Et si c’est le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, le véritable grand gagnant de toute cette mise en scène encouragée par Moscou ? La Russie semble avoir poussé la Suède et la Finlande dans l’Otan, pour se laver les mains et avoir carte blanche sur le plus intéressant, la mer Arctique. Le Conseil de l’Arctic a été créé en 1993 pour promouvoir le développement durable dans les pays de la région de Barents. Ce Conseil comprend la Russie, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Suède et la Commission européenne. Au contraire des pays comme les États-Unis d'Amérique, le Royaume-Uni, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, les Pays-Bas et la Pologne qui n’ont qu’un statut d'observateur. Le problème est que ni la Finlande, ni la Suède n’ont accès à l’Arctic. Mais si ces deux pays ont été acceptés et assuraient même la direction tournante, comme c’était le cas de la Finlande en 2022 et la présidence tournante du Conseil euro-arctique de Barents jusqu’à la fin de l’année 2023, c’était uniquement pour leur neutralité sur le plan militaire. Il faut néanmoins reconnaître qu’un tiers de la Finlande se trouve au nord du cercle polaire. C’est ce qui explique qu’il participe au Forum Arctique, au Conseil des États de la mer Baltique et au format Nordic Baltic 8. Cela explique aussi qu’en 2021, le pays a élaboré sa stratégie Arctique, pour l’horizon 2030. Mais elle reste prisonnière comme la Suède de sa situation géographique sans aucun accès à une mer ouverte. Et en entrant dans l’Otan en avril  2023, la Finlande a donné le feu vert tant attendu par la Russie de l’éjecter définitivement hors des affaires de l’Arctique,  la Russie ayant mis fin au Conseil de l’Arctique en stoppant son financement. Dans un article du 7 août 2023, alors que les médias occidentaux chantaient en chœur que la Russie a poussé la Finlande et la Suède à devenir membre de l'Otan, le magazine américain Forein Policy écrit un article intitulé : "Le flanc nord de l'OTAN présente trop de points faibles" Sous-titre : "Les principaux membres de l’alliance ne parviennent pas à honorer leurs obligations face à l’intérêt constant de Moscou pour le Grand Nord." Alexander B. Gray écrit : ----------------------------- L’adhésion récente de la Finlande à l’OTAN et celle attendue de la Suède ont renforcé les capacités de l’Alliance dans des domaines critiques, notamment la guerre sous-marine, le renseignement des signaux et l’artillerie dans la région de la mer Baltique. Pourtant, des lacunes préoccupantes subsistent le long du flanc nord de l’OTAN, en particulier dans l’Arctique et dans la région proche de l’Arctique, qui révèlent des manquements importants de plusieurs membres clés de l’Alliance à respecter leurs obligations face à l’intérêt indéfectible de Moscou pour le Grand Nord. La Russie a su exploiter avec succès plusieurs facteurs pour gagner une marge de manœuvre dans la région. Il existe de nombreuses îles arctiques et quasi arctiques qui partagent le pouvoir et laissent le contrôle de la défense nationale à une entité plus vaste – comme dans le cas du Svalbard (Norvège), des îles Féroé (Danemark) et du Groenland (Danemark) – tout en accordant aux gouvernements locaux un degré élevé d’autonomie. Dans chaque cas, Moscou a étendu son influence sans rencontrer beaucoup de résistance de la part d’Oslo ou de Copenhague. Au Svalbard, à mi-chemin entre la Norvège et le pôle Nord, la Russie a utilisé l'ambiguïté d'un traité de 1920 , qui limite la capacité souveraine de la Norvège à s'engager dans des activités de défense traditionnelles sur l'île, pour accroître son influence économique et politique. Moscou maintient une présence minière considérable au Svalbard et a insisté sur le fait qu'Oslo ne pouvait pas appliquer de sanctions mondiales sur ses expéditions vers les colonies russes qui s'y trouvent. L'interprétation par la Norvège de ses obligations au titre du traité a permis la croissance de la présence russe et chinoise sur une île stratégiquement vitale dotée de ressources naturelles considérables, notamment du charbon, du zinc, du cuivre et du phosphate. ------------------------------- Source : https://foreignpolicy.com/2023/08/07/nato-arctic-greenland-svalbard-faroe-islands-defence-russia/ Lundi 18 septembre 2023, La Russie annonce, son retrait du Conseil euro-arctique de la mer de Barents. Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères affirme que ''le Conseil a assuré la stabilité et mené des activités efficaces dans le Nord pendant 30 ans''. Le ministère accuse ensuite  les pays occidentaux, ''en raison des erreurs des pays concernés, les activités du Conseil sont paralysées depuis mars 2022''. Le ministère russe conclut en disant que la Finlande n'a pas respecté le système des présidences tournantes en cédant la présidence du Conseil à la Russie, et d’ajouter : ''nous sommes obligés d'annoncer le retrait de la Russie du Conseil euro-arctique''. Si la Russie prend une telle décision, c’est après avoir sécurisé la relation stratégique avec la Chine sur l’Arctique. La Chine contrôle 80% du trafic maritime mondial. Il est évident qu’avoir de son côté la Chine, c’est s’assurer que le passage des porte-conteneurs chinois par l’Arctique.
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