"Le plus grand bonheur que je tire de mon enfance très pauvre, dans notre ghetto du quartier 10, (le quartier le plus pauvre de Nkongsamba qui manquait de tout, à l'époque) est que nous étions tous pauvres, mais personne de nous ne savait que nous étions pauvres.
Personne de nous ne pouvait s'en rendre compte puisqu'on ne disposait d'aucun exemple différent pour comparer et nous situer, tout le quartier, sans exception, étant plongé dans la misère extrême.
Et pour nous qui n'avions connu que cela, c'était ça la vie. C'était cela le bonheur d'être en vie devant tous les cadavres de nos propres petits camarades qu'on accompagnait régulièrement au cimetière colonial français, à l'entrée sud de la ville. Ils mourraient de paludisme, de dysenterie et le pasteur qui lisait la bible au cimetière disait que Dieu qui est extrêmement bon et gentil avait trouvé que c'était la meilleure chose pour eux, les faire mourir si jeunes, si petit.
Et pour moi, rester en vie, même dans la misère extrême ne pouvait être qu'on consécration, d'avoir échappé au châtiment que sans explication, le bon et gentil Dieu avait réservé pour nous pauvres et enfants de pauvres du quartier le plus pauvre de Nkongsamba".
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