Je le répète , l'esclavage est un mal en lui-même : mais il en est tant d'autres que la nécessité et des motifs de bien général commandent également. Entre plusieurs maux, il faut choisir le moindre. Ruiner la France, anéantir son commerce et sa marine, et réduire plusieurs millions de Français à l'inaction et à la misère, n'est pas un malheur moins grand que de tenir quelques cent mille Africains dans une servitude, qui n'était pas à la vérité la même pour tous, mais qu'il était si facile de rendre douce et tolérable. Il eût toujours été temps de les rendre à une liberté indéfinie, lorsqu'on aurait éprouvé l'insuffisance de tout autre moyen. Qu'on fasse autant de bien qu'on le pourra à des hommes que personne plus que moi n'a cherché à rendre intéressants, et dont nul n'a plus excusé les mouvements ; mais qu'on respecte par-dessus tout, les grands intérêts de la patrie déjà cruellement ébranlés par le choc des passions, et que les calculs d'une fausse philanthropie menacent d'anéantir tout-à-fait. C'est en leur nom que je combats les chimères qu'on s'efforce, par perfidie ou par ignorance, de leur substituer. Ce louable motif m'anime et me fait braver la calomnie qu'on m'accuse autant qu'on voudra de n'être occupé que des miens, j'ai du moins pour moi que nos intérêts communs sont inséparables, et j'ai la certitude qu'elle ne peut que perdre à ma propre ruine, comme je ne puis, dans tous les cas, que gagner à sa prospérité.
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