Samedi le 20 juillet 2024, Dangote annonce qu’il ne va plus poursuivre son projet de construire une usine d’acier pour fournir toute l’Afrique. Le motif : il ne veut pas qu’on l’accuse de Monopolitique. Il y a un dicton italien qui dit : « O ci sei, O ci fai ». Traduction : De deux choses l’une : ou bien tu fais semblant d’être idiot, ou alors tu l’es vraiment ! Avant de vous lancer dans un secteur industriel donné, demandez-vous toujours, pourquoi ce secteur n’était pas couvert jusqu’à votre arrivée ? Pourquoi personne avant vous ne l’a fait ? Cette simple petite question permet de mettre à nu, les principales raisons qui ont poussé à la faillite ceux qui vous ont précédé et de vous interroger si vous possédez un joker pour venir à bout de l’obstacle qui les a bloqués et dans tous les cas, vous devez posséder plus qu’un avantage pour vous lancer. Question : Pourquoi sur le continent africain, il n’existe aucune entreprise d’aciérie ? Réponse : parce qu’il s’agit de l’industrie lourde qui demande beaucoup d’électricité, alors que l’Afrique a partout les problèmes de disponibilité de l’énergie électrique et surtout, bon marché. Pire encore, non seulement l’Afrique n’a pas d’aciérie pour ces raisons, mais les entreprises européennes qui fournissaient l’Afrique sont toutes tombées en faillite. Et c’est à ce niveau qu’un industriel sérieux devrait poser la petite question : Question : Pourquoi les fonderies européennes sont-elles tombées toutes en faillite ? Réponse : parce que la France met sur le marché chaque année 600 millions de tonnes de trop. C’est ce trop qui casse tous les prix sur les marchés du monde entier et rend non rentable toute initiative de construction de nouvelle aciérie. Apparemment Dangote, malgré tout son argent, n’était pas au courant de cette information. Son modèle industriel est une forme de spoliation bien structurée du continent africain disposé en plusieurs phrases : Phase 1 : On annonce qu’on veut industrialiser un pays pauvre en construisant une usine, Phase 2 : puisqu’à aucun moment on ne s’est posé le problème de la compétitivité de cette usine avant sa construction, pour qu’elle dure, il ne reste plus qu’une seule solution : corrompre les politiciens et les amener à élever le taux de douane pour rendre les produits importés plus chers et obliger les citoyens à acheter le produit local, trop cher et qui ne présente aucun avantage économique ni pour l’état, ni pour les citoyens, seulement pour l’entrepreneur. Pour éviter de tomber dans ce piège, la royauté saoudienne a éloigné de Aramco, tous les politiciens, tous les fonctionnaires et n’y a laissé exclusivement que les experts en pétrole et en guerre économique. Résultat des courses : La production d’un baril de pétrole par Aramco coute 3 dollars, c’est le cout le plus bas au monde, le tiers du cout nigérian, gonflé artificiellement par le type de loi que les députés Burkinabe ont voté le 18 juillet 2024, octroyant à l’état 15% sur tous les nouveaux projets miniers dans le pays. Que ce soit en comptabilité analytique qu’en mathématiques financières, il existe plusieurs techniques pour manipuler les résultats d’une entreprise et la faire résulter gagnante quand elle perd de l’argent afin de faire monter son cours à la bourse, ou bien de la faire perdre malgré qu’en réalité elle gagne de l’argent, afin de réduire la part versée aux impôts ou à des tiers comme l’état burkinabe avec ses fameux 15% ou le Nigeria avec ses 55%. La solution est de choisir de quel coté on veut se positionner : faire triompher les entreprises privées, et donc, rester du côté américain ou bien, encourager le succès et faire triompher les entreprises publiques, le côté chinois. C’est ça le match auquel nous sommes invités comme Africains à jouer. Si les dirigeants nigérians l’avaient compris, ils n’auraient jamais demandé et obtenu de la Chine un emprunt de 80 milliards de dollars pour moderniser 4 raffineries, car à travers son système, les Etats-Unis ont mille cordes dans leurs sacs pour détricoter tout cela. Les autorités nigérianes, le président Buhari aurait dû demander à la Chine, un prêt concessionnaire de seulement 10 milliards de dollars à rembourser sur 20 ans, pour réaliser la chose la plus importante : chercher, fouiller, explorer et sécuriser pour posséder, les 100% des réserves de pétrole et de gaz du sous-sol du Nigeria. Comme Aramco nous l’a démontré, c’est à ce niveau que se trouve le vrai argent. En 2019, Aramco a réussi à lever 25 milliards de dollars et d'obtenir une valorisation de 1.700 milliards de dollars soit la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire, en mettant sur le marché, moins de 2% de son capital, solidement détenu par le Royaume Saoudien. Pour l’année  2023, Aramco a annoncé de disposer de 251,2 milliards de barils équivalent pétrole (bep) en 2023, c’est-à-dire plus que les réserves combinées d'ExxonMobil, Chevron, Shell, BP et TotalEnergies. Il s’agit de 191,35 milliards de barils de brut et de condensat et 33,8 milliards de bep de gaz naturel. Aramco qui produit plus de 9 millions de barils par jour (mbpj) en avril 2024, selon l'OPEP, a un coût moyen d'extraction de 3,19 dollars par bep en 2023, alors que les dépenses d'investissement en amont s'élèvent à 6,3 dollars par bep. C’est le meilleur coefficient de performance au monde dans le secteur du pétrole. Si Au Nigeria, Shell ou BP annoncent un coût d’extraction 3 fois plus cher, la NNPP, sera obligé d’accepter, mais les raffineries en aval, qu’elles soient de Dangote ou de l’état nigérian, n’aura aucune chance de tenir la concurrence contre Aramco qui a les raffineries de son propre pétrole dans tous les 5 continents surtout en Asie où ont été destinés 82% soit plus des deux tiers du pétrole brut d'Aramco exportés en 2023 vers des clients asiatiques. Tout cela a porté la la capacité nette de raffinage d'Aramco était de 4,1 millions de barils par jour en 2023.  Aramco possède les plus grandes raffineries du monde , comme sa succursale américaine dénommée : Motiva Enterprises, qui est propriétaire à 100% de la raffinerie de Port Arthur, au Texas, d'une capacité de 640 000 bpj, et est la plus grande des États-Unis. Et si depuis 1976, il n’y a plus de construction de nouvelles grandes raffineries aux Etats-Unis, c’est parce que personne ne tiendrait la concurrence de Aramco, qui, pour combler le surplus de demande de pétrole aux Etats-Unis, importe le pétrole manquant directement de ses raffineries en Arabie Saoudite.