Dans son livre « Super Impérialisme, la stratégie économique de l’impérialisme américain» publié en 1972, l’économiste américain Michael Hudson nous explique qu’un nouveau système économique ne s’impose qu’en tuant l’ancien, devenu insupportable, pour ceux qui en sont victimes. Il affirme que le colonialisme financier des Etats-Unis à la première guerre mondiale, a mis fin à l’impérialisme militaire et industriel du Royaume Uni, en se transformant progressivement en impérialisme financier mis en œuvre en 1944, avec la création de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International. Le professeur d’économie, Michael Hudson insiste dans son livre sur un détail : la Banque Mondiale avait été créée pour aider les autres pays à se développer et surtout les pays pauvres désignés « pays en voie de développement », à se mettre sur la voie du développement, justement. Mais, les Etats-Unis, à travers la Banque Mondiale ont fait un choix : ne financer ces pays pauvres que pour des productions inutiles à eux et inutiles au commerce mondial et qui par conséquent, ne leur aurait jamais permis de rembourser leurs dettes. Ce stratagème de pousser les pays vers des secteurs économiques non viables a généré comme on pouvait s’y attendre, des dettes qu’on savait dès le départ qu’ils ne peuvent pas rembourser. Et c’est  cette dépendance financière perpétuelle des Etats-Unis sans possibilité de s’en débarrasser qui a permis de mettre sur pied l’impérialisme financier des Etats-Unis, grâce auquel le pays peut vivre sur le dos du monde entier, puisque tous ces pays, encore aujourd’hui, bradent toutes leurs vraies ressources, sur lesquelles ils n’ont jamais investi ni leurs universités, ni leurs recettes fiscales dans l’espoir de sortir de la misère. Pour qu’une telle spoliation soit perpétuelle, le professeur Michael Hudson nous révèle que la Banque Mondiale a procédé par des études sectorielle pays par pays, appliquer une politique l’exact contraire de ce qu’il aurait fallu faire pour sortir ces pays de la pauvreté. Toutes les études sur l’Amérique du Sud et l’Afrique disaient que pour développer ces pays, il fallait procéder comme aux Etats-Unis à une reforme agraire, qui a pris le nom de Agricultural Act aux Etats-Unis, et qui a permis à ce que depuis la deuxième guerre mondiale jusqu’à nos jours, la balance des paiements des Etats-Unis repose sur deux produits : les exportations des produits alimentaires et le contrôle des produits pétrolier. Chaque études concluaient en suggérant qu’il fallait faire comme l’Agriculture Adjusment Act des Etats-Unis  : Organiser fortement le soutient gouvernemental à l’agriculture, pour soutenir en priorité la production céréalière, pour se nourrir soit-même d’abord, et devenir indépendant. La Banque Mondial, avec ce rapport en main, a fait le choix de ne pas prêter l’argent pour financer  la production céréalière, car vu son cycle de production court, ces pays auraient très vite remboursé leurs dettes et le mécanisme de spoliation aurait échoué.  Mais plutôt pour pousser tous les pays pauvres vers la dépendance du commerce international pour survivre mois après mois. Et c’est là qu’est intervenue le Fond Monétaire International, pour expliquer aux pays qu’ils peuvent rembourser leurs dettes à la Banque Mondiale très facilement, tout simplement en baissant le coût du travail, en imposant l’austérité sur les comptes publiques, ne pas creuser de déficit, diminuer l’intervention de l’état, alors on aurait suffisamment d’argent pour rembourser les dettes contractées avec la Banque Mondiale. Cette politique du FMI, affirme toujours le professeur Michael Hudson, visait clairement l’objectif atteint d’empêcher les pays pauvres de disposer de la moindre capacité de se financer eux-mêmes. Or, ils étaient tous tenus d’appliquer ces recommandations, puisqu’ils ont la corde au cou, de la nécessité de rembourser les dettes qu’ils ont contractées pour financer leurs déficits commerciaux avec les Etats-Unis, et leurs pays vassaux de l’Europe, pour acheter les médicaments,  les machines agricoles, les intrants agricoles pour du café, cacao, coton, caoutchouc. Entre 1945 et 1955, en seulement 10 ans de cette politique, le stock d’or des Etats-Unis représentait 80% de l’or monétaire mondial. C’est comme cela que les Etats-Unis ont financé toutes les 750 bases militaires dans le monde dont le but était essentiellement de faire peur à tout pays qui tenterait à vouloir se passer d’un tel système de spoliation.
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