Lorsque le Niger dit : je ne veux plus de la France chez moi. Le lendemain, renvoie les militaires américains, cela rime à quoi de remplacer ces deux-là par la Turquie ? Dans cette lutte pour le pouvoir, nous n’avons assisté qu’à la première manche du match durant laquelle, la France et les Etats-Unis ont fait croire au Niger que c’est lui qui décide et qu’ils se sont courbés à sa décision, de leur dire de partir. Sauf que connaissant ces deux-là, on peut mettre la main sur le feu que le match n’est pas fini. Au contraire, je crois même qu’on n’est qu’au début d’une séquence qui doit encore nous réserver des rebondissements. A quelle prérogative de la deuxième mi-temps de ce même match répondait le rapprochement du Niger avec la Turquie en lieu et place de la France et des Etats-Unis ? En quoi la Turquie, membre de l’Otan depuis sa création, membre du bouclier antimissile européen European Sky Shield Initiative (ESSI) dont fait partie Israël, contre la Russie et l’Iran est-elle une alternative à la France et aux Etats-Unis au Niger ? En d’autres mots, si Erdogan décide de renverser les militaires au pouvoir à Niamey, pour le compte des Etats-Unis, comme il avoue lui-même l’avoir déjà fait contre Kadhafi, est-ce que la Russie viendra au secours du Niger ? Bien sûr que non ! C’est en tout cas, plus ou moins ce genre de question-réponse que j’ai fait il y a 14 ans avec mon étudiant à l’Université de la Diplomatie de Genève, en 2010, où j’enseignais plusieurs matières, comme Sociologie Politique, Evolution de la Pensée politique, Pensée Critique en Politique. J’avais publié un article dans le principal quotidien suisse de langue française, la Tribune de Genève où je fustigeais le comportement d’un dirigeant africain, le guide Libyen Mouamar Kadhafi, dans sa relation avec les citoyens suisses. Le lendemain, un de mes étudiants est venu me voir pour protester contre les propos que j’avais tenus. J’ai résumé notre entretien en un jeu de question-réponse. Je lui ai demandé : « Si Illary Clinton (à l’époque secrétaire d’état américaine du président Barack Obama) fait un coup d’état pour renverser Kadhafi, et tout son gouvernement y compris ton père (alors ministre de Kadhafi) penses-tu que la Russie ou la Chine viendront au secours de Kadhafi ? Et je lui ai donné la réponse : « Bien sûr que non ! » Mon étudiant était convaincu que les marchés publics que la Libye avait fait gagner à la Chine, ferait de cette dernière une partenaire fiable pour la Libye en cas de problème. C’était pour moi l’occasion de lui expliquer que les relations internationales ne sont pas un supermarché où chacun vient choisir ce qui lui plait. Le 11 décembre 2007, Mouammar Kadhafi fait une visite officielle  en France en plantant sa tente de Bédouin dans les jardins de l'Hôtel de Marigny à Paris, à quelques dizaines de mètres de l’Elysée, siège de la présidence de la République française, croyant en bonne foi qu’il était redevenu l’ami fréquentable des Occidentaux. J’en ai parlé à mon étudiant libyen en lui expliquant qu’on ne peut pas planter sa tente dans la cour d’un hôtel à Paris, la veille et le lendemain, s’employer à humilier des citoyens suisses, pensant en toute naïveté que la soi-disant neutralité de la Suisse rendrait les autres peuples de l’Occident moins solidaires avec elle dans un éventuel bras de fer avec la Libye. J’étais juste surpris de la désinvolture du Guide Libyen que je soutenais, pour ses actions de financement des initiatives structurantes en faveur de la consolidation de la fédération continentale africaine (Rascom, Fond Monétaire Africain etc.) et de se sentir trop à son aise jusqu’à distribuer les copies du coran à Rome, avec les mêmes pays qui l’avaient mis sur la touche l’accusant de soutenir le terrorisme palestinien. Le pire selon moi était d’avoir accepté sous le président américain Georges Bush de mettre les services secrets libyen sous la CIA. Et surtout, d’avoir ouvert à la Turquie qu’il croyait être proche de lui, parce qu’étant un pays musulman. Et je lui disais : Madame Clinton finira par renverser Kadhafi, avec l’aide de la Turquie. Car tout le rôle de la Turquie est d’aider et remplacer les Etats-Unis, chaque fois que ce pays ne veut pas paraitre en première ligne. Cette théorie sera successivement baptisée par Obama, le chef de madame Clinton avec le nom de « Leading Behind » (commander de derrière). A partir de là, on n’avait pas besoin d’être un magicien pour deviner ce qui serait arriver : un coup d’état américain contre Kadhafi, je lui disais.
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