Je remercie tous les racistes italiens que j'ai rencontrés sur ma route, parce que par leurs actions de discrimination, ils m'ont aidé à me rappeler sans cesse et chaque jour que mon seul et unique pays était le Cameroun et non l'Italie. Ils m'ont indirectement rappelé que quelque soit mon degré dit d''intégration chez eux, je ne serais qu'un ramasseur de balle qui ne gagne jamais de match, puisqu'il ne joue pas et qu'il n'y avait qu'au Cameroun où il y aurait le seul championnat où je pourrais être vainqueur ou perdant. Ils m'ont convaincu que l'Europe n'était pas mon continent, que même avec leurs papiers et leurs diplômes, leur passeport, je n'étais qu'un poisson hors de l'eau en Europe et que par conséquent seule l'Afrique était ma vraie maison, là où je n'aurais pas eu besoin de dire à quelqu'un d'où je viens, encore moins qui je suis.  Je remercie tous ceux qui m'ont combattu, car ils m'ont enseigné l'endurance. Et comme ils étaient tellement nombreux à me combattre, ils m'ont tous rendus plus fort.  Je remercie tous ceux qui se sont moqués de moi, tous ceux qui m'ont tourné en ridicule, car la très forte douleur de l'instant de raillerie, m'a enseigné à me remettre en question. A me surpasser, et à donner le meilleur de moi-même, pour les dépasser en tout, afin de ne plus jamais avoir à revivre ces douloureux moments à oublier. Je remercie tous ceux qui, un jour ou l'autre m'ont poussé à bout de l'énervement, parce qu'à force de surmonter leurs méchancetés, j'ai appris à neutraliser la rage, et à transmettre autour de moi, beaucoup d'ardeur, de joie de vivre et d'exaltation, conscient de la valeur exponentielle de l'enthousiasme dans la construction du bonheur d'autrui et en retour, et par ricochet, du mien aussi. Je remercie tous ceux qui m'ont haï, m'ont détesté à mort et m'ont rendu la vie invivable, parce que leur résister pour tenir constamment la tête hors de leur boue m'a enseigné la valeur de l'amour des gens, surtout de la générosité en direction des personnes qu'on ne connait même pas ou qu'on vient de rencontrer sur sa route, sans en attendre rien en retour.  Je remercie tous ceux qui m'ont calomnié, diffamé, discrédité, sali, dénigré parce qu'à force de vouloir prouver qu'ils avaient tort j'ai fini par comprendre que la ligne entre le bien et le mal n'était pas aussi tranchée comme je le pensais, et qu'en dernier ressort, le choix entre le bien et le mal dépendait uniquement des intérêts des parties.  A force de me demander pourquoi une personne pouvait passer son temps à s'occuper de moi, au point de parler mal de moi au lieu de s'occuper de sa propre vie souvent minable, qui aurait tant besoin d'un coup de pouce pour son amélioration, j'ai fini par comprendre que pour cette personne, ma propre vie était plus importante que la sienne et donc que j'étais destiné à figurer tout en haut de l'affiche. D'où tous les efforts déployés pour y arriver : en haut de l'affiche.
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