Pour m’intégrer dans cette seule cellule familiale complète que je connaissais, j’ai donc pris le plaisir d’appeler le mari de ma sœur, Papa et ce jusqu’au jour où il va me stopper net, pour m’expliquer qu’il n’était pas mon père et que je ne devais plus l’appeler Papa, mais « Papa Pierre ». J’étais trop petit pour comprendre la nuance, mais ce que je comprenais très bien en revanche était qu’il me détestait de toutes ses forces. Il ne me trouvait pas très intelligent. Je l’ai entendu un jour suggérer à sa femme, ma sœur Martine, de tromper notre mère et de prendre son argent pour mon école, sans m’y envoyer. Et que pour lui, la seule raison pour laquelle on devrait laisser un enfant comme moi vivre serait uniquement pour que j’aille couper les mauvaises herbes qui empêchent le café de bien grandir.