1- Dimension de l’État : plus un état est grand, moins il peut être démocratique. Pour Rousseau, l’État doit être très petit afin que le peuple soit facile à rassembler et que chaque citoyen puisse aisément connaître tous les autres. Avant donc de faire voter les gens, il faut s’assurer que chacun connaisse tous les autres, sans quoi voter pour voter est un acte dénué de tout fondement démocratique, c’est un simulacre de démocratie pour élire un dictateur. La structure de l’organisation de l’État libyen se fonde sur une base tribale qui regroupe par définition le peuple en de petites entités. Le sentiment démocratique est plus présent dans une tribu ou dans un village que dans un vaste État, parce que le fait que tout le monde se connaisse et que la vie tourne autour des mêmes points communs apporte une sorte d’autorégulation, d’autocensure même pour peser à chaque instant la réaction ou la contre-réaction des autres membres, pour ou contre les opinions qu’on peut avoir. Sous cet angle, c’est la Libye qui répond le mieux aux exigences de Rousseau, ce qu’on ne peut pas dire de même pour les États-Unis d’Amérique, la France ou la Grande-Bretagne, des sociétés fortement urbanisées où la majorité des voisins ne se disent jamais bonjour et donc ne se connaissent pas, même en vivant côte à côte pendant 20 ans. Dans ces pays, on est passé directement à l’étape suivante : « le vote » qu’on a malignement sanctifié afin de faire oublier que ce vote est inutile à partir du moment où on s’exprime sur l’avenir d’une nation sans en connaître ses membres. On est ainsi arrivé jusqu’à la bêtise du vote des citoyens vivant à l’étranger. Se connaître et se parler est la condition essentielle de la communication pour le débat démocratique qui précède toute élection.
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