Si je vous pose la question : Quelle est la première cause de mortalité des enfants en Afrique, vous serez nombreux à répondre que c’est le paludisme. Ce qui est faux naturellement. Le paludisme ne vient qu’en deuxième place selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Durant toute mon enfance, à cause de la pauvreté, je n’ai habité que les maisons où le soir tombé, i fallait s’illuminer et étudier mes leçons avec de la lampe à pétrole. Il a fallu qu’en classe de seconde, j’entre à l’internat du Lycée Technique de Douala Koumassi, pour commencer pour la première fois de ma vie à vivre dans une maison avec l’électricité et donc, de lire mes cahier le soir venu, grâce l’éclairage à partir d’une ampoule électrique et non plus à la lampe à pétrole.
Comme je raconte dans mon livre autobiographique, en langue italienne, « In fuga dalle tenebre » (En Fuyant les Ténèbres), il a fallu que j’arrive en Italie en 1985, pour qu’à l’examen sanitaire obligatoire, pour entrer à l’Université de Pérugia, et bénéficier d’un logement pour étudiant, le médecin chargé de me donner le certificat qui analyse mes résultats, m’annonce que mon corps est plein de poisons, au point où il se demande comment je pouvais encore être en vie et que selon lui, pour cesser d’être un cadavre ambulant, je devais me soumettre à une véritable cure de désintoxication de polluants essentiellement fait du pétrole et de la fumée de bois.
Combien d’autres camerounais dans ma même situation, combien d’autres africains pauvres qui se sont éclairés à la lampe à pétrole toute leur vie, n’ont pas eu la même chance que moi de se désintoxiquer à temps, et sont plutôt morts prématurément de cette contamination quotidienne au pétrole, sans même jamais être mis au courant de leur empoisonnement lent, mais garanti ?
La première cause de mortalité des enfants africains, c’est le feu de bois. Oui vous avez bien lu, c’est le fait de cuisiner avec le bois, le charbon, le pétrole. Dans mon pays le Cameroun ce pétrole est même subventionné, pour pousser le plus de camerounais à en faire usage alors que si je suis au courant que l’Organisation Mondiale de la Santé a formellement établi que c’est la première cause de mortalité des enfants en Afrique, je doute que le gouvernement camerounais ne soit pas au courant d’une telle information.
La dernière publication de l’OMS sur ce sujet date du mois dernier et plus précisément, le 16 octobre 2024 avec un texte intitulé :
"Pollution de l’air à l’intérieur des habitations"
On y découvre ainsi que sur les 7 milliards d’habitants du monde, il n’y a plus que 2,1 milliards qui continuent de cuisiner de la pire des manières, avec le feu de bois ou le charbon, sachant bien qu’ils vont directement à la mort en continuant de cuisiner de la sorte.
Et devinez un peu où se trouve la majorité de ces condamnés à mort : en Afrique bien sûr.
Partout les dirigeants ont pris conscience et ont remédié, en offrant des brûleurs aux populations et bien entendu, en subventionnant le gaz. Comment est-ce possible que les enfants d’un pays comme le Cameroun, qui est littéralement assis sur le gaz naturel, peuvent-ils continuer de mourir de la fumée provenant de la cuisson au feu de bois ou au charbon ?
Oui, au Cameroun, le gaz est subventionné, mais on n’a pas besoin d’avoir pris des cours d’économie pour anticiper que si vous subventionnez le gaz, et ne touchez pas au prix des brûleurs, cela ne profitera qu’aux populations urbaines et non à la majorité des populations qui vivent dans les zones rurales pour ce qui est du Cameroun comme dans de nombreux pays africains.
Voici ce qu’écrit l’OMS :
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Chaque année, 3,2 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, qui résulte de la combustion incomplète des combustibles solides et du pétrole utilisés pour la cuisine. Les matières particulaires et autres polluants présents dans la pollution de l’air à l’intérieur des habitations entraînent une inflammation des voies respiratoires et des poumons et réduisent la capacité du sang à transporter l’oxygène.
Parmi ces 3,2 millions de décès dus à l’exposition à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations :
- 32 % sont dus à une cardiopathie ischémique : 10 % de l’ensemble des décès dus à une cardiopathie ischémique chaque année, soit plus d’un million de décès prématurés chaque année, résultent de l’exposition à de l’air pollué (la fumée) à l’intérieur des habitations.
- 23 % sont dus à un accident vasculaire cérébral : environ 12 % peuvent être attribués à l’exposition quotidienne aux polluants (la fumée) émis dans l’air intérieur lors de l’utilisation de combustibles solides et de pétrole à domicile.
- 21 % sont dus à une infection des voies respiratoires inférieures (IRI) : l’exposition à la pollution de l’air (la fumée) à l’intérieur des habitations multiplie par près de 2 le risque d’IRI chez l’enfant et est responsable de 44 % des décès par pneumonie parmi les enfants âgés de moins de 5 ans. Chez l’adulte, cette pollution peut aussi provoquer des infections aiguës des voies respiratoires inférieures et contribue à hauteur de 22 % à l’ensemble des décès par pneumonie chez les adultes ;
- 19 % sont imputables à une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) : 23 % de l’ensemble des décès dus à une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) parmi les adultes vivant dans les pays à revenu faible (Afrique) ou intermédiaire résulte d’une exposition à la pollution de l’air intérieur (la fumée), et
- 6 % sont dus au cancer du poumon : environ 11 % des décès dus à un cancer du poumon chez l’adulte résultent de l’exposition à des carcinogènes présents dans l’air domestique pollué causé par l’utilisation de pétrole ou de combustibles solides comme le bois, le charbon de bois ou le charbon pour les besoins énergétiques du ménage.
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