Deux princesses de la chefferie de Bafoussam m'ont invité hier après-midi du 16/12/2014 à assister à une des manifestations les plus marquantes de la spiritualité africaine, celle dédiée à la formation philosophique des enfants, des jeunes garçons appelée Gnan-Gnan. Cette cérémonie qui se déroule une fois toutes les semaines (la semaine de 8 jours dans le calendrier lunaire Bamileke) de la saison sèche, c'est à dire, de novembre, jusqu'en février de chaque année. Le thème philosophique de fond de l'initiation de ces adolescents qui vont bientôt devenir des adultes est de leur signifier de façon symbolique, les milles déguisements qu'ils devront être forcés de revêtir à cause de la vie dure des adultes qui les attend. Ainsi, selon les circonstances, dans la vie des adultes qui les attends, ils seront bleus, raillés, blancs, marrons, noirs, verts, rouges. Ce qui m'a le plus marqué sont les personnages trempés de boue, c'est-à-dire, complètement noyés dans la terre boueuse. Et à la fin de la cérémonie, tous les enfants se dirigent vers le fleuve derrière la chefferie. Ils se lavent. Ils sont propres. Et reviennent propres au lieu de la cérémonie. L'explication ? Leses enfants en devenant adultes doivent savoir que durant leur vie d'adulte, ils ne seront pas seulement adulés ou aimés, mais surtout noyés dans la boue du mensonge et de la calomnie de tous ceux qui n'auront pas réussi comme eux, à rendre leur vie utile ou agréable. Et qu'ils devront savoir y faire face, tout en se rappelant du fait que la boue se lave, toute la boue qu'on vous a versée dessus se lave et le corps humain reste intrinsèque avec toute sa valeur fonctionnelle. La boue, elle disparaîtra avec le cours d'eau là où se termine la cérémonie. Ceux qui vous ont mis toute cette boue dessus auront perdu leur précieux temps à s'enfoncer dans le désordre mental. Parce qu'au final, ils ne sont pas plus normaux que ces personnages qu'ils ont fait passé pour des fous en leur mettant autant de boue dessus. En réalité, selon la philosphie Bamileke, les calomniateurs et tous ceux qui vous mettent la boue dessus sont dans un désordre mental, ils sont avant tout, des fous. Et malgré la douleur de leur méchanceté, il faut avoir la capacité d'éprouver pour eux, de la compassion, beaucoup de compassion. Car, contrairement à la boue dont ils sont spécialiste, le désordre mental ne partira pas avec l'eau. Avec le temps, ces adolescents auront appris à faire face à la dureté de la vie. Alors que les auteurs de la boue, m'a-t-on expliqué, comme à cette dernière cérémonie de purification dans le cours d'eau, auront été oubliés depuis longtemps. Parce que l'histoire ne se rappelle pas des méchants. Il y a des Noirs, surtout parmi les afro-descendants qui ont si honte de leurs origines africaines qu'ils préfèrent s'inventer des trucs bizarres supposés venir d'Egypte. Par exemple, les egyptiens se mariaient entre frères et soeurs, exactement comme les romains et les arabes, mais pas nous les Bamileke.
Lire le contenu