Nous sommes en 1988 !
J'effectue un énième voyage à Paris, durant lequel je réalise de nombreuses prises de vues pour les séries de cartes postales à venir sur les principales attractions touristiques de la capitale française.
Je croyais avoir fini mes photos, lorsque je me rappelle le nom d'un quartier dont mes cousins du côté riche de la famille en parlaient pour nous épater. Et ce quartier, c'était Pigalle !
A les entendre au Cameroun, la vraie vie branchée de Paris vie se passait à Pigalle. S'ils le chantent au Cameroun, c'est que cela doit un peu être vrai.
Et j'ai voulu en savoir plus moi-même.
Du Boulevard des Champs Elysées où je me trouvais pour mes dernières photos, je m'engouffre dans le souterrain du Métro à la Station dite "Charles de Gaule Etoile" et je prends la ligne 2 je choisis la direction qui à l'époque, partait de Porte Dauphine à Nation.
La première surprise est que le wagon que je prends est bondé d'africains. Je découvrirai ensuite qu'ils allaient presque tous dans leur Quartier Général parisien, à la station dite de : Barbès Rochechouart.
On arrive à la station dite de la "Place de Clichy" et tous les touristes, surtout des hommes descendent du wagon. Et j'ai l'impression de m'être trompé de station, toujours convaincu que la vraie station pour la vie de branchés, c'est PIGALLE. Et puis, arrive : Pigalle ! Du nom du sculpteur français Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785), qui a habité dans la rue qui porte son nom. Si c'était en Afrique, la rue porterait le nom d'un prêtre, d'un colon qui nous a brimés ou d'un ange.
Je sors de la station. Mais je ne vois rien de spécial.
Eh oui, je m'étais trompé. Il fallait descendre à la Place de Clichy. Je vais donc marcher en retournant sur le trajet du Métro. Et c'est durant ce parcours inverse qu'il y avait vraiment de tout. En tout cas, pour un villageois comme moi, parti de Bafang pour un pays aussi puritain comme l'Italie, je croyais rêver. Des femmes à moitié nue partout, avec des maquillages extravagants etc. Et devant chaque local, il y avait des rabatteurs, mieux, des rabatteuses très jolies qui vous invitaient à entrer voir des spectacles en direct d'érotisme. Sauf qu'à vrai dire, je ne savais pas ce qu'un spectacle d'érotisme voulait dire. Et pour le savoir, il fallait entrer.
Je résiste aux sollicitations des unes et des autres. Et je continue ma route et à un moment de la rue, que vois-je ? "Moulin Rouge". Ce nom, j'en avais entendu parler par mes fameux cousins branchés sur Paris. Et tout autour, il y avait de nombreux bus de touristes garés dans le parages.
Comme premier reflexe, je vais contrôler les plaques d'immatriculation des bus. Ils sont presque tous allemands. Je ne savais pas que les allemands adoraient autant l'érotisme.
Par contre, ce que je savais par habitude était que les touristes allemands en Italie étaient très généreux pour les dépenses pour les souvenirs. Et puisqu'ils allaient surtout au Moulin Rouge, je vais réaliser une dizaine de clichés sur l'édifice.
Et je retourne sur mes pas, pour revoir encore toutes ces beautés qui me sollicitaient.
Et puis, je tombe sur une particulièrement gentille, toujours à moitié dénudée, sur le trottoir avec des dépliants en main invitant les passants à entrer dans le local pour découvrir qui s'y passe, selon elle, mieux qu'au Moulin Rouge juste à coté. Elle me dit que si je paye seulement 20 Francs (environ 2000 FCFA), je peux entrer et non seulement je pourrai voir le spectacle gratuitement, mais en plus, elle m'offrait un soda. Seulement 20FF ? Je lui redemande pour en être certain. Oui, 20FF ! Me répond-elle avec un léger sourire très rassurant.
Et pour ne pas tomber dans les problèmes après, je sors 20 F de ma poche et lui tends. Elle refuse et me dis que c'est dedans qu'il faut payer. Et je lui dis que dans ces conditions, je ne veux plus. Elle finit par accepter et prend mon argent jurant que c'est tout ce que cela me coutait d'y entrer. J'entre.
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