La raison tient au fait que c’est compliqué pour nous, africains, parce qu’avec les livres de Davesne, nous n’avons eu à la sortie de l’école primaire que 200 mots. Pourquoi à la sortie de la colonisation, des enfants qui avaient suivi la méthode éducative de Devey (école + travaux manuels), pouvaient-ils utiliser un français de 1600 mots ? Si on peut parler plus particulièrement de ceux employés par l’Ifan de Dakar sous Monod, on peut conclure que ce n’est pas eux qui ont écrit les livres qui leur sont attribués. Dans son discours d’inauguration de l’IFAN, du 24 août 1936, publié à la page 384 du « Bulletin du Comité », à la rubrique intitulée : « Création de l’Institut français d’Afrique noire », l’inspecteur général de l’enseignement et vice-président du Comité, Albert Charton, félicite ceux qui ont « encouragé d’une manière précieuse les études que nous avons demandées à nos collaborateurs indigènes et qui commencent à nous constituer une documentation de premier ordre ». Donc, à l’Ifan, les employés africains doivent se limiter à ce qu’on leur a commandé. On se demande donc, comment Cheikh Anta Diop a pu y travailler toute sa vie à l'Ifan de Dakar comme fonctionnaire français (sous le patron français Monod), sur un thème de l’origine égyptienne des noirs sans que ce thème lui ait été commandé. Et si c’est Monod lui-même qui avait tout écrit ? Et dans ce cas, pourquoi l’aurait-il fait ? Il s’agit surtout des nouvelles mémoires collectives inventées par des spécialistes en manipulation pour la réécriture du passé banalisée et qu’on sait d’avance qu’elles feront l’objet de contestations. Et la diversion peut commencer. En 1942 et 1953, dans la 4e édition des « Conseils aux chercheurs », un petit manuel diffusé par l’IFAN, Théodore Monod écrit ceci : « Efforcez-vous de voir, décrire, de constater : en toute objectivité, en toute simplicité, en toute humilité aussi. Sans « explication » et surtout sans jugements ». En d’autres mots, on ne demande pas aux africains de réfléchir.