en face du sérieux que toute la société chinoise avait accordé à l'artisanat, avec un dynamisme très poussé, j'ai vite compris que ce sont les dirigeants africains dans leur ensemble qui n'avaient rien pigé à l'artisanat qui pour eux se résumait au bricolage du bois avec une mauvaise finition, reproduisant les mêmes et seuls motifs des masques, des mêmes animaux et la pirogue. C'était comme se trouver devant un écran de télévision qui beugue et que la seul image qui ne veut pas quitter cet écran de la répétition nauséabonde des mêmes masques en bois pauvre, est la photographie de notre imagination restée figée aux premières heures de la violence coloniale européenne en Afrique.
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