QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE   Par S. Pougala (la Benjamine des enfants Pougala) : « La jeunesse est le futur ! » est le slogan souvent scandé par les intellectuels et les activistes africains. C’est un slogan entraînant, mais on ne bâtit pas de révolution sur des slogans. Cela se fait à travers le fondement d’une idéologie basée non seulement sur nos expériences et souffrances en tant que peuple, mais également sur les théories révolutionnaires économiques, politiques et sociologiques déjà établies par les penseurs qui nous ont précédés. « Changer le système éducatif » ne veut rien dire, s’il ne signifie pas l’adoption d’une philosophie nationale à transmettre aux enfants. Quels sont les citoyens africains de demain ? Quelles valeurs doivent-ils aborder, incarner, et employer pour poursuivre le projet de construction d’une Afrique forte et prospère ? C’est un travail qui ne doit pas commencer au lycée, ou à l’université, mais dès la petite enfance, dans les écoles primaires ou même les maternelles. L’échec de l’éducation en Afrique, c’est qu’elle se base sur le principe que la colonisation occidentale est un fait historique séparé de la condition dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Elle étudie la colonisation comme un événement ayant un début et une fin, et ne l’étudie pas en tant que système – elle n’observe donc pas ses ramifications non seulement dans les cours d’histoire, mais également de langue, de géographie, de mathématiques. Comment peut-on enseigner à un enfant la réalité de la colonisation, l’horreur qu’ont vécu ses ancêtres et le sacrifice qu’ils ont dû engager pour s’en défaire, pour ensuite les faire écrire et parler en français, les faire chanter un hymne écrit par des colons quand ses ancêtres étaient encore esclaves, pour qu’ils se sentent patriotiques envers un pays dont le nom même est une insulte au peuple à qui il appartient ? Comment expliquer à un enfant que les colons ont, par la violence et l’humiliation, imposé leur religion dans son pays afin d’accélérer la propagation de leur idéologie destructrice, pour qu’ensuite il se retrouve à prier avant de commencer ses cours et à étudier les vers de la bible ou du coran dans une matière qui leur est dédiée ? Les enfants, même si implicitement, sont capables de saisir les contradictions d’un enseignement aussi brouillon et insouciant. Pour parler simplement, il n’y aura pas de ligne directrice, de « grand message » qu’on leur aura chargé de retenir : ils passeront le système scolaire comme on passerait dans un moulin.
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