2) LE CAMEROUN CONTINUE DE TRAITER LA COLONISATION COMME UN HASARD DE L’HISTOIRE Qu’est-ce qu’un pays si ce n’est son histoire ? La France elle-même a construit son archipel national à l’image de la révolution française qu’elle a menée pourtant il y a déjà deux siècles. Son hymne national est un cri de guerre contre ceux qui oseraient défier la volonté française. Chaque année, le 14 juillet, les Français célèbrent en tant que peuple le jour où leurs ancêtres sont allés envahir un des symboles les plus emblématiques de leur oppression : la prison de la Bastille, qui en son sein détenait nombreux paysans et révolutionnaires français. Le Cameroun, pourtant, a échoué à son devoir de mémoire. Notre pays est pratiquement amnésique ! Le jour de l’indépendance ne correspond à aucune fête ou célébration. Il est traité comme une journée parmi tant d’autres. Notre hymne national a été écrit par un prêtre français avant l’indépendance, et parle d’obéissance, de paix et de travail, les valeurs idéales pour les colonisés. La résidence présidentielle Camerounaise, le palais de l’Unité, a été dessiné par un architecte français du nom de Olivier-Clément Cacoub. Cet architecte était un grand proche de Jacques Chirac, qui, en tant que président de la République Française, a fièrement défendu la colonisation française et la Françafrique. En 2005, le gouvernement Chirac a proposé une loi qui devait introduire dans toutes les écoles de France, l’étude du « rôle positif » de la colonisation française pour l’Afrique. Ce même architecte, proche donc d’un fier partisan de la colonisation française, est également l’architecte du palais présidentiel de Gbadolite en RDC et de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire. Pas un seul nom de rue, pas un nom de place, pas une brique n’a été dédiée à la commémoration de nos héros. Pire, nos rues et nos écoles, comme le lycée général Leclerc à Yaoundé ou l’avenue Charles de Gaulle à Douala, portent les noms des tyrans qui ont brutalisé notre peuple !