Il est probable que le Cameroun anoncera que Paul Biya a gagné les élections, parce que je ne crois pas depuis le début qu’un homme de 92 ans qui a fait 43 ans au pouvoir, se porte candidat de nouveau pour ensuite annoncer qu’il a perdu. Mais cela ne doit pas nous empêcher de mener une analyse froide pour les camerounais qui naitront dans dix, vingt ou même dans cinquante ans. Pourquoi depuis le début, j’étais convaincu que Paul Biya n’avait pas une seule chance sur 1000 de battre Issa Tchiroma dans les urnes ? Il y a quelques semaines, avant de venir ici en Chine, je me trouvais à Bafang, lors du lancement de la campagne électorale, la sénatrice de la ville du parti au pouvoir du président Paul Biya, organisait son meeting de lancement de la campagne. Une semaine auparavant, elle était apparue sur une vidéo, promettant l’expulsion de la ville de Bafang, de toutes les personnes non originaires de Bafang, dans le langage suprématiste camerounais, appelées « Allogènes », seraient chassées de la ville, si le président sortant perdait les élections. Après la stupéfaction que ces propos avaient suscitée, j’ai plutôt eu comme l’impression que la cérémonie qui se déroulait ce jour-là à coté du siège de notre école, la Pougala Academy, sur la place de l’indépendance, en face du tribunal de Bafang, servait plutôt à faire oublier la gaffe des jours précédents, qu’à démarrer une vraie campagne. J’ai pris la peine d’écouter les propos de la sénatrice, du haut-parleur parce que j’étais sidéré qu’au moment où elle faisait son show électoral, de ma fenêtre je filmais la réaction dans le tribunal qui était en cours et où les gens avaient du mal à se faire comprendre dans un procès en cours ce jour-là à Bafang. Et tout ce que j’entendais était tout sauf ce qu’il fallait faire pour la campagne d’un président sortant qui avait au contraire un bilan à défendre, à mon avis. La seule chose qui a varié entre le début du show et la fin, pour la distribution des cadeaux aux élèves méritants des écoles, le prétexte du jour, était l’apparition d’un poster géant de monsieur Paul Biya.
Lire le contenu