Tout le travail du «Native Ethnographer », va donc consister à amener quelqu’un qui n’aime pas votre présence à devenir votre esclave et surtout, content de le devenir. Pour y parvenir, il fallait d’abord bien situer le problème : Contrairement aux esclaves Noirs venus d’Afrique, les Amérindiens étaient sur leurs terres qu’ils venaient de perdre, pas dans une guerre, mais dans des opérations de fourberies de l’Etat américain. Et donc, pas facile de les combattre chez eux. On est ainsi arrivé à la conclusion qu’ils étaient hostiles aux européens parce qu’ils ne parlaient pas le même langage, ils n’avaient pas les mêmes standards d’évaluation et d’appréciation. Ils n’avaient pas les mêmes humeurs, encore moins les mêmes normes, les mêmes codes, les mêmes modèles, les mêmes préceptes. Pour résoudre ce problème avec ces « Native » ou « indigènes » en Afrique, il suffisait de leur créer un faux passé glorieux, de magnifier tous leurs rituels, de glorifier leurs ancêtres, d’idéaliser leurs modes de vie, d’encenser leurs coutumes, d’aduler leur passé, rempli des artifices et de mythes savamment inventés pour créer une chose que les peuples non-européens ne connaissent pas : la fierté d’appartenir à une communauté, à une terre, à une race. Les européens ont développé le nationalisme, parce que le concept de la Nation est lié à la défense d’une terre, d’un territoire à travers une guerre. Et le territoire est par définition limité, circonscrit avec des frontières qu’il faut donc défendre. Or les amérindiens étaient des peuples qui vivaient sur de très larges étendues de terres sans limites et donc, sans le besoin de mener la moindre guerre pour la défendre. Et dans cette situation, point besoin de se dire fier ou non de sa terre ou de sa tribu.