Dans ce pays, les créationnistes sont en action depuis l’ère coloniale et ne se sont jamais fatigués. Ils s’assurent à mettre gratuitement dans toutes les chambres des hôtels camerounais une Bible. A la télévision publique CRTV, ils occupent tout le temps d’antenne avec des émissions créationnistes : Horoscope, Messe, le saint du jour, etc. A ce jour, il n’existe pas de scientifique camerounais qui anime la moindre émission à la télévision ou à la radio. A l’école, tout semble fait pour décourager les enfants à s’orienter vers les séries scientifiques. Alors qu’en Europe, dans les lycées, les 2/3 des filières sont les séries scientifiques, au Cameroun, elles occupent à peine 10%. L'Assimilation de la spiritualité Africaine à la sorcellerie et combattue L’œuvre la plus réussie des créationnistes en Afrique a été la création de la sorcellerie. Ils ont juste répliqué en Afrique la chasse aux sorcières de l’Europe du XVIIème siècle pour dénigrer la spiritualité africaine et ceux qui la pratiquent, tous soupçonnés de sorcellerie. Question : Qui est accusé de sorcellerie au Cameroun ? Réponse : Toute personne non créationniste (qui n'est ni chrétien, ni musulman). C’est-à-dire que dans ce pays, les créationnistes ont réussi à s’infiltrer dans l’appareil de l’État pour mener une guerre sans merci contre leur ennemi de toujours, la spiritualité africaine, accusée de satanisme, et de tous les esprits maléfiques possibles. Ils ont même inventé des noms comme « Famla » ou « Kong » pour susciter la peur de la population à approcher leurs traditions, leurs villages. La conséquence est désastreuse. La première motivation de l’exode rural dans une bonne partie du Cameroun n’est nullement pour la recherche d’une vie meilleure, mais on fuit le village où il y a la sorcellerie, où il y a le mal. Et les créationnistes y ont trouvé un remède bien sûr : il y a l’exorciste pasteur, pour guérir de la sorcellerie. Et ça marche, à en juger le nombre d’intellectuels camerounais qui croient en la sorcellerie, jusqu’aux magistrats, avocats et juges des tribunaux camerounais. Croyez-vous que je plaisante ? Eh bien non. Tout ce que j'affirme là, est malheureusement vrai. Tenez vous bien : L’article 251 du code pénal camerounais punit de 2 à 10 ans de prison et d'une amende de 5 000 a 100 000 FCFA : "La pratique de la sorcellerie, magie ou divination susceptible de porter atteinte à la tranquillité publique ou de porter atteinte aux personnes". Et ce tarif peut atteindre des montants astronomiques s’il est question d’homicide. Il est pourtant scientifiquement prouvé que la sorcellerie n’existe pas et qu’aucun être humain ne peut faire de mal à un autre d’une manière occulte. Si cela était possible, les pays n'auraient plus besoin de dépenser des milliards en arsenaux militaires pour se faire la guerre, et les armes à feu et les armes blanches ne rencontreraient pas le succès qu’elles ont dans les homicides du monde entier. Il suffit de demander aux juges camerounais ce qu'ils ont trouvé que le monde entier n'a pas vu, pour tuer quelqu'un juste avec la pensée, la sorcellerie. C'est ce qu'on appelle des intellectuels incultes qui condamnent des innocents analphabètes à des peines de prison pour quelque dont ils sont complètements innocents puisque la sorcellerie n'existe que dans le cerveau des gens pas très normaux. Durant le colloque que l'Université de Bangui organise les 1er et 2 août 2008 sur le thème « Sorcellerie et Justice en République Centrafricaine », dans sa contribution intitulée "La sorcellerie au tribunal", l'anthropologue italien, Martinelli Bruno de l'Université Aix-Marseille écrit : "La « recrudescence de la sorcellerie » en Afrique comme thème d’explication des malheurs du temps présent, et particulièrement des temps modernes, est récurrent depuis l'époque coloniale. C’est une grille de lecture et d’interprétation des crises sociales de la modernité sur tous les plans de clivages sociaux : rapports d’âge et de génération, rapports de genres, rapports de production et d’appropriation des ressources, rapports d’autorité et de pouvoir [...] Le processus de stigmatisation de la sorcellerie a été amorcé par la diabolisation des croyances et pratiques magico-religieuses traditionnelles africaines par les églises missionnaires, démarche qui rééditait sans le savoir l'histoire européenne de la diabolisation des pratiques sorcières du monde paysan du XVème au XVIIème siècle. Plus récemment, la rencontre entre la démonologie inspirée de certaines églises fondamentalistes américaines transplantées en Afrique et une sorcellerie africaine revisitée dans le contexte urbain moderne, tend à faire de Satan comme principe fondamental de perversité, le principal personnage sur la nouvelle scène des croyances africaines. Les nouveaux missionnaires et les prophètes prétendent répondre aux problèmes des individus ou des familles en inscrivant leurs maux dans une dramaturgie universelle du Mal qui passe par le combat spirituel contre Satan et ses comparses sorciers." En d'autres termes, cet anthropologue italien reconnait que le concept de sorcellerie en Afrique n'est là que pour servir à la religion coloniale, le christianisme d’abord et aujourd’hui les églises réveillées, pour stigmatiser la religion concurrente, la spiritualité africaine relayée au rang des choses négatives, de Satan.
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