Ceux qui ont écrit la Bible et le Coran n’avaient certainement pas pris des cours de physique, juste la partie introductive sur l’origine des planètes pour comprendre que rien ne s’est créé et puis, que les choses sont un tout petit peu plus compliquées qu’ils ne pouvaient l’imaginer.  Mais un homme de l’église l’avait pourtant si bien compris, un certain Giordano Bruno, lorsqu’il déclare que le ciel n’existe pas et que si on peut penser que tout ce que nous voyons a été construit par un Dieu, il serait tout aussi intelligent de penser que dans ce cas, il n’est pas le seul Dieu de l’Univers, parce que ce dernier étant par définition infini, il serait raisonnable que dans son infinité, qu’on y trouve d’autres planètes, d’autres soleils et donc d’autres Dieu.  Le 17 février 1600 à Rome, après 8 ans de procès, dénudé et sa langue clouée sur un morceau de bois, cette affirmation vaut à Giordano Bruno, d’être brûlé vivant, sur un bûcher par l’Eglise Catholique, sur la place « Campo dei Fiori » à Rome, là où aujourd’hui, et depuis 1889, trône une statue de bronze à son effigie. Les intellectuels laïcs italiens l’ayant consacré comme : « Martyr de la liberté de penser », et adopté sa rébellion intellectuelle contre l’obscurantisme religieux, comme le symbole du « Risorgimento » (Renaissance) Italien. Aujourd’hui, le dimanche 08 Novembre 2020, au moment où j’écris cette leçon, la Fatwa de l’Eglise Catholique contre Giordano Bruno par le 231ème pape Clément VIII n’a toujours pas été levée, contrairement à celle d’un autre italien, Galilée, condamné pour les mêmes causes que nous verrons plus bas. Pire, elle a été rappelée et confirmée par 3 autres papes suivants. En effet, la première confirmation de la Fatwa contre Giordano Bruno arrive 289 ans après son assassinat par l’Eglise Catholique. Le 24 mai 1889, lors de l'inauguration de sa statue, le 256ème Pape Léon XIII fait une déclaration publique appelée «  Amplissimum Collegium », dans laquelle il dit en Italien que Bruno était : « all’empietà di sfidare la religione di Gesù Cristo con rilevanti e sistematiche ingiurie, decretando ad un apostata del cattolicesimo gli onori dovuti alla virtù, e ciò non senza un’insolente ostentazione ».  En d’autres mots, il était : « injurieux systématiquement de la religion de Jésus-Christ, en déclarant publiquement d’avoir abandonné le catholicisme, les honneurs dus à la vertu, non sans un insolent étalage de son intelligence ». Un peu plus d’un mois plus tard, le 30 juin 1889, le pape Léon XIII va encore plus loin et promulgue sa propre Fatwa, à travers l'encyclique « Quod Nuper », qu’il adresse à tous les évêques d'Italie, dans laquelle 289 ans après son assassinat, il continue d’accuser Bruno d’être « un uomo doppiamente apostata e convinto eretico […] ingiurie e gravissime offese, la principale delle quali – pubblica e permanente – è il monumento a un uomo scellerato e perduto ».   En d’autres mots, le Pape accuse Bruno 289 ans après son assassinat par l’Eglise, d’avoir été « un homme doublement apostat (qui a abandonné sa religion) et hérétique (celui qui tient des discous condamnés par l’Eglise Catholique) convaincu », avec des propos qui sont des injures et offenses dont les plus importantes ont été rendues publiques (à travers ses livres) et permanentes (le livre étant imprimé pour des lecteurs à jamais) et cette statue est celle d’un homme scélérat (criminel) et perdu ».  En 1922, arrive au pouvoir au Vatican, le 259ème Pape, le pape Pie XI. Sa plus importante action l’année d’après, en 1923, est de  béatifier le cardinal Roberto Francesco Romolo Bellarmino (1542-1621), qui n’est rien d’autre celui là même qui a fait les 8 ans de procès devant le « tribunal de l'Inquisition romaine », contre Bruno et a pris la décision de le condamner à être brûlé sur le bûcher, 323 ans plus tôt, en 1600.  7 ans après, en 1930 il va le canoniser, c’est-à-dire le mettre au nombre des Saints de l’Eglise Catholique. Et l’année d’après, en 1931, il le nommé à titre posthume :  « Docteur de l'Église ». Le pape Pie XI justifie ces actes qu’il définit comme « solennels et irréversibles », pour « confirmer la permanence et le caractère définitif du jugement porté par l'Église (contre Giordano Bruno) ». Il faudra attendre 50 ans, pour que le  264ème pape de l’Église catholique, Karol Józef Wojtyła, né le 18 mai 1920 à Wadowice (en Pologne) et mort le 2 avril 2005 au Vatican, dit le pape Jean-Paul II, nomme une Commission pontificale, le 3 juillet 1981 qui déclare que l’Eglise catholique s’est trompée de condamner Galilée qui avait affirmé que la Terre tournait autour du Soleil et non l’inverse à cause dit-elle des « circonstances conjoncturelles ».  Mais la même Commission réaffirme encore une fois, la condamnation de l'Église contre Giordano Bruno pour les raisons suivantes : « La condamnation pour hérésie de Bruno, indépendamment du jugement qu'on veuille porter sur la peine capitale qui lui fut imposée, se présente comme pleinement motivée (pour des motifs théologiques), parce que le copernicisme de Bruno ne présente aucun intérêt au plan des raisons scientifiques ». Mais pourquoi l’Eglise Catholique pardonne Galilée mais pas Bruno ? Pourquoi l’Eglise Catholique accepte le Copernicisme de Galilée et refuse celui de Bruno ? Parce que Galilée se limitait à soutenir que c’est la terre qui tournait autour du Soleil et non l’inverse. Ce qui veut dire que la Bible s’est trompée et puis c’est tout. Bruno va plus rien et dit que non seulement le Soleil n’est pas au Centre de l’univers, mais qu’en plus on a plusieurs centres. Et si on a plusieurs centres donc, l’univers est infini et par conséquent, il n’y a pas de ciel et sans ciel, pas de Dieu possible pour l’occuper et recevoir les gentils au paradis après la mort. Dans son livre « L'Infini, l'Univers et les Mondes » publié à Venise en 1584, il affirme : « Il n'y a aucun astre au milieu de l'univers, parce que celui-ci s'étend également dans toutes ses directions. (…) Chaque étoile est un soleil semblable au nôtre, et autour de chacune d'elles tournent d'autres planètes, invisibles à nos yeux, mais qui existent(…) les étoiles sont des soleils, plus petits car éloignés, et ceux-ci peuvent abriter d'autres créatures à l'image de Dieu ».  « Il est donc d'innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils, à l'instar des sept « terres » [la Terre, la Lune, les cinq planètes alors connues : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne] que nous voyons tourner autour du Soleil qui nous est proche. » Bruno touche à la fondation même des croyants. Et la Commission Pontificale du 3 juillet 1981 ment, lorsqu’elle affirme que « le copernicisme de Bruno ne présente aucun intérêt au plan des raisons scientifiques ». Nous ferons une autre leçon sur la « révolution copernicienne », mais pour l’instant, voyons pourquoi c’est faux d’affirmer que les thèses soutenues par Giordano Bruno n’ont pas eu d’intérêt scientifique.