"Et donc, toi qui n'es pas ingénieur en mécanique, mais économiste, aurais besoin de combien pour ouvrir ton propre atelier de fabrication de machines d'emballage ? " m'avais demandé avec un ton moquer monsieur Negri, mon gestionnaire de compte à la banque. "Ho bisogno di soli 5 milioni di Lire" (j'ai juste besoin de 5 millions de Lires (2500€)), j'avais répondu confiant. Et mon interlocuteur de se tordre le ventre de rires saccadés qui risquaient de l'étouffer. Il devait régulièrement s'arrêter, pour prendre le souffle et rire à nouveau en répétant comme un refrain le montant que j'avais demandé et ce que je voulais en faire : ouvrir un atelier de fabrication de machines. Et je restais devant lui, impassible à le regarder. Il était convaincu que je blaguais et s'attendais même que je l'accompagne dans ses éclats de rire. Dans l'Italie des années 90, il n'avait jamais vu un africain espérer de devenir industriel. Mais moi, j'étais très sérieux. J'avais compris qu'en affaires, ce n'est pas le montant d'argent investi qui était l'élément déterminant pour démarrer, mais le courage du promoteur et sa capacité à s'engager durablement dans un tel secteur nécessitant beaucoup de sacrifice.