De 1980 à 1984, j'ai été formaté par la rigueur disciplinaire de celle qu'on appelait à l'époque : "La Dame de Fer", c'est-à-dire, le proviseur du Lycée Technique de Koumassi à Douala, Madame Yvonne Loth Diwouta, qui esquisse un pas de danse sur la photo avec moi lors d'une réception à son domicile (avec mon mythique Aboubacar Mbassa A Zock qui contrôle tout).
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A cause de la guerre pour notre indépendance contre la France, qui avait fait 300.000 morts, coté camerounais, nous avions une haine viscérale des français, mais lorsqu'il s'agissait de Madame Diwouta, on finissait toujours par conclure : "celle-là n'est pas une française, c'est la "Dame".
Lorsqu'en recréation elle se mettait dans la cour, ce sont tous les enseignants (français et camerounais confondus) qui accéléraient le pas pour rentrer en classe, avant même qu'on ait sonné la fin de la recréation.
Elle savait faire le ménage au Lycée, au sens propre comme au sens figuré, à commencer par son propre camp.
Nous étions toujours stupéfaits par la facilité avec laquelle elle faisait donner 7 jours aux enseignants français pour faire leurs bagages et quitter le Cameroun, chaque fois qu'il y avait un problème d'éthique ou d'atteinte aux mœurs qu'elle jugeait grave.
Comme président du Club Photo-ciné, j'avais été témoin d'un fait regardant un de nos encadreurs français. Monsieur Revert, dans le noir de notre labo-photo, avait une étrange habitude de faire balader ses mains sur le sexe de certains élèves qu'il avait ciblés auparavant.
A l'époque, nous ne savions ni ce que c'était que la pédophilie, encore moins l'homosexualité. Un monsieur qui touche le sexe d'un garçon ne pouvait être que de la sorcellerie.
Et du coup, dans la naïveté de l'époque, mon rapport au proviseur parlait plutôt de supposées manœuvre magiques de sorcellerie, visant à voler la chance de certains élèves.
C'est tout au moins l'interprétation qu'à l'unanimité, les victimes avaient attribué au geste odieux de l'enseignant dans l'obscurité d'un labo-photo.
Une fois reçu mon rapport, Madame Diwouta convoca les élèves que j'avais cités comme victimes, pour les entendre, et comparer leurs dépositions à la version de l'enseignant.
Le lendemain, on nous informait que Madame Diwouta avait proposé et obtenu des autorités camerounaises de donner 48 heures à l'enseignant pour quitter définitivement le Cameroun. J'avais ensuite été informé qu'il avait dit à ses élèves qu'il rentrait en France pour des raisons de famille, son père serait mort.
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